Gilles Vigneault et les Charbonniers de l’enfer : Des veillées publiques
Gilles Vigneault et les Charbonniers de l’enfer se sont unis pour faire paraître l’album La Sacrée Rencontre, qu’ils viennent présenter chez nous sur scène.
Sur le CD, le répertoire de notre chanteur national est à l’honneur avec un grand dynamisme, un mariage parfait entre les deux univers. Après une série de sept spectacles en plein air, voici venu le temps de la tournée des salles québécoises. Voir a réuni autour d’une table messieurs Gilles Vigneault et André Marchand, voix/podorythmie dans les Charbonniers.
Quelles sont les circonstances de votre rencontre?
Gilles Vigneault: Ça s’est fait tranquillement et très naturellement. On a commencé à collaborer sur mon disque Au bout du coeur (2004) pour quelques chansons, pour se connaître. Puis à Trois-Rivières, le 5 juillet 2005, les Charbonniers étaient sur une scène et moi sur une autre. Plutôt que de se diviser le public, on l’a mis ensemble pour qu’il soit plus gros! Rapidement, on a fait le programme sur la table de la roulotte, l’ordre des chansons, spontanément, heureux d’être là. Le spectacle a beaucoup plu. On a décidé de le refaire, de se revoir pour le préparer. Puis le disque, c’était dans la logique des choses, à partir des sept représentations données en plein air. Avec mon répertoire, on avait des éléments fondateurs. C’est un partage. Et maintenant, on fait les salles, c’est une grosse tournée.
André, avant de rencontrer Gilles pour travailler avec lui, qu’est-ce qu’il représentait pour vous?
André Marchand: Mon Dieu Seigneur! Je vous dirais qu’autant on chérit la musique traditionnelle et qu’on y évolue depuis une trentaine d’années, autant Gilles Vigneault faisait partie de nous. Le nombre de veillées qu’on a terminées en chantant du Vigneault…! C’était déjà quelque chose qui était dans notre univers.
GV: Après avoir fait le premier disque ensemble, les Charbonniers sont venus chez nous, on a fait une soirée chansonnière avec plein de monde du village. J’ai été étonné de voir qu’ils connaissaient toutes les chansons! Moi, j’écoutais les Charbonniers depuis 2003-2004 en tournée dans la voiture. Je me disais alors que ce serait intéressant de chanter avec eux. Ils chantent des chansons que je chanterais si j’avais une voix…
AM: Je me souviens d’une autre soirée chez Gilles. Autour de la table, il y avait Michel Rivard, Gilles Vigneault, les Charbonniers. On chantait des chansons de Gilles dont il ne se souvenait plus car il ne les avait jamais faites sur scène. On feuilletait le cahier de ses chansons.
GV: Sur 400 chansons, à un moment donné, il en tombe, hein? J’en avais interprété certaines une fois seulement en spectacle.
Comment s’est effectué le choix dans le répertoire de Gilles?
AM: La première fois, à Trois-Rivières, ça s’est fait très vite. Ça m’étonne qu’on ait réussi à monter quelque chose de cohérent dans le peu de temps dont nous disposions. C’est ce qui a été déterminant pour la suite des choses; ça a été tellement organique, ça a décollé.
GV: Attention! Le CD ne représente que deux tiers du spectacle de la tournée. Il faut rajouter un autre tiers.
AM: On avait comme mandat de prendre quelques chansons de Vigneault et de se les approprier, c’est-à-dire de les arranger à la Charbonniers. Je me souviens que la première fois qu’on a fait écouter ce travail à Gilles, il nous a dit: "Les gars, lâchez-vous lousse! Éclatez-vous! Faites ce que vous voulez!"
GV: Je voulais que ce soit différent de quand je les chante moi-même. Ils avaient l’occasion de donner une autre interprétation, un autre point de vue.
Par exemple, la chanson Charlie-Jos est très réussie avec le banjo…
GV: L’idée du banjo, on l’avait déjà, car c’est une chanson country. Tellement country d’ailleurs que Patrick Norman l’a déjà chantée! Les Charbonniers ont à la fois respecté les morceaux et se les sont appropriés. Une chanson, ça a beaucoup de facettes. Par exemple, une dame m’avait dit que dans J’ai pour toi un lac, j’avais écrit exactement ce qu’elle voulait écrire. Mais quand elle m’a expliqué ce que c’était, ça n’avait rien à voir! Je lui ai répondu que si elle avait vu ça dedans, c’est que ça y était!
André, qu’est-ce que vous pensez avoir apporté aux chansons de Gilles?
GV: Et moi, je vais répondre: beaucoup!
AM: On a "traité" le répertoire de Gilles de la même façon qu’on le fait pour celui de la musique traditionnelle, comme quelque chose qu’on aime beaucoup. On a fait un travail assez intense, pendant une semaine, à déterminer quelles chansons on chanterait. On s’est retrouvés dans des formes de mélodies souvent plus contemporaines que celles qu’on explore habituellement. On cherchait un espace dans lequel les Charbonniers pourraient se retrouver.
GV: J’ai été surpris de certains de leurs choix, mais agréablement! La Tite Toune par exemple. Et il y en a une qui est assez récente, Au jardin de mon père; je souhaitais qu’ils la chantent mais je ne leur ai pas dit, et ils l’ont choisie! Ça veut dire que les chansons en question rejoignaient beaucoup de traditionnel, que ça convenait à leur manière. Les Charbonniers chantent souvent a capella, ce que j’eusse aimé faire si mon organe me l’avait permis… Ces chansons-là, avec la pureté de la voix humaine, me touchent particulièrement quand je les entends. La chanson, dans ce temps-là, est en train de rejoindre ses racines profondes. Une chanson, pour moi, part toujours de quelque chose de très profond en nous. [Il se met à chanter un morceau qui semble tout droit extrait du folklore québécois…]
AM: Je ne la connais pas, celle-là…
Après la tournée, allez-vous retravailler ensemble?
GV: Ce sera selon les circonstances. J’ai envie de dire que ce sera le peuple qui décidera, sinon ce n’est pas la démocratie. Il faut savoir à quel jeu on joue.
AM: Une chose est certaine, c’est que le peuple a de la difficulté à s’exprimer. Mais bon, on va en profiter et savourer les moments de tournée.
Gilles Vigneault et les Charbonniers de l’enfer
La Sacrée Rencontre
(GSI Musique)
Le 19 octobre à 20h
À la salle J.-A.-Thompson
À écouter/voir si vous aimez:
Le folklore québécois
La fête
La chanson colorée