Yves Desrosiers : Le dompteur de chansons
Yves Desrosiers met ses chansons au pas sur son nouvel album.
On le connaît pour avoir accompagné Jean Leloup à la glorieuse époque de la Sale Affaire, on le connaît aussi pour son magnifique travail auprès de Lhasa de Sela sur l’album La Llorona qui l’a dévoilée au reste du monde, pour son boulot en compagnie de Richard Desjardins, pour les trames sonores de Saints-Martyrs-des-Damnés de Robin Aubert et du Coeur au poing de Charles Binamé… Bref, on connaît Yves Desrosiers sans vraiment le connaître. Travailleur de l’ombre influent, ce musicien polyvalent est plus souvent qu’autrement resté en retrait, jusqu’à la parution en 2002 de Volodia, un premier album solo en hommage au poète russe Vladimir Vissotski, qui l’a amené momentanément au devant de la scène. Les choses pourraient bien changer avec la venue de Chansons indociles, qui pourrait être considéré comme son véritable premier album solo. "C’est mon premier disque "original", car l’autre, je ne le considère pas comme mon premier album, acquiesce Desrosiers. Traduire l’aura d’un poète russe à travers le français et mettre ça en musique a été un exercice ardu, mais ce n’est pas tout à fait mon travail puisque ce n’est pas moi le poète!"
"Le titre Chansons indociles est plutôt personnel, poursuit le multi-instrumentiste. Si on écoute le disque, on ne va pas trouver que les chansons sont si indociles que ça, mais moi, quand je les faisais, j’avais de la misère à leur faire prendre le chemin que je désirais, à obtenir ce que j’avais dans ma tête, alors je trouvais qu’elles étaient intraitables finalement. Elles étaient un peu comme un cheval têtu qui s’obstine à toujours refuser de prendre le chemin que tu lui indiques. Le mot "indocile" m’est venu à l’esprit, et je me suis dit: tiens, c’est comme ça que je vais titrer l’album: Chansons indociles! Mais j’ai tout de même fini par les dompter, ces chansons!".
Outre trois titres signés par l’auteur de l’album, ces chansons indociles ont en grande partie été écrites par le cinéaste Robin Aubert (à l’exception de Maria, écrite par Bïa). "Pourquoi je ne fais pas confiance à ma propre plume? Disons que je fais déjà beaucoup de choses sur ce disque et qu’on ne peut pas tout faire dans la vie. Écrire pourrait m’intéresser, mais je ne trippe pas plus que ça; moi, c’est surtout la musique qui me parle. Robin Aubert, lui, il aime ça écrire. Un vrai boulimique! Il écrit tout le temps, mais c’est la première fois qu’il s’essaye à la chanson. J’ai dû le coacher un peu au début, mais il a vite compris comment il fallait s’y prendre!" précise celui qui, pour se prêter au jeu des étiquettes, collerait le label "country-folk" à son album. "Comme tous les musiciens, j’ai du mal à catégoriser ma musique. Chansons indociles est un peu un regard sur l’humanité. C’est un album sombre sans la lourdeur ou le tragique, un disque calme et serein".
Yves Desrosiers
Chansons indociles
(Audiogram/Select)
À écouter si vous aimez /
Arthur H, Fredric Gary Comeau, la chanson française