Alfa Rococo : Mettre le cap
Musique

Alfa Rococo : Mettre le cap

Après Les Jours de pluie, Alfa Rococo met le cap sur un ensoleillement graduel qui couvrira le Québec en entier en un rien de temps!

On leur doit le tube de l’été: Les Jours de pluie d’Alfa Rococo a tourné partout avec sa groovy-pop sucrée qui nous promettait des jours meilleurs. Cette pièce ouvre d’ailleurs leur premier album, Lever l’ancre, qui paraissait ce printemps et qui a reçu des fleurs de la critique, des nominations – prix Félix-Leclerc, GAMIQ -, en plus de rallier les radios. Serait-ce le mariage douceur des deux voix, féminine et masculine, qui séduit les tympans? Ou cette apparente légèreté musicale aux accents rétro et électro qui renferme néanmoins des textes d’une profondeur certaine? La réponse se trouve vraisemblablement dans le nom de la formation, dont la personnalité allie flegme et ingénuité.

Lui, David Bussières (le frère de Pascale), a étudié en musique et a été le guitariste attitré des formations DobaCaracol et André, avant de prendre part à la tournée européenne Dralion du Cirque du Soleil. Plutôt sérieux, à son affaire, avec des connaissances poussées en musique, il est le membre alpha du groupe.

Elle, Justine Laberge (soeur d’aucun illustre acteur), est tombée dans le chant comme on glisse sur une peau de banane. Angoissée excessive, elle tergiverse sur son avenir et se fait des cheveux blancs à l’université, après des études en arts et lettres, en massothérapie, et quoi encore. Pour se détendre, elle prend des cours de chant – dont on lui avait vanté les vertus relaxantes. Son "nouvel instrument" lui servira pour des trames sonores publicitaires et comme choriste auprès d’Ève Cournoyer. Spontanée, excitée, toujours souriante, elle est la membre rococo du groupe.

Qui dit duo dit aussi duel, et l’exception ne fut pas faite chez Alfa Rococo, où deux fortes personnalités ont dû calmer leur ego afin de se gréer d’une âme musicale commune. "La dynamique entre nous a beaucoup évolué en cours de route. Au début, on tenait vraiment notre bout et on se prenait la tête relativement souvent", commence David. Le tandem a depuis pris conscience de ses forces et faiblesses. "On se complète bien, assure Justine. David est fort de sa formation musicale, et moi, j’ai peut-être la naïveté ou la spontanéité qu’il a perdues." David confirme: "C’est un couteau à double tranchant d’étudier en musique. Souvent tu perds la petite touche simple et efficace… Tu es amené à beaucoup réfléchir à tout et je tends à me débarrasser de ça."

Cette combinaison se retrouve aussi dans la musique qui, sous des dehors joyeux et festifs, dévoile une inquiétude face aux lendemains. "Il y a une dichotomie, c’est groovy et dansant, mais les textes sont sérieux, voire sombres", reconnaît David à propos des pièces Horribles Gens et Plus rien à faire notamment. "Ce qui m’inquiète, ce sont ceux qui semblent faire abstraction des enjeux mondiaux, qui s’en foutent, qui attendent juste de crever. À ce titre, la pièce Laboratoire traite de toute cette énergie déployée pour détruire plutôt que de construire".

Sur l’album qu’ils ont coproduit, les acolytes ont fait appel à Mathieu Dandurand à la réalisation, en plus d’une dizaine de musiciens chevronnés. "Pour l’album, on voulait vraiment employer la technique du do it yourself parce qu’on a tout ramassé l’argent pour le faire; on voulait vraiment que ce soit à notre goût", conclut David.

Le 24 octobre à 20h
Au Théâtre Petit-Champlain
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À écouter si vous aimez /
Caïman Fu, DobaCaracol, Jean Leloup