Justice : Justice pour tous
Musique

Justice : Justice pour tous

Le duo parisien Justice malaxe les genres sans céder à aucun compromis. Prêts pour une généreuse dose d’"heroic disco"?

Après avoir remixé des artistes tels que Britney Spears, N.E.R.D. et Fatboy Slim et animé les clubs branchés avec son interprétation de We Are Friends de Simian (rebaptisée Never Be Alone), l’inséparable duo Justice, composé de Xavier de Rosnay et Gaspard Augé, causa toute une commotion l’été dernier avec l’accrocheur morceau D.A.N.C.E. En l’espace de quelques semaines, le brûlot se propagea à travers le Web et devint l’un des morceaux les plus téléchargés, tout ça grâce à une poignée de blogueurs et à un précieux outil appelé MySpace. "On ne s’attendait pas à une telle réaction massive en si peu de temps", raconte Gaspard Augé, alias le moustachu. "Aucun de nous deux ne savait ce que le morceau allait provoquer. Il faut dire que c’est le plus accessible du disque. Quand on a décidé de lancer cet extrait, c’était une façon de prévenir les gens que l’album ne serait pas une copie de ce qu’ils avaient déjà entendu, mais une balance entre deux extrêmes: les éléments pop mélancoliques et les éléments plus agressifs."

Et contrasté, leur premier album l’est. Grisant, groovant, convaincant, (Cross, ou Croix si vous préférez) atteignait les bacs des disquaires plus tôt cet été après de longs mois d’attente. Résultat d’un travail en solitaire, l’opus fut concocté dans la chambre de Xavier, puis dans un sous-sol sombre et inquiétant en plein coeur de Paris. "C’était nécessaire de se couper du monde pendant l’enregistrement. C’est sans doute pour cette raison que le disque reflète nos premières influences musicales. L’idée était de concocter notre recette en famille, de collaborer avec des amis et de conserver le contrôle total sur notre produit", affirme Augé.

Ce climat familial et amical règne au sein du clan depuis sa rencontre déterminante avec Pedro Winter (alias Busy P), fondateur de l’étiquette Ed Banger et manager de Daft Punk, celui qui a pris le duo sous son aile et l’a mis sous contrat (sans la moindre hésitation). "On a une relation amicale et non pas de business, et c’est pour ça que ça fonctionne. Lorsque Pedro nous a contactés, le label naissait. C’était une toute petite étiquette régie par trois personnes. On a été chanceux d’être là au début de l’aventure parce qu’on a profité pleinement de la dynamique qui s’installe lors de la création d’un nouveau projet. Depuis nos débuts, notre histoire se résume à d’heureuses coïncidences. On a eu la chance de rencontrer des gens à des moments où on en avait besoin. De plus, on a la chance d’avoir une équipe, un groupe d’amis qui va dans la même direction que nous", souligne l’inconditionnel de Todd Rundgren.

Essentiellement instrumental et agréablement broche-à-foin, témoigne d’une recherche poussée sur le plan des échantillonnages, d’un amour indéfectible pour toutes les musiques (du techno au rock, en passant le lounge et même le R&B) et d’un désir de faire bouger les masses. Comment deux amis ayant grandi au sein de cover bands de Nirvana et Metallica sont-ils devenus des gourous de la dance à grosse basse bourdonnante? "Notre seule ambition était d’arriver à produire des morceaux pop avec le moins de moyens possible. Simplifier à l’extrême le processus de composition et d’enregistrement tout en essayant de tout faire dans notre chambre. C’est devenu de la musique électronique parce qu’on utilisait un ordinateur pour travailler, mais à la base, tout est composé avec un clavier, une basse ou une guitare. Si on avait été d’exceptionnels compositeurs ou des ingénieurs de génie ayant accès à des studios comme ceux des années 70, on ferait aujourd’hui du mauvais Steely Dan! Finalement, je suis heureux de ne pas être si talentueux que ça!"

Le 19 octobre à 21 h (complet) et à minuit
Au Métropolis
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À écouter si vous aimez /
Daft Punk, Digitalism, Simian Mobile Disco