Tori Amos : Femme de tête
Musique

Tori Amos : Femme de tête

Tori Amos ne se contente pas de remettre en question la société sur American Doll Posse, elle engage le combat.

Pour Tori Amos, il est clair que les choses ont beaucoup changé sur le plan politique aux États-Unis depuis l’arrivée à la Maison Blanche de George W. Bush. Selon elle, c’est un peu comme si son pays était retourné loin en arrière, à une sombre époque où seuls les droits des mâles comptaient: "Depuis que la droite est au pouvoir, on a perdu plus de terrain qu’on en a gagné. De nos jours, pour se retrouver en position d’autorité, un individu doit être d’une certaine couleur ou d’un certain genre. Il ne faut pas oublier que le mouvement de la droite est bien organisé et qu’il n’hésite pas à se salir les mains, mais ça ne me surprend pas, je suis après tout la fille d’un pasteur! Ceci dit, je ne prétends pas à grand-chose dans ce monde, car je doute constamment. Je sais jouer du piano et je sais comment le mouvement de la droite chrétienne fonctionne, mais je ne me contente pas de remettre les choses en question. Je les combats, car il n’y a qu’une seule façon de se battre contre la droite, et c’est à travers les idées. Je ne suis pas d’accord avec leur manière de manipuler la religion. Et très franchement, je ne crois pas que Jésus serait d’accord avec leurs idéaux non plus", explique la chanteuse originaire de la Caroline du Nord sur un ton moqueur.

Lorsque Tori Amos a lancé en mai dernier son neuvième album intitulé American Doll Posse, elle voulait avant tout dénoncer les stéréotypes féminins par l’entremise de cinq alter ego musicaux inspirés des déesses grecques (Santa, Clyde, Isabel, Tori et Pip), mais la voilà qui se retrouve aux barricades, encore une fois en train de dire tout haut ce que de nombreux Américains pensent tout bas. Il faut dire qu’elles se font de plus en plus rares, les artistes féminines qui remettent la société en question sur leurs albums: "Il ne faut pas oublier que ce n’est pas facile de se faire entendre et de traverser l’étau que les médias imposent sur les ondes radio. Si on veut vraiment brasser la cage de l’establishment, il faut s’assurer d’être capable de faire entendre son message. Ce n’est pas aussi simple qu’on le pense", souligne Tori. Et elle sait de quoi elle parle: "Si j’étais en début de carrière, je ne suis pas certaine qu’on m’aurait laissé développer le concept d’American Doll Posse. Personne chez Epic n’avait vu la pochette ni entendu l’album jusqu’à ce qu’il soit terminé, et je crois que c’est mieux ainsi", estime-t-elle.

Les règles de l’industrie musicale ont beaucoup changé au cours des dernières années, et il appartient aux artistes de s’adapter, croit la chanteuse: "Il faut évoluer et suivre les changements, sur le plan technologique, par exemple, mais tout en restant soi-même", croit-elle, en précisant que chaque femme peut changer aussi souvent qu’elle veut et même aller jusqu’à embrasser les différentes facettes de sa personnalité. Elle prévient par contre que ce n’est pas toujours facile: "Mon histoire personnelle m’a appris que tout le monde n’est pas ouvert aux changements et généralement, ce ne sont pas les connaissances que ça dérange, mais nos amis proches. Il ne faut pas se laisser prendre au piège qui est de toujours rester pareil pour être rassurant".

Le 21 octobre
À la Salle Wilfrid-Pelletier de la PdA avec Yoav
Voir calendrier Rock/Pop

À écouter si vous aimez /
Fiona Apple, Sarah Slean, Alanis Morissette