Checkpoint 303 : Chansons libres des territoires occupés
Le duo électro Checkpoint 303 flirte avec les cultures occidentale et arabe tout en prodiguant un discours humaniste rassembleur.
Marqués au fer rouge par le conflit au Moyen-Orient et la souffrance des gens de la région, le Tunisien SC MoCha et le Palestinien SC Yosh décident de mettre sur pied le projet à but non commercial Checkpoint 303 (nom inspiré d’un poste de contrôle séparant Bethléem et Jérusalem) afin d’exprimer leurs opinions et de partager leurs créations sur le Web (www.checkpoint303.com). "Dès le départ, l’idée n’était pas de s’enrichir avec ce projet. Pas question de gagner de l’argent en mettant de l’avant un message pacifiste et une cause noble comme celle du peuple palestinien. On désirait créer quelque chose de nouveau afin d’attirer les curieux parce qu’à force d’entendre toujours les mêmes choses, les gens finissent par ne plus rien entendre", confie MoCha.
Combinant un aspect sonore relevant presque du reportage avec des éléments de musique arabe, orientale et occidentale, Checkpoint 303 se démarque de plusieurs de ses contemporains. Défricheur en chef, SC Yosh se rend sur le terrain et capte des sons avec sa petite enregistreuse. De son côté, MoCha découpe, fragmente, triture les sons recueillis afin de produire une toile sonore rythmée et profondément moderne, à l’image de la vie quotidienne de cette partie du monde ravagée. "Dans la mesure du possible, le choix des sons n’est jamais aléatoire. On veut aller chercher différents moments du quotidien de ces gens. Certes, on retrouve des extraits provenant de moments difficiles, mais il y a aussi des épisodes d’humour, de joie, voire d’extase. Ce qu’on désire prouver, c’est que la vie en Palestine n’est pas que misère et souffrance. Il y a aussi de l’espoir et une joie de vivre. C’est important d’en parler, car ça n’intéresse pas les médias, qui ne veulent montrer que des images de guerre", raconte le sculpteur sonore.
Même si le projet demeure profondément activiste, pas question de sombrer dans un discours politique pointu. C’est un message humaniste de justice et de paix qui prévaut au sein du clan Checkpoint. "S’il y a un engagement politique évident dans notre musique, on veut aussi s’éloigner de toute propagande. Il faut faire attention de ne pas être perçus comme étant dogmatiques. On est des musiciens, pas des politiciens."
Récemment recrutés par Robert "3D" del Naja de Massive Attack pour partager la scène avec le collectif de Bristol, les deux complices n’ont pas fini de faire du bruit. À l’affût des nouvelles technologies de diffusion de l’ère numérique, ils souhaitent, l’an prochain, pouvoir offrir un premier album complet (Checkpoint Tunes) en téléchargement libre. "On veut créer une association pour gérer les questions monétaires, et si jamais il y a des surplus, ça ira à des camps de réfugiés ou à des organismes de charité. On sait que ça peut être difficile pour la diffusion ainsi que pour les labels, mais ce qui compte, c’est l’esthétisme global du produit. On veut que les gens écoutent notre message de paix et d’espoir, et si ça peut éveiller des consciences, tant mieux."
Le 26 octobre dans le cadre du FMA
Au Théâtre Corona
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À écouter si vous aimez /
Ramala Underground, Amon Tobin, Matthew Herbert
FESTIVAL DU MONDE ARABE DE MONTRÉAL
Visant à favoriser les échanges foisonnants entre les cultures québécoise et arabe, le FMA récidive avec deux semaines d’activités se déroulant dans cinq salles de la métropole. Catalyseur de rencontres, cette huitième édition mise une fois de plus sur une programmation bigarrée alliant humour, cinéma et musique. Parmi les événements musicaux à inscrire à son agenda, soulignons Slam Okaz, avec la slameuse montréalaise Elkahna Talbi (alias Queen KA), qu’on a pu voir en première partie d’Abd Al Malik plus tôt cet été. Avec son amalgame de rythmes nord-africains, funk, soul, raï et hip-hop, la soirée Groove Arabica II s’annonce… groovante à souhait! Sans oublier Déluge, un événement particulièrement alléchant pour les amoureux de métissages réunissant l’iconoclaste Mercan Dede, le Français Smadj, le bluesman tunisien Mounir Troudi et le percussionniste québécois Abdelwaniss Ajroud. Du 26 octobre au 11 novembre. www.festivalarabe.com.