Daniel Bélanger : Réussir son Échec
Musique

Daniel Bélanger : Réussir son Échec

Avec son plus récent album, L’Échec du matériel, Daniel Bélanger dresse un constat sombre de l’état des choses. Aux premiers balbutiements d’une longue tournée qui le mènera aux quatre coins de la province, l’homme fait le point.

Affable, généreux, calme, compréhensif et comique, voilà quelques mots qui décrivent bien comment est Daniel Bélanger en entrevue. Hyper sollicité en ce début de la longue tournée entourant la sortie de son plus récent effort, L’Échec du matériel – tournée qui a débuté à Montréal et qui le mène à Ottawa, puis partout au Québec jusqu’en 2009 – le populaire auteur-compositeur-interprète se prête au jeu des journalistes sans rechigner, avec le sourire.

C’est que, malgré son énorme popularité, l’homme demeure plutôt discret et n’est pas du genre à défrayer la chronique avec des frasques de toutes sortes. "Y’en a qui me disent qu’ils apprécient le fait qu’on ne me voie pas partout, lance le chanteur de 45 ans. Je ne me vois pas aller faire des recettes de cuisine à la télé alors que je n’ai rien à présenter. Y’en a qui continuent à faire de la promo alors qu’ils n’ont rien à présenter; moi, j’évite ça."

Daniel Bélanger n’a rien d’une vedette et, pourtant, il aurait toutes les raisons de se la jouer. Avec plus de 700 000 albums vendus en quinze ans de "carrière", il a su garder les pieds sur terre… mais toujours la tête pleine de musique. "En dehors de la musique, je n’ai pas d’autres passions. La musique, la composition m’intéressent de plus en plus. Prends l’exemple d’Elvis Costello. Il fut un temps où je ne pouvais pas écouter un album au complet, il me tapait sur les nerfs à la longue. Maintenant, je réécoute mes disques de Costello et je redécouvre ça, mais avec une oreille de compositeur, et là je le trouve hallucinant. Il m’arrive d’aller à New York juste pour aller voir des shows sur Broadway et voir comment fonctionne la mécanique d’un music hall. Donc, je ne suis pas en train de m’intéresser à autre chose; j’ai l’impression que je plonge encore plus dans la musique. En dehors de ça, j’aime lire un livre couché sous le soleil. J’aime voyager, mais, là encore, c’est avec un objectif musical. Tout me ramène finalement à la musique, et je ne m’en plains pas. Je me suis même dit que j’aimerais bien me rendre dans une ville sans objectifs musicaux, juste pour me promener et découvrir, ça changerait peut-être ma perspective!"

AVEC LE TEMPS

Entre Les insomniaques s’amusent et L’Échec du matériel, quinze années se sont écoulées, mais seulement six albums – dont un live – ont été conçus. Daniel Bélanger n’est peut-être pas l’artiste le plus prolifique, mais il sait se faire désirer! "J’ai de la difficulté à prendre du recul sur tout ça. J’ai même de la difficulté à croire que ça fait déjà quinze ans! J’avais jamais pensé que je ferais plus qu’un seul album! Lorsque tu es auteur-compositeur interprète et que tu as un album qui connaît un certain succès, ça te fait travailler deux ou trois ans autour du même projet: le processus de création, le studio, puis la promo et les tournées… C’est long! Et moi, je n’arrive pas à travailler quand je suis en tournée, se défend-il. Je vais composer très souvent dans mon studio-maison; il reste que ce n’est qu’à partir du moment où j’ai une idée d’album que je me mets à composer pour un album. À ce moment-là, je cherche à avoir une cohérence, à avoir une famille d’instruments. Ce qui fait que L’Échec du matériel se rapproche d’un album-concept, puisque plusieurs chansons font des rappels à d’autres".

ASSUMER SON ÉCHEC

L’Échec du matériel… Le titre est assez fort, et révélateur aussi. Sur ce sixième effort, Daniel Bélanger aborde la spiritualité, la vacuité, l’apathie, la simplicité volontaire et l’écologie. C’est à se demander s’il ne nous livre pas ici, de façon très mélodique et poétique, un statement. À moins que ce ne soit un (triste) constat de la société dans laquelle on vit? "C’est un constat, mais j’ai tout fait pour ne pas sortir cet album sous ce titre-là, souligne le concepteur. Encore peu de temps avant sa sortie, l’album devait s’intituler Sports et loisirs, ce qui aurait été plutôt ironique. Mais je trouvais ça un peu lourd, donc L’Échec du matériel comme titre me semblait inévitable, et comme j’ai souvent tendance à dire qu’il faut assumer les choses, eh bien, on l’a sorti avec ce nom et je l’assume!"

Si Daniel Bélanger aime bien s’enfermer seul dans son studio, c’est surtout sur scène qu’il se sent vivre. "Les shows, c’est un peu comme du parascolaire: t’es allé à l’école et maintenant que t’as fait tes devoirs, là, tu peux aller jouer dehors et faire du sport avec tes chums." Ses chums, c’est Dan Thouin aux claviers, Alain Berger à la batterie, Gilles Brisebois à la basse, Joe Grass à la guitare, Alain Quirion au vibraphone et Janice Thompson aux choeurs. "Ce sera une tournée qui ne se terminera jamais, rigole Daniel. J’ai des spectacles prévus jusqu’à mars 2009! Québec, Gatineau, Sherbrooke, Trois-Rivières, Chicoutimi, Sorel, Shawinigan, Alma, Laval, Joliette, Drummondville, Gatineau, Magog, Amos, Rouyn-Noranda, Gaspé, Rimouski… name it, je vais jouer presque partout! Y’a des endroits dont je garde des souvenirs formidables, comme à Gatineau, où je suis allé joué seul avec ma guitare à l’époque des Insomniaques s’amusent et où on m’a si chaleureusement accueilli, ou au Vieux Clocher de Sherbrooke, au Nouveau-Brunswick… Et y’a le Métropolis de Montréal, bien entendu! (où il lançait son album au printemps dernier avec un concert gratuit) Évidemment, ce ne sera pas du tout le même show que celui de mon lancement. J’ai changé l’ordre des chansons, j’en ai ajouté, j’en ai retiré… Il faut trouver un certain dénominateur commun dans les arrangements pour que les vieilles chansons s’intègrent bien aux nouvelles. Je tiens aussi à garder une bonne place à l’improvisation. Visuellement parlant, ça sera encore quelque chose de spécial. On cherchait une ambiance particulière pour ce spectacle et là je pense qu’on l’a trouvée, mais je n’en dirai pas plus! Il ne faut jamais cesser d’être créatif, quoi."

Le 2 novembre
À la Salle Southam du CNA

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CARNET DE ROUTE

Que pense Daniel Bélanger des blogues, de Myspace, du piratage et de l’avenir de l’industrie du disque, de la spiritualité, de l’écologie, de la politique, du bio et de plein d’autres affaires le fun? Quel est son album préféré? Son film favori? Aime-t-il les voyages? Daniel Bélanger a toutes les réponses à ces merveilleuses questions et davantage! Durant toute la tournée, à coups de petits extraits vidéo sporadiques, vous pourrez en savoir plus sur l’homme et l’artiste en vous connectant au www.voir.ca/danielbelanger. De plus, après chaque concert, Daniel Bélanger ajoutera quelques lignes; un billet d’humeur qui se transformera en carnet de route et que vous pourrez lire en exclusivité sur notre site! Il vous sera aussi possible d’écouter l’album et de consulter sa volumineuse fiche d’artiste. La totale!