Daran : Les temps modernes
Musique

Daran : Les temps modernes

Daran impose son dernier disque dans son intégralité sur la scène. Un chapitre marquant dans la carrière du chanteur.

L’adaptation sur scène de l’album Le Petit Peuple du bitume s’est faite sans heurt. Soigneusement écrit et arrangé, il est interprété chronologiquement et dans son intégralité en première partie du nouveau spectacle de Daran, qui a inscrit dans le subconscient du groupe ce répertoire avec la minutie d’un chef d’orchestre. Monter sur la scène et l’interpréter est maintenant une formalité pour la troupe. Ne restait plus qu’à revoir la seconde partie du spectacle pour satisfaire le chanteur italien d’origine. "Nous avons fait peau neuve pour la deuxième partie, indique-t-il. C’était un peu disparate vu l’intensité contenue à l’intérieur du Petit Peuple. Il fallait respecter le ton musical. Nous avons revu les arrangements musicaux pour faire beaucoup plus qu’une simple mosaïque de chansons. L’idée de faire simplement un survol en bloc du matériel précédent donnait à mon avis un résultat assez fade. Maintenant, la deuxième partie rend justice à la première."

Rendre justice, c’est le terme. Ce dernier opus (son sixième) tranche avec le précédent, Pêcheur de pierres, avec sa direction musicale cohérente, moins éparse, et une sélection de textes judicieux, écrits en majorité par Pierre-Yves Lebert, où la justice semble être au coeur d’un portrait fatidique. "J’ai toujours aimé comprendre les choses et je m’intéresse à la politique, explique Daran. J’aime voir comment ça marche. Par contre, j’endosse le rôle d’un observateur, celui qui constate avec du recul, alors que d’autres hurlent leur message. Donner la leçon ou faire la morale, il n’en est pas question. Quand je regarde les textes du Petit Peuple, oui, il y a un côté politique et engagé, mais j’y vois beaucoup d’humour. Pierre-Yves arrive toujours à faire ce genre de pirouette à l’intérieur d’un texte qui ne peut que faire rire. C’est peut-être surprenant, mais on a beaucoup ri lors de l’écriture du disque."

En parfait équilibre entre la résistance et le confort d’une carrière accomplie, Daran semble mettre de côté tout le lot de mauvaises expériences que l’industrie de la musique peut imposer à un artiste. Maintenant aux rênes de ses productions, c’est la création qui l’emporte sur l’ambition. "Dans ma situation, on pourrait dire que j’ai fait la boucle, constate-t-il. Mon parcours m’a amené dans certaines directions, je les ai empruntées, et puis maintenant j’en suis à faire ce qui me plaît. C’est une forme d’indépendance, mais il s’agit surtout de bien s’entourer. Tous les autres impératifs, comme la radio par exemple, c’est terminé pour moi."

Il porte tout de même un bref coup d’oeil, de biais, sur la scène française qu’il voit se transformer au gré des nouvelles tendances. Une scène qui émeut plus ou moins celui qui vient de collaborer avec Maurane. "La France semble avoir le vent en poupe en ce moment. Il y a un virage qui s’est amorcé avec les Thomas Fersen et Bénabar, par exemple. On voit maintenant des chanteurs comme Renan Luce apparaître. Il y a une effervescence, mais… ce n’est pas vraiment ma tasse de thé." Les temps changent, mais pas Daran.

Les 31 octobre et 1er novembre à 20h
Au Théâtre Petit Champlain
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À écouter si vous aimez /
Christophe Miossec, Noir Désir, Alain Bashung