Dave Gahan : Mode vieillesse
Dave Gahan, l’âme de Depeche Mode, ressurgit avec un deuxième disque solo où spontanéité et introspection s’entrecroisent.
Installé à New York depuis maintenant dix ans, Dave Gahan est un homme serein. Tout au long de l’entretien, il ne cessera de mentionner l’importance de sa compagne, de ses enfants et de sa ville.
Situé aux abords de l’une des artères les plus mouvementées de la Grosse Pomme, le studio de Gahan a servi de terrain de jeu pour l’élaboration de Hourglass. Pas surprenant que le climat new-yorkais transpire autant sur ce nouveau-né. "Il y a quelque chose à propos de cette ville qui est extraordinairement excitant, mais en même temps tout à fait détestable. Lorsque je suis éloigné de New York, je m’en ennuie et lorsque j’ai les deux pieds dedans, je passe mon temps à crier après les chauffeurs de taxi! Pourtant, je ne m’imagine pas un seul instant quitter cette ville. Je suis parfaitement confortable. On dirait que le temps passe plus vite ici qu’ailleurs dans le monde. C’est parfois essoufflant, mais drôlement inspirant", explique le leader de Depeche Mode.
Cette fuite du temps, on la retrouve au coeur de plusieurs titres de Hourglass alors que Gahan flirte avec des thèmes pas très jojos tels que la mortalité et la vieillesse. Si Paper Monsters, son premier album, mettait de l’avant cette idée de lutte contre des démons intérieurs, Hourglass traite essentiellement de la difficulté de vieillir. "Je n’ai plus de temps à perdre, j’en suis conscient. Je sais que je n’ai plus 25 ans et que je dois mettre mon passé derrière moi. Pour cet album, je devais accepter qu’il m’est impossible de vivre dans un univers à la Peter Pan et revenir en arrière. Cet album, c’est une réflexion à voix haute, une prise de conscience."
Entouré de Christian Eigner, le batteur de tournée de Depeche Mode ainsi qu’Andrew Phillpott, le bidouilleur de service du groupe, Gahan a concocté sa nouvelle mixture en huit semaines à peine. Pas nécessairement reconnu pour sa productivité, Gahan considère qu’il était temps de faire les choses autrement. "Si on avait passé plus de temps en studio, on se serait mis à broder inutilement, à regarder de trop près ce qu’on avait accompli. J’aime penser que toutes ces idées sont venues au cours de la même période, et ce, tout à fait spontanément. Dès le départ, l’urgence était de mise et le but était d’arriver avec un produit imparfait, peut-être même un peu raboteux. Avec Depeche Mode, tout est structuré, précis, bien à sa place et je ne voulais pas emprunter cette route une fois de plus."
Plus foncièrement électronique que son prédécesseur, l’opus s’aventure dans des contrées ambiantes et dansantes évoquant les dernières productions de son groupe. Disciple de Pro Tools, Gahan a choisi d’utiliser la technologie moderne afin de produire des textures raffinées et de procurer de l’émotion à ses compositions. "Présentement, on dit beaucoup de choses négatives à propos de la musique électronique, mais ce que je revendique et ce qui me pousse à poursuivre mon processus créatif, c’est la liberté d’explorer différentes atmosphères. Pour ce projet, je n’avais aucun guide et ça m’a permis de prendre des risques tout en utilisant les éléments électroniques et la technologie de façon limpide. Je crois avoir accompli ma mission."
Dave Gahan
Hourglass
(Virgin/Mute/EMI)
En magasin le 23 octobre
À écouter si vous aimez /
Depeche Mode, Camouflage, Blaqk Audio