Joseph Arthur : Tout sauf libre
Joseph Arthur termine sa tournée au Québec avant de retourner en studio pour compléter un disque solo.
C’est à croire que Joseph Arthur s’est laissé séduire par le Québec. Depuis l’été dernier, ses passages dans la province se multiplient et son travail de peintre le suit jusqu’à Montréal, où il a pris la peine de s’installer pendant plus d’une semaine pour monter une collection de 12 tableaux, exposée au mois d’octobre au Kop Shop.
L’artiste évolue encore dans cette discipline qu’il conjugue à la musique sans aucune prétention. Son esthétique se concentre sur la forme, résume-t-il, comme sa musique qui s’opère dans une formule pop. Une façon de définir son travail de créateur, mais deux disciplines conjuguées en spectacle, où il s’adonne au live painting, un exercice qu’il semble avoir adopté avec philosophie. "Au départ, j’étais stressé par la pratique elle-même et par la perception des gens, se rappelle-t-il. Qu’est-ce que je vais faire? Est-ce que ce sera trop long? Maintenant, ce qui me stresse, c’est lorsque je suis dans un espace superficiel avec des contraintes de temps, comme la télévision pour ne pas la nommer. La seule motivation qui m’amène à faire de la peinture sur scène, c’est de pouvoir donner une autre perspective au public. Je crois que la performance autant que l’image peuvent amener les gens ailleurs avec la musique."
Depuis l’ouverture, l’été dernier, d’une galerie d’art à Brooklyn, une fête mémorable qu’il a célébrée avec plus de 600 personnes, l’artiste a maintenant une résidence officielle pour ses oeuvres. Le MOMAR (Museum of Modern Arthur) accueillera aussi d’autres artistes qu’il se promet de choisir lui-même lors d’une pause de spectacles. Une collection qui fera fi des critiques, on peut s’en douter. "Je m’en fous. Je n’aime pas mettre trop d’attention là-dessus. J’aime beaucoup plus regarder le travail des autres. Je ne suis pas critique, je me laisse la plupart du temps influencer par les oeuvres. C’est très inspirant d’être touché, ça nous pousse à vouloir essayer la même chose, et par la suite on trouve ce qui nous distingue. Mon travail est honnête parce qu’il tire son origine de zones profondes. Je vais très loin, au risque de me perdre. Quand une oeuvre est nourrie par cette recherche de soi-même, les critiques auront beau décider que c’est génial ou que c’est de la merde, ils ne changeront pas la réaction que peut avoir un individu en face d’une toile. C’est ce qui reste. D’être troublé ou encore émerveillé, c’est tout ce qui m’importe."
Après une aventure avec les Lonely Astronauts – ce qui est aussi le nom de son étiquette de disques créée pour l’occasion avec l’album Daydream Nuclear –, l’auteur-compositeur-interprète travaille maintenant sur un projet solo qui fera suite au travail accompli sur l’album Our Shadows will Remains. Un retour aux sources après trois années de travail pour acquérir une indépendance que plusieurs convoiteraient. "Il n’y a pas de liberté dans cette décision, indique-t-il. Être libre, c’est… être détaché de tout. C’est l’équilibre ultime entre ce que nous sommes et le vide. On n’a plus besoin de rien faire au stade de liberté. Si on regarde ce que j’entreprends en ce moment, je crois que je suis à l’opposé d’un homme libre. Je suis emprisonné dans ces conditions. La liberté, c’est bouddha… Avec un gros sourire!" Une autre quête en perspective? "C’est une idée intéressante; l’histoire d’une vie", conclut-il en riant.
Les 27 et 28 octobre à 20h
Au Théâtre Petit-Champlain
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À écouter si vous aimez /
Neil Young, The Good, the Bad and the Queen, Sufjan Stevens