Bran Van 3000 : Rose bonbon
Musique

Bran Van 3000 : Rose bonbon

Le collectif Bran Van 3000 renaît de ses cendres après une absence prolongée de sept ans. Rencontre avec le cerveau du clan, James Di Salvio.

Presque dix ans après la parution du célèbre Glee, James Di Salvio et ses acolytes rebondissent avec Rosé, une troisième galette aussi colorée qu’éclectique réunissant plusieurs membres originaux de Bran Van 3000 dont Steve "Liquid" Hawley, Stéphane Moraille et Sarah Johnston. Certainement l’album le plus chill de BV, Rosé confirme que Di Salvio et ses acolytes n’ont pas encore vidé leur sac d’idées. Au fait, pourquoi ce titre? "J’aime le concept derrière ce mot, la couleur est intrigante. Pour moi, lorsqu’on parle de rose néon, je vois des gens en transe sur une piste de danse. Dans ma tête, le rosé représente un groove plus relax et downtempo. N’ayant aucune formation musicale, c’est cool que je puisse parler musique en termes de couleurs. Je m’amuse à dire à mes amis: "Tu pourrais mettre un peu de bleu ici? Et de mauve là? N’oublie pas le rose ici!"" rigole Di Salvio, joint à sa chambre d’hôtel de Miami.

GRANDE FAMILLE

Après avoir flirté un moment avec Grand Royal, le label des Beastie Boys qui rendit l’âme peu de temps après la sortie du deuxième album de la formation, Discosis, en 2001, chaque tête pensante du collectif a pris ses distances et vaqué à ses occupations. Les années ont passé et les rumeurs de dissolution se multipliaient, mais Di Salvio, catalyseur de talents, gardait espoir de bosser à nouveau avec des membres de la famille Bran Van. "Après Discosis, on était fatigués et on a décidé de faire une pause, après avoir été sur la route pendant trois ans. C’était inévitable. Tu sais, un sound system comme BV nécessite beaucoup de moyens, et comme dans toute bonne famille, il y a parfois des mésententes. Après un an et demi, on s’est revus et on a découvert que la magie d’antan était préservée. C’est drôle et impossible à décrire vraiment, mais on dirait que Bran Van est encore plus fort aujourd’hui qu’il y a dix ans", raconte l’ancien D.J. montréalais.

Échafaudé dans la ville des stars, enregistré à Santa Barbara, Las Vegas et L.A. et mixé à New York, Rosé réunit, une fois de plus, une belle brochette de collaborateurs dont Fat Lip, Max-a-million et Swanza. À la croisée des styles, aussi éclaté que les précédentes parutions du combo, l’opus reflète bien l’esprit bouillonnant de la Côte-Ouest américaine avec ses relents hip-hop et ragga. "On a construit les morceaux du point de vue d’un beatmaker qui a l’attitude d’un M.C. Tu sais, un album qui m’a profondément marqué, c’est The Chronic de Dr. Dre. Au fil des ans, j’ai découvert à quel point cette galette m’avait inspiré parce que, dans mon esprit, ce gars-là fait des films, et cet album, c’est un véritable gangster movie. Pour moi, un mixtape est l’équivalent d’un film et j’ai toujours considéré que les albums de Bran Van étaient des espèces de mixtapes bâtards", explique le volubile James dans un élan d’enthousiasme.

Dans un autre ordre d’idées, si Glee, le premier effort du collectif, se voulait une célébration de la vie et Discosis, une ode à la piste de danse, la version 3.0 de Bran Van trouve ses racines dans le dépaysement, les grands espaces. "Pour la première fois de ma vie, j’ai voyagé pendant plus d’un an et ça a déteint sur les chansons. Je crois que les thèmes principaux, c’est le désir d’évasion, le voyage, l’éloignement jusqu’à un certain point car je parle encore de Montréal (dans Mon Réal). C’est un disque de rencontres avec une vibe positive." Puis, sans avertissement, le Bran Man devient silencieux et poursuit, quelques instants plus tard, avec un filet de nostalgie dans la voix. "Tu sais, je m’ennuie vraiment de Montréal. J’ai cette ville dans les veines. Même si on n’y a plus de port d’attache, je ne pense pas que Bran Van puisse être autre chose qu’un groupe montréalais. Je sais que lorsque je serai de retour, ce sera encore plus délicieux et wild! Attendez-vous à ce qu’on fasse du bruit!" Non, vraiment, Bran Van n’a pas dit son dernier mot.

Bran Van 3000
Rosé
(Big Fat Truck/Remstar)

À écouter si vous aimez /
Basement Jaxx, Deee-Lite, Dr. Dre

ooo

C.V.

Formé en 1995 par le D.J. et cinéaste montréalais James Di Salvio, Bran Van 3000 frappe un grand coup trois ans plus tard avec la parution de Glee, un premier album aussi déjanté que décousu. Audacieux collage d’éléments pop kitsch, techno et hip-hop, l’opus renferme le célèbre simple Drinking in L.A. et rassemble une poignée d’artisans de la scène locale dont un certain Jean Leloup. Misant sur la sophistication, la bande de Di Salvio accouche en 2001 de Discosis, une galette touffue et encore plus accomplie que son prédécesseur. Ayant une portée internationale indéniable (avec l’ex-Cars Ric Ocasek aux commandes et la participation de Youssou N’Dour et Big Daddy Kane), Discosis ne déçoit pas l’amateur, mais ne remporte pas le succès escompté. En 2006, alors qu’on ne donne pas cher de la peau de Bran Van, le combo sort de son hibernation et annonce qu’il travaille sur de nouvelles compositions. Réunissant huit membres originaux, Rosé, le troisième compact du clan, voit enfin le jour en octobre 2007.