Didier Boutin : L’amour asexué
L’inclassable Didier Boutin nous présente ses réflexions sur l’amour, le sexe et l’affection.
Dans le paysage de plus en plus coloré de la "pop" québécoise, Didier Boutin fait toujours figure d’ovni. Cet épicurien multi-instrumentiste et adepte du "do it yourself" ne semble jamais s’en faire avec la vie et encore moins avec sa "carrière musicale". Alors que d’autres prennent ça tellement au sérieux, lui fait sa musique à la cool et sans prétention, en dilettante. Ça donne des albums charmants, remplis d’une belle naïveté, de réflexions sur la vie, les gens et, cette fois-ci, surtout sur l’amour et le sexe. "Pourquoi le titre L’amour n’a pas de sexe? Tout simplement parce que sur ce disque, y’a plein de chansons qui parlent d’amour et de sexe. Une sorte de patchwork. J’avais envie de m’amuser avec ça parce que c’est une suite du précédent album (Sans le malheur, le bonheur c’est triste) qui était très introverti. J’ai composé comme ça des chansons tout seul à la guitare, et elles tournaient toutes autour de l’amour et du sexe. Je me suis dit que puisque ça sortait naturellement, c’est que c’était sans doute plus authentique, plus moi. C’est un constat, par rapport à mon âge, que l’amour, c’est dur et que tu as moins envie de sexe et plus le goût de rencontrer l’âme soeur et de relaxer un petit peu", avoue candidement Didier Boutin, attablé devant un bol de soupe dans un petit café du Plateau. "Je m’amuse avec ça. Des fois c’est tellement triste que c’en est drôle. Donc je prends le côté vraiment ludique, je m’arrange pour rendre ça plus léger. Dans les couples qui vieillissent, y’a plus de sexe. Pourtant, des amis ont tenté de me faire admettre que dans l’amour, y’a toujours deux sexes, que ce soit un garçon et une fille, deux garçons ou deux filles… Oui, d’accord… Mais moi, ce que je veux dire, c’est que l’Amour n’est ni Il, ni Elle. Si l’amour est roi, le sexe n’est que son valet. Mais les deux sont indissociables. C’est sans doute mon côté enfantin romantico-poétique qui ressort. Tu sais, c’est venu tellement spontanément tout ça que je n’ai jamais vraiment réfléchi au pourquoi du comment."
Le nouvel effort de ce Français expatrié au Québec depuis des années poursuit le chemin tracé par ses deux précédents disques, Sans le malheur, le bonheur c’est triste (2004) et Les Choses simples (2000). C’est-à-dire une pop plus française que québécoise, où rock, électro, chanson et certains rythmes dansants se croisent dans une ambiance très décontractée. "Ça fait 17 ans que je vis ici, mais je me sens encore comme si j’étais en voyage. J’aime cette sensation d’être un touriste. C’est pour ça que dans le disque je remercie les Québécois qui m’inspirent. Je suis toujours un petit sur un fil fragile entre le Québec et la France et ça, je ne peux pas le sortir de moi. Je me sens plus comme un gars d’ici, mais je ne peux certainement pas nier ou taire mon côté français", précise Didier Boutin avant de poursuivre: "Ce disque, je l’ai fait pas mal tout seul, tranquille à la campagne à Saint-Zénon. C’est comme un petit voyage de 35 minutes en train. Y’a différents paysages, différentes couleurs et surtout, ça ne sera pas compliqué pour transposer ça sur scène!"
Le 8 novembre à 20h30 avec Les Amis au Pakistan
Au Cabaret du Musée Juste pour rire
À écouter si vous aimez /
Fred Poulet, Thomas Fersen, Jérôme Minière