Marie-Annick Béliveau : La voix du sans maître
Musique

Marie-Annick Béliveau : La voix du sans maître

La mezzo-soprano Marie-Annick Béliveau chantera l’une des oeuvres mythiques du 20e siècle, le fameux Marteau sans maître de Pierre Boulez. Une rare occasion de l’entendre en concert!

En mars dernier, Marie-Annick Béliveau tenait le rôle-titre lors de la création, à l’Opéra national de Montpellier, de l’opéra Rimbaud, la parole libérée, de Marco-Antonio Perez-Ramirez sur un livret de Christophe Donner. "C’est toujours très stimulant de voir le contexte dans lequel les créateurs travaillent là-bas, explique-t-elle, et les moyens qu’ils ont. Pour cette création, nous avons eu quatre semaines de répétitions avec décors, costumes, musiciens, etc. Pour une création! Le message que les compositeurs reçoivent, c’est que ce qu’ils font est important. Lorsque je reviens à Montréal, ce serait facile de sombrer dans la morosité en constatant les difficultés qu’on rencontre ici, mais il y a beaucoup de projets comme Le Marteau et, dans le fond, les moyens, la grosseur de la salle et tout ça, c’est une chose, mais ce n’est pas l’essentiel."

À Montréal, on a pu entendre Marie-Annick Béliveau à l’ECM (Microphone Songs de Michel Gonneville), au NEM (Lost, de Fausto Romitelli) ou avec le Quatuor Molinari (Beauty and the Beast, de R. Murray Schafer) et dans plusieurs concerts de l’Ensemble Kore. Cette grande interprète de musique contemporaine est aussi choriste au sein du Studio de musique ancienne de Montréal (SMAM), et la dualité ancienne/contemporaine trouvait sa résolution en début de saison alors que le SMAM était invité à chanter la musique de Claude Vivier dans un concert de la SMCQ! La SMCQ avait déjà contribué à nous faire connaître la superbe voix de la mezzo-soprano grâce à un disque consacré à des oeuvres de Claude Vivier sur lequel on peut entendre son interprétation de Wo bist du, Licht! (disques Atma, prix Opus 2002 du disque de l’année, musique contemporaine). La voici qui se lance dans l’une des oeuvres les plus difficiles du répertoire contemporain avec un ensemble sans nom… "En fait, il s’agit d’une production de la société Codes d’accès, et c’est ça qui est fantastique. Nous étions quelques-uns à penser au Marteau sans maître, et puis on s’est dit: "Allez, on le fait!". Alors on a organisé un horaire de répétitions (nous avons commencé à répéter en mai!) et on espère que les gens viendront. Ces concerts dans lesquels on a vraiment une envie personnelle de s’investir, ce sont ceux qui donnent le plus de satisfaction."

L’oeuvre de Boulez, sur des textes de René Char, date de 1955, mais ce n’est qu’en 1985 que l’Ensemble de la SMCQ, sous la direction de Serge Garant, l’a fait connaître au public montréalais, et on ne l’a pas entendue souvent depuis! Pour livrer cette musique très complexe, la chanteuse sera appuyée par de solides collègues: Marie-Hélène Breault (flûte alto), Corinne René (percussions), Étienne Guérin (guitare), Philip Hornsey (vibraphone), Marie-Ève Lessard (alto) et Catherine Meunier (xylophone), l’ensemble étant sous la direction de Cristian Gort. Aussi au programme, des oeuvres en création de Charles-Alexandre Corbeil et Alexis Lemay et une pièce de Toru Takemitsu. Un rendez-vous à ne pas manquer!

Complètement Marteau!!
Les 8 et 9 novembre, 20 h
Au Théâtre La Chapelle
Rés.: 514 843-7738