Marie-Jo Thério, Nicolas Jobin et son Consort contemporain de Québec : En avant la musique!
Marie-Jo Thério part à l’aventure, invitée par Nicolas Jobin et son Consort contemporain de Québec. Mariage pop et classique, alliance de deux bêtes créatives et scéniques. Trois soirs seulement.
Dans le programme de Coup de coeur, on indique: "Le Consort contemporain de Québec invite Marie-Jo Thério". La nuance est de taille. C’est l’orchestre classique qui dirige, choisit, propose, et l’invitée qui accepte – ou non. À discuter avec le chef d’orchestre et compositeur Nicolas Jobin et Marie-Jo Thério, réunis autour d’un couscous, on comprend aisément que le grand manitou, c’est Jobin. Et que Thério se réjouit de se laisser porter par les idées d’un autre. Depuis quatre ans, le jeune homme se fait plaisir et sélectionne les artistes qui l’allument, lui, d’abord et avant tout: Pierre Lapointe, Loco Locass, Fred Fortin et, cette année, Marie-Jo Thério. L’éclectisme règne, l’ébullition aussi. Ça frémit dans l’air, au fur et à mesure que se prolonge la discussion.
Nicolas, comment présenter le Consort contemporain de Québec en quelques mots?
Nicolas Jobin: "Le Consort a deux missions principales. La première est de donner une tribune à la musique classique contemporaine, en la restituant dans son contexte de création. Ça peut se faire avec humour ou drame, mais toujours avec beaucoup d’interaction avec le public. On fait aussi appel au multimédia. Notre deuxième mission, c’est de démystifier la musique contemporaine en allant chercher des artistes de la musique populaire dont les mélodies et les textes sont connus."
C’est la quatrième année que le Consort crée un tel mariage… Qui fait les choix?
N.J.: "Je suis le fondateur du Consort. Je consulte les membres, mais c’est moi qui suggère. Ensuite, on propose à Coup de coeur…"
Marie-Jo, ta réaction à la proposition de Nicolas?
Marie-Jo Thério: "C’est une opportunité délicieuse, de celles que j’attends. Mais en même temps, ce n’est pas du domaine de l’inconnu que d’essayer de me détricoter pour entrer dans un autre univers. J’ai besoin de me remettre en question, de me trouver des souplesses, des malléabilités. Me faire nomade pour explorer des tas de trucs. Le frottement avec la musique classique m’intéresse. Nicolas et moi, on se rejoint dans le désir de décloisonner les choses. C’est presque un travail d’acteur que de s’intégrer dans une proposition. Je ne sais pas du tout à quoi m’attendre."
Nicolas, quelle image avais-tu de Marie-Jo avant de la rencontrer?
N.J.: "Celle d’une artiste entière, qui avait une vision et mettait tout en branle pour y parvenir."
Tu me parlais, à micro fermé, du côté sensuel de Marie-Jo… (éclat de rire de la chanteuse)
N.J.: "C’est la première femme avec qui on travaille. Ça se sent en musique, lorsqu’il s’agit d’un homme ou d’une femme. La musique classique contemporaine, souvent conçue comme pompière, peut aussi se montrer sensuelle, fragile… Pour ce spectacle-là, tout va être suggéré, il n’y aura pas de grand travail multimédia. On essaie de ne pas imposer de vision, afin que chaque spectateur ait vu un spectacle différent."
Marie-Jo, est-ce qu’il y a des chansons que tu rêverais de pouvoir reprendre dans cette formule?
M.-J.T.: "Je ne sais pas encore quelles chansons sont au répertoire. C’est plus intéressant pour moi de laisser aller la bride que de suggérer des titres. Je ne dirais pas que c’est leur spectacle, mais c’est le contexte qu’ils proposent…"
Quelles sont les limites d’une telle formule?
N.J.: "Je ne pense pas que ce soit un succès assuré, car on offre un panorama tellement vaste que c’est sûr que certains éléments ne vont pas plaire. On aime alimenter les discussions. Le public vient nous voir après et il nous dit: "J’ai adoré cette pièce-là, mais ça, c’était un peu bizarre!" (rires de Marie-Jo). Un dialogue s’ouvre, et ça fait partie de la démocratisation des arts."
M.-J.T.: "Ce type de spectacle, ça crée des moments intenses, vivants."
N.J.: "La fragilité, ça se communique au public. C’est particulier pour l’artiste de se recentrer à l’intérieur d’une structure. Pour nous, le fait que l’artiste soit sur le bout des pieds, il faut qu’on soit prêts à le rattraper."
M.-J.T.: "Là où on est capable de se rattraper, avec le Consort, c’est qu’on a des notions musicales, on peut se donner des points de repère. Mais l’expérience est risquée et merveilleusement dangereuse."
N.J.: "On veut apporter ce côté casse-gueule qui mène à une écoute assez exceptionnelle entre les musiciens et l’artiste invité. On espère que ça se transmette bien. Les gens réapprivoisent l’artiste, le redécouvrent."
Le 9 novembre à 20h
Au Palais Montcalm
À écouter si vous aimez /
Pierre Lapointe, Léo Ferré, le métissage musical