múm : Les premiers flocons
Musique

múm : Les premiers flocons

La formation islandaise múm perd un membre, en gagne cinq et lance un quatrième album lumineux.

Fin octobre, au coeur de l’Islande, le festival Iceland Airwaves vire la ville à l’envers et témoigne de la formidable ébullition musicale d’une île belle à couper le souffle. Un peu comme au Pop Montréal, Reykjavik convie son lot de vedettes internationales (Of Montreal, Bloc Party, Chromeo, Buck 65) en réservant une place de choix aux groupes locaux. Parmi ceux-ci, avec Sigur Ros et Emiliana Torrini, múm fait figure de star. "Cette année encore, c’était une formidable édition. On a joué au musée d’art (NDLR: une salle improvisée qui ressemble à un paquebot tout blanc) juste avant de s’envoler vers la Californie pour amorcer notre tournée nord-américaine", raconte Örvar Smárason, une main sur le cellulaire et un oeil sur les opérations de chargement des instruments.

Il y a un mois, múm lançait son quatrième effort, Go Go Smear the Poison Ivy, probablement son plus pop depuis les tout premiers débuts il y a 10 ans, une impression qui vient aussi du fait que jamais le groupe n’avait autant chanté sur un album (souvenons-nous de Yesterday Was Dramatic Today is OK, premier opus presque sans voix). "On n’essaie pas consciemment de devenir plus pop ni d’éviter ça à tout prix. À vrai dire, on ne s’empêche pas de faire grand-chose. Tout à coup, on a eu envie de chanter, alors…"

Désormais, les voix ne sont plus assurées par la nymphette Kristín Anna Valtysdóttir, qui a quitté le groupe. Un joli choeur masculin/féminin lui succède au micro, un des nombreux changements survenus en cours de route. "C’est comme ça depuis le début: avec nous, les choses changent sans arrêt. Au départ, il y avait Gunnar et moi. Ensuite les jumelles Valtysdóttir sont arrivées. Puis Gya est partie, et sa soeur a suivi… Maintenant, nous sommes sept! Les nouveaux membres sont tous islandais, sauf notre batteur, un Finlandais; c’est une très petite communauté."

Go Go Smear the Poison Ivy fut enregistré dans des endroits inhabituels: une école de musique aux abords d’un fjord dans l’ouest du pays, sur l’île de Nötö en Finlande, dans le phare où avait été capté Summer Make Good, l’album le plus noir du groupe à ce jour. "On n’avait pas envie d’un autre album aussi sombre. Go Go… brille plus. Le processus de création fut sain, ouvert et agréable", révèle celui qui mène également une carrière d’écrivain dans son pays.

Malgré ces nombreux remaniements, le noyau de la formation à géométrie variable reste inchangé. "múm, c’est davantage une énergie qu’un ensemble défini de personnes." Une énergie à la fois embrumée et scintillante, qui entremêle mélancolie vaporeuse et candeur enfantine. Une vibration tout à fait accordée à cette terre de lave, de magma et de glace au coeur de laquelle des fantômes de Vikings valsent avec les walkyries. Extrême délicatesse, austérité, une touche de nordicité: en somme, l’image même de l’architecture de la capitale Reykjavik et ce je-ne-sais-quoi qu’on apprécie tant chez les groupes islandais.

Le 3 novembre, avec Hauschka et Tom Brosseau
Au National
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À écouter si vous aimez /
Sigur Ros, Vespertine de Björk, Amiina