The Weakerthans : Élan d’empathie
The Weakerthans nous ont fait patienter, mais frappent une fois de plus au coeur avec leur nouveau compact: Reunion Tour.
Il y a ces artistes capables de lancer un album à chaque année, et il y a ces groupes dont les fans doivent s’armer de patience, comme The Weakerthans. Quatre ans après la parution de l’excellent Reconstruction Site, la formation indie rock canadienne revient enfin avec Reunion Tour, un disque qui n’a rien d’une apparente réunion ou d’une galette enregistrée en tournée.
"En fait, nous sommes incapables de composer sur la route. Pour créer, nous avons besoin d’intimité, ce que nous n’avons pas en tournée", soutient le guitariste et claviériste de la formation, Stephen Carroll.
Joint à son domicile de Winnipeg entre deux segments d’un périple nord-américain, le musicien commente la gestation derrière Reunion Tour. "John (K. Samson, chanteur et principal compositeur du quatuor) est très méticuleux. Il prend énormément de temps avant de se sentir confortable avec une chanson au point de la considérer comme terminée. Ça peut même lui prendre des années. Parfois, il nous présente la mélodie et le riff d’une pièce, pour ne plus nous en parler pendant des semaines. Deux ou trois ans plus tard, il revient en disant: "Vous vous souvenez de cette pièce qu’on a travaillée, eh bien elle est finalement terminée"."
Ce fut le cas pour Tournaments of Hearts, une chanson sur le curling bien ancrée dans les moeurs manitobaines; en effet, pour 600 000 habitants, Winnipeg compte 21 clubs de curling. Le morceau figure parmi les meilleurs moments de Reunion Tour, une galette enregistrée dans la froideur de l’hiver 2007. Époque lors de laquelle le groupe s’est installé dans un studio situé au-dessus d’une usine où l’on produit des étuis d’instruments de musique. "Nous enregistrions après les heures normales de travail. Nous arrivions là-bas vers 4 ou 5 heures du soir pour en sortir vers 5 ou 6 heures du matin, à l’heure où les gens prennent leur voiture pour aller au boulot. Nous voyagions toujours dans cette semi-obscurité typique de Winnipeg au mois de mars. Je trouvais ça rock’n’roll romantique: créer un disque dans la noirceur à contresens d’une vie normale."
Fidèle à la tradition Weakerthans, l’album dépeint le quotidien de personnages anodins, leurs questionnements, leurs angoisses. Des histoires porteuses d’une certaine tristesse, mais racontées sur des hymnes rock empreints de sérénité. Comme si, grâce à la musique et à la voix de John K. Samson, une beauté jaillissait de la sincérité des protagonistes, des émotions vécues par ce chauffeur d’autobus qu’on prendrait dans nos bras dans un élan d’empathie.
Le 4 novembre, avec Jenn Grant
Au Capital Music Hall
À écouter si vous aimez /
The Get Up Kids, Built to Spill, Death Cab for Cutie