Marie-Annick Lépine : L'interrogatoire
Musique

Marie-Annick Lépine : L’interrogatoire

Après deux concerts donnés à Paris à la fin octobre, Marie-Annick Lépine revient en ville pour présenter les pièces de son album Au bout du rang.

Voir: Quelles sont vos obsessions du moment?

Marie-Annick Lépine: "Bien réussir mes deux concerts au National les 13 et 16 novembre. Ce sont mes deux premiers spectacles solo à Montréal. Il y aura des journalistes curieux de voir ce que mon album donne sur scène. On me critiquera. C’est une première pour moi sans mes Cowboys et ça m’inquiète un peu."

Qu’est-ce qui vous distingue des autres?

"Je suis la fille des Cowboys Fringants, et il y en a juste une. Sinon, je ressemble à tous ceux qui n’ont pas confiance en eux. Je ressemble à tous ceux qui travaillent fort pour ce qu’ils ont et ce qu’ils veulent. Je ressemble à tous ceux qui pleurent devant la beauté et la laideur. Je ressemble à tous ceux qui, sous leur ciel variable, avancent… l’air de rien."

Qu’est-ce qui vous fait succomber?

"Tout ce qui détend: un massage, un bain chaud, un bon livre, une tisane, de l’affection, un beau sourire…"

Que dirait votre épitaphe?

"Je vais reprendre les paroles d’une de mes chansons qui s’intitule À la nuit:

"À un soir de la nuit / De mon souffle étouffé / Si enfin j’ai aimé / Alors j’aurai réussi.""

Qu’est-ce qui vous fait encore peur?

"Les autres. Le public. Ce sont les autres qui nous font vivre dans ce domaine, nous dépendons du public. J’ai la chance d’avoir plu à beaucoup de gens avec les Cowboys, mais il n’y a jamais rien de gagné."

Qu’est-ce qui vous met en colère?

"Le mensonge. Même si ce n’est pas toujours facile, j’aime mieux la vérité. C’est la base de la compréhension de soi et des gens qui nous entourent."

Nommez trois artistes que vous aimez.

"Pour moi, la découverte de l’année, c’est Damien Robitaille. J’adore son album, il est plein d’intelligence et de créativité. J’aime beaucoup Magnolia, soit l’artiste Mélanie Auclair, qui nous a fait un disque digne de Lucinda Williams et de Gillian Welch, mais en français. Mon troisième coup de coeur de l’année est Tricot Machine pour sa folie sur scène, son humour et sa légèreté. Ça fait du bien!"

Pouvez-vous nommer trois artistes que vous n’aimez pas?

"Je suis incapable de nommer des artistes que je n’aime pas, car je sais tout le courage et le travail que ce métier demande. J’aurais de la peine de voir mon nom dans cette section, donc il est inconcevable pour moi que j’en fasse à quelqu’un d’autre."

Où étiez-vous il y a 10 ans?

"J’étais étudiante au cégep en sciences humaines, profil psychologie, et je m’inscrivais à l’Université de Montréal en psychoéducation. Je travaillais comme concierge au Collège de l’Assomption, où j’ai connu Jean-François Pauzé, auteur-compositeur des Cowboys Fringants, et où cette belle histoire a pris forme."

Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire?

"Un autre instrument de musique. Je ne me lasserai jamais de découvrir de nouveaux sons pour élargir mes horizons et les sonorités de mes arrangements musicaux."

Même pour un million, qu’est-ce que vous ne feriez pas?

"Je ne vendrais jamais une chanson pour une publicité dont je n’appuie pas le produit. Je dois avouer qu’avec les Cowboys, nous avons déjà refusé d’associer notre nom, notre musique à une publicité de carte de crédit pour une très grosse, une énorme somme d’argent. Nous devons être conséquents dans ce que l’on dit et croire à ce que l’on fait."

Jugez-vous votre sort enviable?

"Je juge mon sort enviable, car j’ai la chance de vivre de ma passion. J’ai eu le bonheur de croiser dans ma vie des gens pleins de coeur et de talent."

Pourquoi vivez-vous là où vous vivez?

"Je suis née où je vis. C’est chez nous. C’est ma ville. C’est ma campagne. C’est ma solitude. C’est ma nature. C’est mon bonheur. C’est tranquille et près de Montréal."

Qu’aimeriez-vous oser faire?

"Il y a un an, j’aurais répondu un album et un spectacle solo. Je suis en train de vivre ce qui me demande le plus de courage, d’oser accomplir dans ma vie un rêve que je chéris depuis longtemps."

Que pensez-vous des journalistes?

"C’est du monde comme tout le monde. Je n’apprécie pas quand leurs questions suggèrent déjà les réponses. Je trouve moyen le manque de rigueur. C’est un travail ingrat. Je ne serais pas capable d’être journaliste."

Les 13 et 16 novembre
Au National
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