Me Mom & Morgentaler : Comment survivre à Me Mom
Musique

Me Mom & Morgentaler : Comment survivre à Me Mom

Me Mom & Morgentaler lance une réédition de son unique album studio et se reforme le temps de quelques spectacles au Club Soda. Rencontre avec les pionniers de la scène montréalaise.

Quand on connaît l’effervescence de la scène actuelle, sa renommée désormais internationale et sa fécondité, on oublie qu’il y a 15 ans, ce réseau solidement organisé en était à ses balbutiements. Durant la première moitié des années 90, un groupe règne presque seul sur la "scène locale": Me Mom & Morgentaler. Son son est riche, dérivé du ska, et la troupe enflamme les salles de spectacles, des Foufs au Spectrum, en passant par le Rialto avec ses shows-événements hauts en couleur. "C’est surprenant de voir combien la scène a changé, lance Gus Van Go, charismatique frontman de la défunte troupe ressuscitée. Dans le temps, à part des artistes très pop comme Céline Dion et Corey Hart, Montréal n’était pas connue à l’international. C’était difficile de trouver des subventions, puis les compagnies de disques cool comme Indica n’existaient pas encore. Nous avions dû fonder Chooch pour lancer Shiva Space Machine."

Cet album fait d’ailleurs l’objet d’une réédition ces jours-ci. "On trouvait ça triste qu’il ne soit plus disponible. Moi-même, je ne l’avais plus et j’ai dû me le procurer sur eBay! Nos anciens gérants ont accepté de le relancer à condition qu’on fasse un show-réunion pour le promouvoir." Bonifié d’un titre pigé sur leur première cassette (Clown, Heaven & Hell) et de quelques chansons qui ne figuraient nulle part ailleurs, le Shiva mouture 2007 présente l’intégrale dans des habits un peu changés: "On a choisi d’autres mix et des versions live, donc c’est pas exactement un double de l’original", précise Kim Bingham.

LES ORIGINES

Fin des années 80, au collège privé Marianopolis se croisent les futurs Me Mom. "On était les seuls freaks, les pas riches, les weirdos et les punks, bref, on s’est immédiatement reconnus! se souvient Gus. Au départ, MM&M était un collectif artistique de 20 personnes. On organisait des partys, on se costumait et on allait voir des shows ensemble. On tripait sur un petit groupe montréalais tombé dans l’oubli qui s’appelait Sons of the Desert et qu’on suivait partout. Lorsqu’il a cessé d’exister, on a eu envie de se mettre à faire de la musique pour combler le vide qu’ils avaient laissé."

Sans être un groupe "à messages", MM&M devient un band à qui bien des fans de musique s’identifient. Gus: "On était conscientisés, un peu anarchistes et très à gauche politiquement." "Mais les messages venaient naturellement, ajoute Kim. Des skinheads s’étaient pointés à un de nos shows et nous avaient pitché des bouteilles de bière par la tête. Oh Well est une toune anti-raciste en réaction à tout ça."

Me Mom est l’un des premiers groupes à avoir dressé un pont entre anglophones et francophones. "On trouvait ça stupide que les groupes francos jouent pour un public franco et idem pour les anglos, dit Gus. On a voulu inclure les francos pour une raison pratique (plus de monde à nos shows) et aussi pour des raisons culturelles (on est montréalais). Alors on s’est mis à parler en français entre nos tounes et à inviter des groupes francos en première partie (Banlieue Rouge par exemple)."

Me Mom a finalement avorté en 1995 parce que ses membres avaient l’impression d’être allés au bout de l’aventure. La rupture s’est faite à l’amicale et le groupe n’en demeure pas moins un important défricheur de la scène montréalaise.

Le 14, 15 et 17 novembre
Au Club Soda
Voir Calendrier Rock/Pop

À écouter si vous aimez /
La Mano Negra, Bérurier Noir, The Specials

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QUE SONT-ILS DEVENUS?

Gus Van Go (guitare et voix) et Baltimore Bix Berger (trompette) vivent à New York où ils sont gérants et réalisateurs (The Stills, Vulgaires Machins, Priestess) pour une compagnie qu’ils ont fondée: Marathon Management.

Kim Bingham (voix) vit à Los Angeles. Elle a mené Mudgirl et le Kim Band, a été guitariste pour David Usher et Nelly Furtado et a signé les musiques des Invincibles. Elle vient de lancer un album en français (Intermède) et travaille avec des musiciens des Dears, des Stills et des Breastfeeders sur un prochain disque en anglais.

John Jordan (sax et voix) est artiste visuel. Il a fait équipe avec Kali & Dub et joue avec Osmosis Unlimited.

Matt Lipscombe (basse) vient de lancer Folk Tales après avoir fait un disque avec la Caravane du bonheur en 2004.

Sid Zanforlin (batterie) joue de la batterie avec Creature et il est réalisateur de films et de projets télé.

JB Britton (percussion) est batteur pour le groupe torontois The Craft Économy.

Noah Green (accordéon et voix) enseigne l’anglais à Barcelone.

Kasia Hering (accordéoniste originale) est vétérinaire.