Misteur Valaire : Friterday Night Fever
Les gars de Misteur Valaire ne font pas dans la demi-mesure. Ils sont jeunes, ils sont beaux, et ils viennent de lancer un album sur Internet, bien avant Radiohead.
On ne vous reprochera pas d’ignorer tout des spectacles de Misteur Valaire. Ce qu’il faut savoir cependant, c’est que le groupe est devenu grand manitou du dancefloor au dernier Festival de Tadoussac, alors que le plancher du Café du Fjord s’est affaissé sous les ébats de ses fans à peine neuf minutes après le début du spectacle. Des circonstances exceptionnelles qui ont marqué les esprits notamment grâce au relais de YouTube, mais qui donnent le ton à propos de cette formation instrumentale dont les cinq membres arborent le débardeur et la palette "drette".
La nouvelle sensation électro-jazz, si elle n’est pas à vocation purement dansante, joint l’utile à l’agréable en versant dans des rythmes échevelés et des échantillonnages savants. "On était pré-pubères et on écoutait de la musique électronique et du hip-hop, avoue Louis-Pierre Phaneuf en entrevue. Tout naturellement, à la sortie du cégep, on s’est dit: "Ben let’s go!" puis on s’est acheté du matériel pour consacrer nos énergies à ça. Mais on ne nie pas les partitions et la musique académique pour autant. Ça reste un bagage important."
À ses débuts, Misteur Valaire joue un peu partout à Sherbrooke et va de spectacle en spectacle, jusqu’à remporter une série de prix au printemps 2007, ce qui lancera définitivement le groupe dans une envolée créatrice qui le fera atterrir finalement à Montréal. À peine débarqué, il lance son album Friterday Night… sur le Web (www.misteurvalaire.ca). "L’idée, c’était de diffuser l’album sur le Web, gratuitement, par le biais d’un site Internet qui proposerait plusieurs formats. Nous avons tout fait nous-mêmes sur cet album, et si on peut proposer une musique de qualité, pourquoi ne pas le faire pour tout le monde?" lance Julien Harbec.
Ce "webalbum" est certainement une curiosité en soi. Si le groupe n’espère pas spécialement signer avec une étiquette de disques à la suite de l’exercice, il compte bien convertir les foules et se faire invitant pour que les gens assistent aux spectacles. Publier un album sur Internet n’est pas une première. Toutefois, le groupe souhaiterait bien que l’originalité de la démarche fasse mousser sa popularité et, pourquoi pas, la vente du CD lui-même, disponible uniquement sur les lieux de spectacles. "On se base sur un fait très simple: un artiste tire ses principaux revenus des spectacles qu’il donne. La vente de CD, elle, devient de plus en plus négligeable. C’est vrai au Québec comme ailleurs. Notre idée, c’est de tout de suite partager ce qu’on fait de meilleur, et nos spectacles seront remplis, affirme Louis-Pierre. Ce qu’on dit, c’est que c’est gratuit, mais Friterday Night reste un vrai album [ndlr: leur deuxième en carrière], avec un travail de studio vraiment bien fait. Loïc Thériault signe la réalisation, et pour la touche finale de "masterisation", on est allés chercher Howie Weinberg à New York, un type qui a travaillé avec Björk, U2…" L’émulsion donne une électro ambiante dont on ne saurait dire si la base jazz est indéfectible (avec des emprunts à Prefuse 73 ou à Cinematic Orchestra), ou si l’attrait de sonorités à la Beck ou à la Gorillaz viendra faire poindre un son plus pop. Mais ça, c’est une autre histoire.
Le 9 novembre, avec Watcha Clan
Au Club Soda
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À écouter si vous aimez /
Prefuse 73, The Herbaliser, La Funk Mob