Paul Cargnello : Paul 101
Musique

Paul Cargnello : Paul 101

Le chanteur-activiste Paul Cargnello fait le pont entre les deux solitudes avec un album 99 % francophone.

On savait l’amour que porte Paul Cargnello pour le français puisqu’on retrouvait déjà des pièces chantées dans la langue des Bérurier Noir sur ses précédents albums. Sur son plus récent par contre, Paul décide d’y aller all the way. Brûler le jour est donc un disque 99 % francofun (avec une seule pièce dans sa langue maternelle), un pari un brin audacieux… qui a porté ses fruits! "J’ai décidé de faire un album en français pour tous mes fans francophones. Ça a aussi été un cours pour moi, car c’est la première fois que j’écris un album complètement en français, you know. Ça a été un gros défi. En faisant ce disque en français, j’ai aussi souhaité que mon public anglophone fasse l’effort de me suivre", explique tant bien que mal Paul Cargnello en franglais. "Moi, par exemple, ça fait juste 10 ans que je parle français. J’ai commencé à le parler en quittant la maison familiale du West Island, où pratiquement tout le monde parle anglais, et en venant m’établir au centre-ville de Montréal. Il n’y a pas beaucoup d’anglophones qui écoutent Pierre Lapointe, mais ça commence à changer. On sent un désir chez certains jeunes anglophones de s’ouvrir à la culture franco-québécoise. Tu as de plus en plus d’artistes comme Coral Egan, Martha Wainwright et son frère Rufus, Patrick Watson et Lederhosen Lucil qui font vraiment l’effort d’intégrer le français dans leur musique ou sinon de parler français quand ils ont affaire à des interlocuteurs francophones. Mais c’est une minorité encore marginale. C’est une réalité au Québec, poursuit le chanteur. D’un côté, tu as des anglophones qui ne s’intéressent aucunement à ce qui se fait ici en français et de l’autre, tu as des artistes francophones qui s’évertuent à chanter en anglais en pensant que ça va leur ouvrir des portes… Je ne comprends pas. Ici, on a notre propre star system, nos propres vedettes. Au Québec, on est capable d’exister et de vivre de notre musique, bien modestement, en français!"

Pour ce disque en français, Paul Cargnello pensait qu’il récolterait quelques bonnes critiques, un succès d’estime tout au plus. En réalité, c’est l’album qui a le plus fonctionné pour le musicien né à N.D.G. De grosses radios commerciales, qui d’ordinaire boudent pratiquement tout de ce qui vient de la scène locale un peu plus marginale, ont fait amplement jouer quelques chansons de l’album Brûler le jour, dont la pièce Rose noire, qui s’est retrouvée sur la playlist de Radio Énergie pendant plus de trois mois. Bientôt, un troisième extrait, Qui va changer le monde, dont les paroles ont été écrites par Jim Corcoran (un autre chanteur anglophone devenu francophile), devrait se faire un chemin sur les ondes hertziennes. "Ce disque n’est pas un succès planétaire, mais il a été un très grand succès pour moi. Au début, ce projet en français était plus un concept d’album qu’autre chose, et j’avais des doutes, mais à la fin du processus, je m’impressionnais moi-même! Le résultat a largement dépassé mes attentes. Depuis, je fais tout en français: mes entrevues, mes contrats, le travail de paperasserie… Je vais certainement poursuivre dans cette voie, mais mon but ultime serait que tous mes albums soient moitié-moitié. Mon inspiration, elle vient des fois en anglais, des fois en français. Mon prochain disque, qui est déjà pratiquement tout écrit, sera bilingue. J’essaie de créer un lien entre les deux solitudes autour de moi".

Le 10 novembre à 20 h 30 avec Batlik
Au Lion d’Or
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