Numéro# et Omnikrom : Faites le dièse
Ironiques, grivois et festifs, les gaulois de la scène électro-pop québécoise Numéro# et Omnikrom seront en programme double au Téléphone Rouge le 17 novembre prochain.
Fruit d’un assemblage fortuit entre la musique de Pierre Crube et les paroles de Jérôme Rocipon, L’Idéologie des stars n’a laissé personne indifférent. Récemment récompensé au GAMIQ et à l’ADISQ, le duo Numéro# nous a offert l’an dernier un premier album moqueur qui se veut un vaudeville racontant boires et déboires de la société du spectacle, entre une réflexion sur la superficialité du show-business et le succès populaire de Chewing-gum fraise. Rocipon y va d’un slogan: "Numéro#, c’est très! Très gros contrastes, très gros mélange, très gros caractères. On se souhaite une très grosse carrière de 133 ans!"
Honoré par l’attention que lui porte l’industrie francophone, il n’est pas surprenant de retrouver Numéro# sur une compilation du label français Kitsune aux côtés de noms comme Boys Noize et Dragonette. Rocipon avoue qu’une carrière outre-mer a ses charmes mais que "percer le marché français, c’est plus difficile, plus délicat. Il faut y aller plus tranquillement et la quantité d’artistes qui s’y sont cassé les dents nous incite à la prudence".
À quand la grande percée québécoise? Il semble que le groupe était à la veille de mettre un pied dans la porte de la diffusion grand public. Un billet sur jaimenumero.com nous apprend qu’il devait jouer une version instrumentale de Chewing-gum fraise à la célébrissime Fureur, mais qu’on les aurait remerciés après avoir pris connaissance de la grivoiserie des paroles. Bon joueur, Rocipon commente: "Il faut se mettre à leur place, je comprends que c’est leur travail, mais cr… qu’ils sont frileux!"
Les lauréats du Félix de l’album électronique de l’année avouent avoir un rapport mitigé avec le monde du show-business. Cette ambivalence serait-elle une seconde nature? Le chanteur avoue avoir composé les paroles de L’Idéologie… alors qu’il avait des ambitions plus subversives. "J’étais dans une période d’introspection et de lecture. J’éprouvais de la fatigue et de la tristesse devant l’échec de la modernité et la fin du Siècle des lumières."
Leur complicité avec le trio Omnikrom ne date pas d’hier. Les deux formations semblent ne plus se quitter d’une semelle. "On se ressemble sur l’approche et sur le comment on perçoit la musique. On a une conception très plug and play, avouons-le, mais on ne peut pas nier que c’est dans l’air du temps. Il y a une différence dans le fond, mais dans la forme, les perspectives sont identiques. En spectacle, on ne fera pas de débat de société!"
LE SECRET EST DANS LA SAUCE
Amateurs de poutine et amoureux du streetwear, les membres d’Omnikrom ont été sacrés lieutenants du hip-hop électronique au Québec. Accusé de puérilité, d’incitation au vice et même d’être la "fraude musicale de 2006" par certains médias alternatifs, le trio de rappeurs ne s’en formalise pas. Laconique, Gabbo répond que "ce n’est pas grave, tu sais, l’humour, ça s’apprend". Imitant l’extravagance et l’arrogance de ses cousins du sud, le groupe commet des frasques parfois mal reçues. "On apprécie la construction de personnages, l’ego trip, le bling, mais c’est une satire du rêve américain", ce qui explique l’air caricatural des trois compagnons.
La popularité grandissante du groupe est due en partie à sa collaboration avec les membres de Numéro# et ceux de TTC, qui lui prêtent leurs talents de rappeurs sur la très accrocheuse Danse la poutine, née d’une fin de soirée arrosée alors qu’ils étaient en tournée ensemble. En 2005, Jeanbart, autre ambassadeur québécois du hip-hop électronique, prédisait au Voir que "dans deux ans, tout le monde allait aimer Omnikrom". Il a vu juste puisque, au grand dam de ses détracteurs, le trio vient de remporter le Félix de l’album hip-hop de l’année. Gabbo souligne que Jeanbart, Figure8 et lui-même sont "super contents d’avoir remporté ce prix, et surtout très reconnaissants qu’une place soit donnée à la musique émergente et indépendante".
Avis à ceux et celles qui les accueilleront au Téléphone Rouge le 17 novembre prochain, Linso Gabbo vous suggère de porter des "snickers blancs bien propres", qui sont in, mais vous prévient que vous devriez vous garder de porter des "all over prints", qui seraient out cette saison…
Le 17 novembre à 21h30
Au Téléphone Rouge
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À écouter si vous aimez /
Yelle, Arvida Crew, TTC