Owen Pallett : Fantaisie héroïque
Musique

Owen Pallett : Fantaisie héroïque

Owen Pallett propose Final Fantasy sur scène. Un exercice solo dans lequel il se retrouve au centre d’un univers où tout est possible.

C’était avec Broken Social Scene que nous entendions parler il y a trois ans d’Owen Pallett, poussé sur une scène à Toronto et sortant de l’ombre. Nous le connaissons ici pour sa collaboration avec Arcade Fire, dont il a signé les arrangements pour cordes sur Funeral. Avec He Poos Clouds, le jeune prodige de Final Fantasy en est à son deuxième disque, une réalisation soignée directement inspirée de certains concepts mystiques de Dungeons and Dragons, où des personnages empreints de modernité se suivent dans une facture musicale en crescendo.

Un fait d’expression unique et une voix qui incarne des états qui désarçonnent. "Beaucoup de journalistes ont comparé cet album à un musical, indique-t-il déçu. C’est ridicule! S’ils prenaient la peine d’aller écouter un musical dans un théâtre à New York, ils se rendraient compte que c’est complètement idiot de soutenir une telle comparaison. C’est comme si je m’obstinais à décrire un cheesecake en pensant à un reine Élisabeth. À mes yeux, ces chansons, c’est de la pop. Final Fantasy, c’est de la musique pop."

Le message est clair, et on peut comprendre ce constat de la part du violoniste et pianiste qui signe, tout de même, une "pop" savamment mise en scène. Les références se compilent et la composition, elle, s’inspire autant de Bartók que de la compositrice russe Galina Ustvolskaya, dauphine de Chostakovitch.

Le compositeur est occupé et s’active, en plus de réaliser sa tournée en solo, à compléter une commande pour l’orchestre de chambre Tafelmusik. Malgré tout, les idées pointent, et une suite ne saurait tarder pour Final Fantasy. Les inspirations sont d’un tout autre ordre cette fois-ci. Les big bands et le compositeur Nelson Riddle sont au coeur de son inspiration, ainsi que le compositeur américain Charles Ives, qu’il redécouvre.

Il ne suffit que de quelques secondes, et de la mention de la sonate pour piano Concord, Massachusetts, pour que la conversation s’anime et prenne un cours inattendu. "Charles Ives est très inspirant pour la tension qui est contenue dans ses oeuvres et la façon qu’il a de construire une orchestration qui donne une voie d’expression troublante. Cette manière de regarder sa propre histoire et d’assumer le colonialisme me fait comprendre que certains compositeurs américains n’ont eu aucun mal à assumer leur identité. Les États-Unis, c’est un pays très vaste et très complexe, et ces temps-ci, nous nous concentrons beaucoup sur les travers de cette société et la menace qu’elle représente pour nous, mais ils endossent sans difficulté leur culture et ils s’émancipent par le fait même. Chaque fois que des gens viennent me voir après un spectacle et qu’ils me disent qu’ils ont acheté mon disque parce que c’est canadien… je leur réponds qu’il n’y a rien de canadien dans ma musique! Le Canada est un territoire. Nous sommes complexés et nous nous cassons la tête pour nous identifier sans faire d’efforts valables."

Le 20 novembre à 22h
Au Centre Bronson
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À écouter si vous aimez / Arcade Fire, Joanna Newsom, Kevin Drew