Patricia Barber : Trouver sa voie
Patricia Barber cultive les projets audacieux et se penche maintenant sur l’oeuvre de Cole Porter. Une relecture qui trouvera une voix unique.
La pianiste de Chicago a présenté avec Mythologies une production audacieuse en 2006. Adapter Les Métamorphoses d’Ovide est un exercice périlleux. La pianiste s’y est consacrée pendant trois ans avant d’accoucher d’un cycle inspiré, d’une intensité rare. "J’étais censée prendre un an pour la recherche et la composition. Il m’en a fallu trois."
Patricia Barber résume ainsi un travail qui l’a amenée non seulement à se pencher sur l’oeuvre du poète de l’Antiquité, mais aussi à étudier Frédéric Chopin et Franz Schubert, duquel elle a analysé en profondeur certains cycles de lieder. "J’étudie constamment, c’est important pour moi. Jamais, par contre, j’irais jusqu’à faire l’adaptation d’un lied de Schubert. Étudier ses compositions m’a apporté beaucoup pour approfondir la conception harmonique. Mais, faire une adaptation de ce répertoire, à mes yeux, serait complètement inutile. Schubert a une voie d’expression qui lui est propre et que je laisse à d’autres."
Maintenant concentrée sur Cole Porter, qu’elle étudie avec passion, l’interprète adapte en tournée le contenu de son dernier album sans s’y limiter. Avec des reprises de Fats Waller, Antonio Carlos Jobim et Miles Davis, Patricia Barber meuble ainsi son répertoire pour éviter l’exercice linéaire. "C’était important pour moi de laisser respirer l’auditoire, explique-t-elle. Je n’aurais jamais voulu me lancer dans une adaptation chronologique pour cet album. C’est beaucoup trop lourd, il faut s’en rendre compte. Avec quelques standards au travers, certaines pièces de Mythologies prennent une tout autre dimension. C’est un bel équilibre."
Elle sera bien entourée, accompagnée par ses complices Jim Gailloreto au saxophone, Michael Arnopol à la contrebasse, Éric Montzka à la batterie et le brillant guitariste Neal Alger. "Il y a toujours une recherche de son précis qui s’opère lorsque je compose, indique-t-elle. Avec Neal, je peux me permettre de le solliciter constamment, et de travailler avec lui pour trouver le son juste. Sur Orpheus, par exemple, le solo qu’il interprète, avec un son de guitare plus approprié au rock qu’au jazz, fait partie d’une mise en scène et correspond à l’état d’esprit contenu dans le texte. C’est une violence qui ne fait que croître. J’aime bien appliquer une certaine contemporanéité dans mes pièces. C’est difficile pour moi de l’expliquer, mais c’est comme ça."
Si nous pouvons avoir le sentiment d’être privés un peu plus de la Barber pianiste à chaque nouvel enregistrement, l’artiste se remet au piano sur scène. "C’est vrai, je me retiens beaucoup plus qu’auparavant. C’est toujours un casse-tête. Je suis productrice et j’ai toujours le son d’ensemble et l’instrumentation à l’esprit. Je supervise tout et j’ai de moins en moins de temps pour penser à moi en tant qu’interprète, sauf pour la voix. C’est en concert que je me reprends. Là, je retrouve le piano et je lui donne une place plus importante. L’improvisation y joue pour beaucoup."
Le 17 novembre à 20h
Au Palais Montcalm
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À écouter si vous aimez /
Joni Mitchell, Holly Cole, Nina Simone