Lang'i : Aux couleurs du Congo
Musique

Lang’i : Aux couleurs du Congo

Lang’i visite le Québec avec le Congo dans la tête. Un collectif qui revendique son héritage et le métissage.

Assez inusité de voir un Français partir en zone de conflit pour satisfaire une curiosité plus forte que tout. La musique a amené Kébèn en République du Congo en 2003 et depuis ce temps, le voilà fils adoptif de Brazzaville, où il demeure. Un parcours qu’il ne regrette pas et qui l’a amené à fonder Lang’i, le groupe qu’il dirige avec la chanteuse d’origine congolaise Oupta. "Depuis six mois, on dort bien, dit-il en résumant la situation politique de son pays d’adoption. Avant c’était impossible de ne pas entendre des coups de feu dans une journée. Dans ces circonstances, il y a toujours une tension dans l’air et les gens ne vivent plus. On commence à peine à rebâtir la ville. Les arts, la musique, la peinture, le conte reviennent au goût du jour. Dans la peur et le conflit, il n’y a plus de place pour la création. La guerre détruit tout. Les gens vivent à nouveau maintenant et ça fait du bien."

Il faut dire qu’au contraire de la République démocratique du Congo (le pays voisin), la République, elle, sort d’un cessez-le-feu qui a apporté une certaine quiétude. Une situation qui procure un second souffle à la formation congolaise qui défend par la même occasion un héritage. "C’était important pour nous de faire une sorte de tribut à la génération d’artistes qui nous a précédés, indique-t-il. C’est un peu la raison d’être de ce groupe. Revenir à la tradition, c’est la meilleure façon de retrouver qui on est et de créer à partir d’une base solide. Quand je suis arrivé là-bas, il n’y avait que de la musique pop africaine qui ne voulait rien dire et à laquelle nous ne pouvions pas nous identifier. Avec une chanson comme Na Wo Tsétsa de Jacques Loubélo, nous prenons la peine de revisiter une chanson très connue dans le répertoire tout en la transformant."

Cette relecture correspond au caractère du musicien français, qui a séjourné auparavant au Cameroun et en Côte-d’Ivoire, poussé par un désir d’étudier la musique africaine sous toutes ses formes. Une démarche qui est encore le coeur de ses ambitions. Au centre de cette musique, le kilambo est sans doute le style musical le plus éloquent de cette contrée africaine. "On peut en entendre dans le blues, décrit-il. Tout réside dans les harmonisations vocales et la façon dont elles sont développées. Traditionnellement, c’est chanté a cappella, mais nous voulions accompagner le chant avec une musique qui respecte la rythmique. La chanson La Rivière en est un exemple, et pour Oupta, cette façon de chanter, c’est une seconde nature."

La démarche est honnête et la voix d’Oupta, conjuguée à celle de Kébèn, fait un contraste original sur ce premier disque intitulé Nto le ruisseau. La voix grave de la chanteuse transcende une culture et s’exprime dans plus de cinq dialectes africains, faisant ainsi une synthèse élaborée. Y a-t-il un geste politique dans la création en Afrique? "Oui et non. C’est-à-dire qu’on ne se mêle pas du politique en tant que tel, mais nous sommes tout de même liés à la réalité sociale des gens. Je pense que notre rôle doit être fondamental, comme une sorte d’éveil. On contribue à leur vie et on les aide à lutter contre le désespoir."

Le 25 novembre à 20h
À la salle Albert-Rousseau
Voir calendrier World/Reggae

À écouter si vous aimez /
Jacques Loubélo, Dobet Gnahoré, Johnny Clegg