Rudy Caya : Toujours vilain le pingouin
Musique

Rudy Caya : Toujours vilain le pingouin

Rudy Caya sonne la charge avec Le Taureau, un nouvel album où le rockeur s’est entouré d’une batterie de jeunes musiciens issus de la scène indé.

En solo ou à nouveau avec Vilain Pingouin, le chanteur Rudy Caya n’a jamais connu de succès aussi retentissant que celui généré par les premiers efforts des Pingouin, parus en 1990 et 1992. Il revient toutefois sur les rails avec Le Taureau (Disques Indica), un album au titre révélateur et confectionné grâce à l’aide précieuse de Hugo Mudie à la réalisation. Comme si le chanteur des formations Sainte Catherines et Yesterday’s Ring avait utilisé un défibrillateur pour réanimer l’âme punk du vieux routier, le disque nous ramène à l’essentiel de ce qui a fait la force de Vilain Pingouin: énergie rentre-dedans, interprétation teintée d’urgence et propos simples mais mordants.

"J’ai découvert Hugo lorsque, à sa demande, Yesterday’s Ring s’est retrouvé en première partie de Vilain Pingouin lors d’un concert en décembre 2005, se souvient Rudy. Après le spectacle, il m’avait envoyé une demande d’ami MySpace. Comme je consulte toujours le profil des gens avant de les ajouter à mes contacts, (de peur d’accepter l’amitié d’un groupe de nazis, précise-t-il), je suis allé réécouter les pièces de ses deux groupes. J’ai tout de suite accroché: Yesterday’s Ring à cause de son côté Tom Waits et son folk un peu croche, les Ste-4 à cause de leur rage dans le tapis. C’est le mélange qui m’a toujours inspiré. J’ai alors invité Hugo à participer à une pièce de mon nouveau disque."

Voyant la possibilité de réaliser un de ses rêves en collaborant avec Rudy, le punk rockeur lui a répondu qu’il souhaitait participer au compact, mais voulait aussi aider tout au long de son enregistrement. "Je ne voyais pas pourquoi dire non, lance Rudy. Au pire, il était pour faire la même chose qu’avec ses deux groupes, ce qui est déjà très bien."

Réunis, il y a environ un an, afin de bosser sur Le Taureau, Rudy et Hugo se sont entendus comme larrons en foire, Hugo prenant ses aises à la réalisation. Question de bien entourer celui qu’il considère comme une idole, il a invité en studio ses collègues de Yesterday’s Ring et Sainte Catherines, mais aussi Thomas Augustin de Malajube, Marie-Ève Roy de Vulgaires Machins, Malcolm Bauld, Balloo de Fifth Hour Hero et J.P. du combo métal Inepsy. Les frères Séguin des Dales Hawerchuck, Paul Cargnello (qui signe deux pièces sur Le Taureau), Rick Hayworth et quelques membres des Pingouins se sont aussi ajoutés au projet.

"Jouer avec des gars de 45 ans ou de 20 ans, ça se ressemble beaucoup, commente à ce sujet Rudy. Tout est une question de bagage musical. On se rejoignait grâce à nos références: Pogues, Clash, Rancid, Tom Waits. Malgré notre différence d’âge, on parlait le même langage."

Avec ses multiples références aux veilles compositions de Vilain Pingouin et sa première pièce où Rudy chante son envie de jouer de la musique, Le Taureau est animé par un désir de rocker entre amis. Voit-il cette parution comme un deuxième souffle à sa carrière? "Je la vois plus comme un second souffle artistique. Si l’album se vend à la pelletée, oui, on pourra le considérer comme un second souffle à ma carrière. Mais too bad si ça ne vend pas. Je l’ai fait pour le trip, pas pour le cash." (O. Robillard Laveaux)

Le 1er décembre
Au Café des Artistes de la Lièvre

Rudy Caya
Le Taureau
(Indica/Outside)

À écouter si vous aimez / Vilain Pingouin, Yesterday’s Ring, Les Parias

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JEAN LECLERC SUR LE TAUREAU?

Jean Leclerc/Leloup est passé bien près de figurer parmi les nombreux musiciens invités à jouer sur Le Taureau. En fait, les quatre premières secondes de l’album sont issues d’une conversation entre lui et le réalisateur Hugo Mudie. "Jean est venu en studio, mais son jeu de guitare était trop incohérent pour être conservé sur l’album. Il était dans son monde", explique Hugo. "Il faut prendre Jean comme il est, renchérit Rudy. Lucide pendant quelques heures, il peut soudainement déraper, mais c’est comme ça qu’on l’aime. Il demeure plus intéressant que la majorité des gens que je rencontre." (O. Robillard Laveaux)

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La migration des petits pingouins

C’est entouré d’une nouvelle génération de rockeurs nomades tels que Hugo Mudie, Louis Valiquette, Marc-André Beaudet et Richard Bouthillier des Sainte Catherines et Mathieu Guilbault de Fifth Hour Hero que Rudy Caya entreprend un parcours qui s’étendra sur une vingtaine de sites jusqu’en mars 2008. On peut observer ces spécimens autour des débits de boisson où ils s’approvisionnent et se reproduisent.

Rudy et Hugo s’envoleront aussi vers Cuba pour le tournage du clip de Guantanamo Bay. La rhétorique américaine ainsi que la définition que la Maison-Blanche accole à la liberté sont des sujets qui passionnent Rudy, qui se promet de bien profiter de ce périple pour exprimer ses opinions: "Je ne suis pas pédophile et je ne bats pas de femmes. Alors un moment donné, si je veux me faire arrêter pour faire une carrière comme tout le monde, je vais me faire arrêter à gueuler sur une plage à Guantanamo!" rigole-t-il.

Rudy s’arrêtera à Buckingham le 1er décembre avec une formation réduite le temps d’une performance acoustique. "C’est peut-être plus le côté Yesterday’s Ring qui ressort dans ce show-là. On placote plus avec le monde, on a moins l’air d’être sur le bord de mettre le feu à la place."

Les ornithologues expérimentés y retrouveront avec joie les succès qui ont fait rocker nos veillées d’antan: "Ça reste mes tounes quand même faque je suis pas cave, j’arriverai pas là pour imposer les nouvelles tounes sans jouer les anciennes. Ça serait chien pour le public." (P. Alarie)