StMichel et Nic B : Vingt de messe

Quel effet ça vous fait de maintenant tourner les disques pour des filles et des garçons qui n’étaient même pas au monde quand vous avez déposé les aiguilles pour la première fois?

Nicolas Boutin: "Sincèrement, je trouve ça rassurant, ça veut dire que j’ai duré, que ma démarche était pertinente… De toute façon, les gens de 38 ans comme moi ne dansent plus dans les clubs!"

Michel Plamondon: "(rires) Je ne sais pas trop quoi répondre à ça… Peut-être juste dire que c’est vraiment cool de voir le dancefloor se renouveler alors que moi, je n’ai pas vraiment changé musicalement parlant…"

Un seul vinyle conjoint pressé en 20 ans, c’est pas un peu minimal sachant que vous avez passé des milliers de nuits blanches ensemble dans les clubs et les raves?

Nic B: "En fait, ça fait deux si tu comptes le remix de Michel à l’époque des Couch Potatoes (en plus du fameux Trancendance avec Fred Everything et d’autres). C’est long composer, ça prend du temps. Ça viendra bien… encore!"

StMichel: "Si nous avions habité Berlin, ça aurait été très différent… Mais une chose est certaine, c’est que nous avons été les premiers à organiser des partys (lire raves et soirées thématiques dans les discothèques), les premiers à faire naître le mood, les premiers aussi à s’impliquer dans la naissance de labels et de plein d’autres trucs liés à la culture de la musique électronique."

Votre meilleure toune à vie, le disque que vous n’avez jamais rangé?

Nic B: "Sans aucun doute Blue Monday de New Order. Je dois avoir au moins sept copies de l’original seulement, car aucun remix n’approche la version originale…"

StMichel: "Je suis d’accord, mais je crois avoir tourné plus souvent Dead Eyes Opened de Severed Heads."

À notre époque numérique, que réserve l’avenir au disque vinyle?

Nic B: "En fait, je crois que c’est pas terminé pour le vinyle, mais c’est devenu marginal par la force des choses, c’est maintenant un truc de collectionneurs. Je veux bien en acheter encore même si c’est plus rare, sinon je me tourne vers le CD gravé en wave, mais jamais en MP3 parce que le son est dégueulasse à cause du taux de compression."

StMichel: "Je pense que le vinyle va survivre au CD. Pas le vinyle de musique jetable à 5 $, celui à 20 $ qui propose de grandes oeuvres. Cela dit, quand tu mixes un vinyle et un fichier MP3, tu te rends rapidement compte que ce dernier sonne mal et plus fort, que les fréquences subtiles sont absentes…"

En 20 ans à vivre comme des hiboux, votre plus beau souvenir entre minuit et midi?

StMichel: "Je m’en souviens pas… (rires forts avec Nic B). Sérieusement, dans le temps de l’acid (acid house), le soir du rave Solstice en 1993, c’était Cybersonic avec Richie Hawtin et Dan Bell; on venait de se rendre compte qu’il se passait quelque chose de gros…"

Nic B: "Impossible de ne pas dire Richie Hawtin à This and That en 1994. C’était authentique et je dois dire que ça m’a toujours inspiré depuis."

À titre d’esthètes privilégiés, qu’est-ce que le quétaine? Qu’est-ce qui fait qu’une chanson est quétaine ou pas?

StMichel: "Quand quelqu’un tente d’avoir l’air plus hot que les autres alors qu’il ne fait qu’imiter, c’est quétaine."

Nic B: "J’aime pas la version originale de Dancing Queen d’ABBA, mais j’aime la version en français de Michèle Richard… Le quétainisme est relatif. Par contre, je suis totalement certain que le reggaeton c’est quétaine!"

Dans 20 ans, soit en 2027, vous serez encore derrière deux tourne-disques?

Nic B: "Je suis certain que oui, mais j’espère que non et que ma retraite sera dorée de royauté!"

StMichel: "Mmm, j’hésite… Oui à l’idée de mixer encore, mais pour le plaisir ou pour l’art, jamais plus par nécessité alimentaire."

Le 23 novembre
Chez Dagobert
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À écouter si vous aimez /
Fred Everything, The Couch Potatoes, Handfull of Snowdrop