Sylvie Paquette : Rêver mieux
Sylvie Paquette signe avec Tam-tam un quatrième album groovy et pop à souhait. Aux manettes, Daniel Bélanger s’amuse à rendre aériennes des chansons tendres.
"Moi, je suis quelqu’un de très intense, instinctive, viscérale", affirme Sylvie Paquette au bout du fil. C’est ainsi qu’on l’a connue et appréciée: le coeur suspendu à ses ballades folk, portées par une voix nue. Ça résonnait comme Le Sud de Nino Ferrer, poussières et chemins de terre. Pas étonnant que Sylvie ait repris Nino. Mais pour Tam-tam, quatrième album en quinze ans, la route est différente, pavée d’électro-pop. Et sa voix devient presque un instrument parmi d’autres.
À écouter Tam-tam, aux chansons atmosphériques, on ne peut s’empêcher de penser au réalisateur, Daniel Bélanger, et particulièrement à Rêver mieux, sa grande réussite: "Je ne suis pas la seule à faire des disques planants. Je viens d’acheter le nouveau Martin Léon, le Jorane. On est dans un temps où on a besoin peut-être de planer un peu, parce que la vie est difficile, on voit la guerre au téléjournal. On a besoin de rêver, d’exulter."
À propos de Bélanger, Paquette est intarissable: "C’est un créateur solitaire, un gars qui est dans sa bulle, comme moi. Alors au début on a été chacun dans sa bulle. Je faisais des enregistrements guitare/voix, que j’envoyais à Daniel. La première chanson qu’il a arrangée, c’est Puisque, avec des vents, des effets de voix. Ce que j’aimais, c’est que je n’avais aucune référence. Ça ne sonnait pas québécois ni français, peut-être un peu britannique. Il m’a dit qu’il entendait quelque chose de raffiné, de classe, entre guillemets. De beaux arrangements. Je voulais du piano, des cordes."
Désir assouvi, Tam-tam est un disque chaud et doux. Il enveloppe l’auditeur et le fait louvoyer à coups de rythmiques bien cadencées. Mais il ne faudrait pas oublier qu’à la base, il y a des chansons: des mots, des mélodies. Paquette s’occupe des musiques. Et ses collaborateurs lui rédigent des paroles qui, dans le meilleur des cas, semblent écrites par elle-même. Parmi les paroliers, on retrouve le génial auteur-interprète français Allain Leprest, ainsi que Frédérick Baron et Dave Richard. Sans oublier la principale plume de l’album (six textes), qui se marie bellement aux notes de la musicienne, Martine Coupal: "On me l’a présentée. Elle vivait dans le Mile End comme moi. La première chanson faite ensemble, c’était Les Valises, un texte que je trouvais magnifique." Et c’est la chanteuse elle-même qui a écrit les paroles de Soleil d’Espagne, une parfaite réussite: "Je pense que je suis capable de faire de bons textes, mais ils viennent seulement en urgence. Je n’ai pas de plaisir à écrire. Ce n’est pas ludique pour moi."
Ludique résume bien le nouvel opus de Sylvie Paquette. La voilà relancée, tel un spoutnik.
Sylvie Paquette
Tam-tam
(Audiogram)
À écouter si vous aimez /
Daniel Bélanger, Marc Déry, Dumas