Emilie-Claire Barlow : L’apprentissage de la vie
Lentement mais sûrement, Emilie-Claire Barlow s’est taillé une place dans le monde du jazz tout en évitant les comparaisons.
Inconsciemment ou non, Emilie-Claire Barlow a toujours adopté une certaine discrétion dans ce qui a trait à son travail. Un peu à l’exemple de ces voix qu’elle prête depuis des années à des personnages de dessins animés où elle peut garder un anonymat presque total, demeurant dans l’ombre du studio au lieu de briller sous les projecteurs. De la même façon, enchaînant les albums depuis près de 10 ans maintenant, et les performances scéniques sans doute depuis plus longtemps encore, la jeune femme s’est vraiment révélée l’été dernier avec sa plus récente parution, The Very Thought of You, qui a totalement charmé les critiques – et le public aussi semble-t-il, puisque ses spectacles connaissent beaucoup de succès. Un album qui, même s’il est forgé de standards du jazz et de la bossa nova – et qui comprend deux chansons en français, Les Yeux ouverts et C’est si bon -, a aussi été entièrement modelé selon ses goûts et ses exigences. Un coup qui a de toute évidence touché sa cible. De Toronto, entre deux visites au Québec, la chanteuse explique les détails ayant mené à cette évolution. "Il y a eu un véritable processus qui m’a menée là où je suis aujourd’hui, et qui a débuté avec mon premier album. Pour The Very Thought of You, j’ai travaillé avec des musiciens que j’admire vraiment et qui sont très positifs dans tout ce qu’ils font. Nous avons procédé très rapidement mais avec beaucoup de plaisir pour avoir au final un instantané de notre collaboration. J’en suis maintenant rendue au point où je peux avoir le contrôle sur le côté créatif, ce qui me permet d’aller là où je le désire vraiment en musique."
Cette prise de pouvoir s’est ainsi traduite par le fait qu’Emilie-Claire Barlow a produit son album elle-même et orchestré les arrangements qu’il a nécessités. Question d’obtenir une certaine spontanéité, elle n’a pas traîné avec elle ses dernières chansons sur les scènes avant de les enregistrer, contrairement à ce qu’elle avait fait pour l’album Like a Lover.
Le mot qui reviendra souvent dans la conversation avec Emilie-Claire Barlow et qui explique en bonne partie la chanteuse qu’elle est aujourd’hui est processus. Un mot qui résume bien son approche de la musique. "Je suis toujours dans un processus d’apprentissage! Même si je sens que j’ai fait de grands bonds dans mon interprétation de ces chansons et mon aptitude à improviser, je me fais rappeler constamment que j’ai encore tellement à apprendre! À cet égard, même si j’aime beaucoup le travail de studio, j’adore me retrouver sur scène, autant pour l’interaction avec les spectateurs que celle que je dois avoir avec mes musiciens et qui fait que l’interprétation n’est jamais deux fois pareille. Je me suis ainsi rendu compte qu’avec le temps et en réagissant à ces facteurs, je suis devenue plus attentive au moment présent, que j’écoute mieux."
On comprendra ainsi que ses deux représentations le même soir au Palais Montcalm ne l’énervent pas trop: "Non, non! Au contraire, j’aime tellement chanter, ça ne sera que plus amusant!"
Le 1er décembre à 20h et à 22h30
Au Palais Montcalm
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À écouter si vous aimez /
Diana Krall, Bïa, Holly Cole