Slim Williams : Chanter tout son soul
Musique

Slim Williams : Chanter tout son soul

Débarqué au Québec il y a trente ans, le chanteur Slim Williams a fait son nid dans la Belle Province. Pour la qualité de vie… et pour y faire entendre son soul vainqueur.

C’est un véritable coup de foudre qu’a eu Slim Williams pour le Québec en 1978. "J’avais vécu toute ma vie aux États-Unis dans un climat malsain de ségrégation; quand j’ai débarqué ici, j’ai constaté que la plupart des gens n’en avaient rien à foutre, de ma couleur de peau", évoque-t-il, avant d’ajouter, ironique: "Ils étaient plus préoccupés de savoir quelle langue je parlais!"

S’il ne maîtrise toujours pas tout à fait la langue de Molière, même après trente ans dans la Belle Province, cela n’a pas empêché le chanteur de s’intégrer via la musique à la communauté artistique locale. "Mes amis et moi, on s’était installés dans le Nord. À cette époque, Charlie [Biddle] opérait un jazz club à Val-David, qu’on fréquentait. Alors on n’a pas tardé à ouvrir une boîte nous aussi, un club disco à Val-Morin."

C’est dans ce club que se noueraient les amitiés qui feraient de Williams un atout majeur pour tous les artistes du cru désireux d’ajouter un tout petit supplément d’âme à leur musique, de Nanette Workman à George "Boule Noire" Thurston, en passant même par Daniel Lavoie – croisé au lancement du premier album de Williams à l’Espace Dell’Arte en septembre et qui sera de la fête pour la rentrée montréalaise de son vieil acolyte. "J’adore Daniel, je crois qu’il est un songwriter exceptionnel! On compte bien s’amuser avec un medley de ses chansons."

Mais pourquoi donc a-t-il fallu autant de temps au claviériste et ex-leader de la formation Tchukon (où brillait notamment la bassiste Kat Dyson, désormais passée dans la cour de Prince) pour accoucher de son premier album en solo, Pulse of the Planet/Solar Sessions (Phi Records)? "Parce que je suis maniaque et perfectionniste", explique candidement l’artiste qui a écrit et réalisé (avec la complicité de son pote Joel Campbell) les vingt chansons du double CD. Brillant amalgame de r’n’b, de soul old school, de gospel et de funk sophistiqué, l’album ratisse large et puise dans le vaste catalogue des compositions de Williams. "Certaines chansons remontent à il y a longtemps, et si ce n’était que de moi, je serais encore en studio à les peaufiner, à les remixer. Maniaque et perfectionniste, je vous dis!"

Non content du triomphe de Victorious, premier extrait radio de l’album, Slim Williams parle de ses projets en vue de la résurgence d’une authentique scène musicale jazz, r’n’b, soul à Montréal. "Dans le temps, il y avait le Black Bottom, le Rising Sun et un tas de boîtes où l’on pouvait entendre de la musique live. Ça manque aujourd’hui. C’est pourquoi ma conjointe et moi avons le projet d’ouvrir un centre musical pour les vétérans comme pour les étoiles montantes, avec un resto classy où entendre de la bonne musique, mais aussi des salles de répétition, des studios où expérimenter, donner des master classes, faire vivre la musique, quoi! Après tout ce que Montréal m’a offert, ce serait ma manière de rembourser ma dette."

Le 6 décembre
Au Théâtre Corona
Voir calendrier Rock/Pop

À écouter si vous aimez /
Marvin Gaye, Bill Withers, Earth, Wind & Fire