Akuma : Engager la conversation
Musique

Akuma : Engager la conversation

Société et musique ne font qu’un avec le groupe Akuma. On parlera de fleurs une autre fois.

Les intempéries de l’hiver sont bien loin d’effrayer le groupe Akuma. C’est pourquoi il affrontera les routes glacées et enneigées afin de semer sa musique un peu partout dans la province. À ce sujet, Safwan, le leader du groupe et ancien chanteur de Banlieue Rouge, prend le temps de nous éclairer: "Ça a l’air qu’on est plus un groupe d’automne, d’hiver et de printemps que d’été, malheureusement. Je pense que l’été, les gens veulent peut-être des trucs un petit peu plus légers que nous. Ils veulent se sentir plus en vacances et avoir quelque chose d’un peu moins cérébral, chargé et engagé."

En effet, on peut dire que ces trois mots décrivent très bien la musique d’Akuma. Pas la peine de chercher une ballade d’amour sur son dernier disque, Des cendres et du désespoir, lancé en novembre 2006. La poussée du néolibéralisme et le déclin de l’empire américain sont des thèmes récurrents dans les textes de Safwan. Toutefois, il serait réducteur de les qualifier de pessimistes. "Il faut tout le temps garder un certain optimisme, un certain espoir, un côté festif. La vie continue, elle ne s’arrête pas à ça. Je pense que les plus beaux moments ou les plus belles actions arrivent dans des situations désespérées."

Sans tomber dans les théories paranoïaques du mouvement "conspirationniste", il reste que le chanteur d’Akuma doute fort de l’état de santé de notre société. À la différence des Sex Pistols qui scandaient leur fameux slogan "No Future", Safwan, lui, croit en la force d’action de la population. En parlant des hauts dirigeants de ce monde, il nous fait part d’une remarque intéressante: "Ils ne se donneraient pas tout ce mal de vouloir nous faire croire que tout va pour le mieux s’ils ne pensaient pas que nous avons le pouvoir de faire changer quelque chose."

Une telle observation nous ramène au classique de George Orwell, 1984: "On fait la guerre pour la paix. On va tuer les terroristes parce qu’ils sont des tueurs. Plein de trucs gros comme le bras!" Il faut savoir que dès le premier album d’Akuma, et ce, quelques mois à peine avant un certain jour de septembre 2001, les textes de Safwan annonçaient déjà des bouleversements à venir dans notre société. "Que les gens aux États-Unis pensent encore vivre en démocratie alors qu’ils n’ont même pas eu un chef qu’ils ont élu, quand tu parles de ça avec le restant du monde qui sont en Asie, dans les blocs de l’Est ou au Proche-Orient, ils sont morts de rire! Je suis loin de croire que les gens sont idiots, mais je pense qu’on abuse de leur confiance."

Enfin, retour à la musique où Safwan est questionné sur ce qu’est devenue la musique punk: "Les gens qui étaient des acteurs et des participants dans la scène alternative de l’époque, tranquillement, ils sont devenus des spectateurs et même des consommateurs." Une chose est certaine, les membres d’Akuma sont encore bien loin de suivre cette mouvance. Ce sont des vrais.

Le 8 décembre
Au Café du Clocher
Voir calendrier Rock/Pop

À écouter si vous aimez /
Banlieue Rouge, Molodoï, Bérurier Noir