Clément Jacques : Let the sun shine
Clément Jacques se présente sur scène la tête encore pleine de nouvelles chansons et de nouveaux défis. Une forme de pause avant d’accoucher d’un premier disque.
"J’aimerais que les gens soient là avec indulgence." Le chanteur nous expose d’entrée de jeu l’état d’esprit dans lequel il montera sur la scène d’Octave-Crémazie au Grand Théâtre. Non pas qu’il doute de la tournure de cette soirée, mais bien parce qu’il se retrouve au terme d’une nouvelle étape de sa carrière. L’artiste est plongé dans l’écriture et un échéancier précis l’attend pour l’enregistrement de son disque. "Quand tu fais une série de shows, tu accordes ta vie avec ça et les choses avancent, continue-t-il. Là, c’est différent. C’est la période d’écriture, on fait seulement trois spectacles au travers de tout ça et on enregistre en avril. C’est vraiment clair, c’est ce qu’il faut que je fasse. Parfois, on dirait que ça bloque."
Le jeune auteur-compositeur-interprète vient tout juste de signer un contrat avec Audiogram, l’étiquette de disques avec laquelle il sortira son premier album l’automne prochain. Il revient de Californie, de Los Angeles pour être plus précis, après y avoir séjourné à deux reprises à la fin du mois d’août et par la suite au mois d’octobre. Deux stages formateurs pour se familiariser avec l’écriture assistée tout en faisant quelques séances d’enregistrement à Santa Monica. "C’était cool mais pas mal de travail, indique-t-il. Au début je résidais dans les montagnes en haut de Sunset. C’était pas mal jet-set. Par la suite je me suis trouvé une chambre à Mosa Beach. Chaque matin tu te lèves en face du soleil et de l’océan…" Un tableau qui colle à sa musique et au son auquel il nous a habitués ces dernières années.
Ce séjour californien a été formateur pour l’auteur, qui s’est retrouvé avec des collaborateurs américains dans une forme de sprint de création. "C’est sûr que les lieux jouaient sur le son, avoue-t-il. C’est fou parce que tu fais pas mal de give and take quand tu fais du cowriting. Tu reçois une suggestion de l’extérieur, le gars il est content de sa trouvaille et les autres aussi mais toi tu sais que ce n’est pas ça. Je te dis ça aussi pour t’avouer qu’il y a des chansons qui ont été écrites là-bas et que je ne chanterai jamais. Là-bas, le soleil influence les paroles, l’Américain qui est dans le gars en face de toi influence aussi ta musique… Je suis revenu ici et tout le monde avait pas mal la même réaction: "Ça sonne côte ouest en…""
Un exercice qui s’est fait en compagnie d’un compositeur typique de la région de L.A., l’archétype du producer aguerri et polyvalent. Tout pour forger le caractère du jeune artiste francophone qui a constaté un certain choc culturel. "Quand j’y suis retourné, deux mois après, j’avais plus de réserves. J’avais repris le contrôle sur ma musique et je n’étais plus prêt à faire tous les compromis. Ils ont une vision très précise du business. Pour eux, un producer c’est comme un avocat. Tu fais un contrat avec lui et c’est impossible que ce soit un ami ou que tu puisses cultiver des affinités. Un gérant c’est la même chose. J’avais beau essayer de lui expliquer comment j’allais travailler au Québec et la seule chose qu’il trouvait à me dire c’est que j’avais tort et que ça ne fonctionne pas comme ça. Ils ont vraiment une conception très business de la création, du genre "tu fais confiance à personne". On s’est vraiment pognés là-dessus."
Le 14 décembre à 20h
Au Grand Théâtre
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Jack Johnson, John Frusciante, Ben Harper