Gregory Charles : L'amant
Musique

Gregory Charles : L’amant

Viril et intime, Loin de la lumière intronise Gregory Charles au temple de la renommée des crooners québécois. À l’aube de la quarantaine, le chanteur semble être au sommet de sa forme et de son art.

Il y a de ces gens qui font partie du paysage culturel depuis tellement longtemps qu’ils donnent l’impression de ne pas changer. On aurait cru que c’était le cas de Gregory Charles: toujours souriant, accueillant et de bon goût, un peu taquin, un peu amusé et avec l’éclat de l’innocence. L’artiste qu’on croyait intemporel a bien mûri. Le chanteur nous avoue qu’il faut avoir le goût du risque pour produire un spectacle pendant tout le mois de décembre: "C’est peut-être ambitieux de faire autant de spectacles à Québec, mais j’avais envie de passer un mois avec mes musiciens à avoir du plaisir, dans une salle que j’aime. Le Capitole c’est juste la bonne grandeur pour que tout le monde soit à l’aise. C’est intime."

La proximité qu’il entretient avec son public est à l’image de celle qu’il a avec son orchestre, dont il est très fier. "Mes musiciens sont tellement extraordinaires qu’à chaque soir c’est comme peindre un nouveau tableau. À Paris on a fait une version flamenco de La Bohème, c’était magique! Ça va avoir l’air prétentieux ce que je vais dire là, mais mes camarades et moi, quand on écoute de la musique, on voit le code en arrière des morceaux et on peut jouer avec autant qu’on veut." Assuré et confiant, Gregory Charles préfère de loin les dangers de la spontanéité et les risques de l’improvisation aux spectacles réglés au quart de tour et qui ne laissent pas de place pour la surprise et l’inattendu. Tant par respect pour ses musiciens que par amour pour la musique, il se refuse à produire le même spectacle un mois durant. "On n’a pas de répertoire fixe. On improvise tout, on transforme le déroulement du show selon notre humeur. On va faire plus d’une vingtaine de spectacles; tu ne peux pas demander à des musiciens de ce calibre-là, dont Paul Brochu à la batterie, de jouer toujours la même chose pendant 25 représentations en ligne!"

Hédoniste, l’affection qu’il porte à la musique est très concrète: "C’est une langue que je parle couramment et que je peux traduire facilement. C’est elle qui me révèle le mieux. Dans Loin de la lumière, je raconte mes propres angoisses et le soul est ce qui rend le mieux mes préoccupations du moment: la capacité de vivre à deux, d’être honnête et ouvert à l’autre. J’ai été un bon performeur, mais pas un très bon amant, et c’est ce que j’explore dans l’album." Son premier projet francophone, très personnel et complètement exempt de censure, est transi d’impressions de révérence et de sacré auxquelles se joint une ambiance feutrée empreinte de volupté. "Le groove, c’est l’incarnation physique de la musique. C’est la façon de passer de son côté intellectuel à son côté plus charnu et sensuel. Je ne veux pas du tout avoir l’air indécent, là, mais c’est un rythme de baise. Mon album s’inspire beaucoup de ça, c’est un album pornographique."

Jusqu’au 31 décembre
Au Théâtre Capitole
Voir calendrier Rock/Pop

À écouter si vous aimez /
Tom Jones, Jean-Pierre Ferland, Richard Cheese