Guide d'achats 2007 – Pop/Rock franco
Musique

Guide d’achats 2007 – Pop/Rock franco

TOP 3 – Dumas

Klaxons
Myths of The Near Future

J’ai vraiment adoré ce disque. Les Klaxons font du rock hyper intéressant, très mélodique. Les arrangements vocaux sont excellents. Ce sont des jeunes Britanniques; je les ai découverts en lisant des magazines de musique.

Wilco
Sky Blue Sky

Voilà mon disque de l’automne. Jeff Tweedy, c’est un de mes songwriters préférés. Je suis un fan depuis longtemps, il est une grande source d’inspiration pour moi. Je trouve que c’est un des grands auteurs de sa génération. Le band est aussi une source d’inspiration pour mes musiciens, notamment pour mon guitariste. J’aime beaucoup Wilco.

Patrick Watson
Close to Paradise

Je trouve que Patrick Watson est un mélodiste extraordinaire. C’est un Montréalais et, selon moi, il n’a rien à envier aux grands artistes d’ailleurs dans le monde. Son disque est d’envergure internationale; je lui souhaite de conquérir la planète. Je crois que l’album pourrait obtenir ce genre de succès. Ça faisait longtemps que je voyais Patrick jouer à Montréal. Puis, quand l’album est sorti, j’ai fait "Wow!". Je pense que ça va super bien pour lui. Justement, je viens de lire une excellente critique dans le Q Magazine: il a comme quatre étoiles! C’est un artiste d’ici, il est super sympa et il fait un travail extraordinaire.

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Top 3 – Tricot Machine

Urbain Desbois
La gravité me pèse

Nous aimons Urbain Desbois depuis longtemps! Si sa poésie est toujours aussi unique, c’est certainement son approche plus mélodique qui différencie vraiment ce disque des autres qu’il a faits. Nos chansons préférées: la pièce titre de l’album (La gravité me pèse), Fidèle et Tout m’énerve (que nous écouterons en boucle, encore et encore).

Jérôme Minière
Coeurs

Nous n’en sommes qu’à nos premières écoutes de ce nouvel album de Jérôme Minière et déjà nous sommes conquis. Plus personnel et définitivement moins cérébral que les précédents, ce disque est captivant à tout point de vue et porte remarquablement bien son titre.

Émilie Proulx
Dans une ville, endormie

Paru en début d’année, le EP d’Émilie Proulx figure parmi nos plus grands coups de coeur de 2007. Il offre un équilibre parfait entre les textes et la musique, qui laissent tous deux transparaître la grande intelligence émotive d’Émilie. Cinq chansons précieuses, d’une lourdeur apaisante, qui donnent envie d’en entendre davantage.

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FRANCO /

Daniel Bélanger
L’Échec du matériel
(Audiogram/Select)

Daniel Bélanger a pris l’habitude de frapper avec raffinement là où l’on ne s’y attend pas. Du folk plus conventionnel, il est passé à l’éclatement des formes et à la chanson électro. Revenant à un canevas plus folk, le maître de la pop québécoise moderne signe un disque franchement apaisant. Même si Daniel se permet quelques formidables explorations mouvementées (l’accrocheuse Fermeture définitive et l’orientale Demain, peut-être), une douceur réconfortante ressort de ses mélodies planantes (La Collision), de ses accords de piano berceurs (Tout à coup) et de ses sereines pièces à la guitare sèche (La Fin du monde). L’antidépresseur idéal pour affronter le cruel manque d’humanité de notre société capitaliste, principal thème de L’Échec du matériel. (O. Robillard Laveaux)

Tricot Machine
Tricot Machine
(Grosse Boîte/Outside)

Quelle belle surprise que ce premier opus du duo Tricot Machine! Ce qui séduit d’abord, c’est l’aspect ludique de cette pop pianotée. Place au jeu, à la folie douce, un univers qui évoque parfois Ducharme ou Vian. Il faut souligner ici l’immense talent de Daniel Beaumont qui signe la plupart des paroles, mises en musique et interprétées avec dextérité par Matthieu Beaumont et Catherine Leduc, l’âme du Tricot secondée à la réalisation par David Brunet. Mais sous des atours légers, il y a beaucoup de tendresse, de compassion, de drames qui se camouflent dans ces chansons fabuleuses (Les Oreillons; La Pluie), absolument uniques. Dans l’hilarante Super ordinaire, Matthieu chante "Je voulais être révélation de l’année". C’est maintenant fait. (F. Hébert)

Jérôme Minière
Coeurs
(La Tribu/Select)

Jérôme Minière retrouve Jérôme Minière après l’épisode conceptuel d’Herri Kopter. Retour à la chanson, Coeurs nous rappelle son précédent Petit Cosmonaute (2002) mais ce nouvel effort souligne aussi une certaine forme d’ouverture chez Jérôme Minière. Ouverture aux autres (plusieurs musiciens ont été invités à collaborer), mais surtout ouverture sur lui-même puisque l’auteur-compositeur laisse parler son coeur sans avoir peur des clichés. Un album que Minière a voulu simple mais qui bénéficie néanmoins d’une instrumentation riche et sobre. Avec Coeurs, Jérôme Minière s’émancipe, se dévoile, révélant ainsi (ou enfin) un côté sensible – qu’on devinait de toute façon. Une galette un peu moins cérébrale que ses précédentes, un album qui vient du coeur finalement! (P. Baillargeon)

Zachary Richard
Lumière dans le noir
(Musicor/Select)

Zachary Richard a mis sept ans à fabriquer ce nouvel album enregistré entre Paris, Montréal et La Nouvelle-Orléans. C’est du solide. Peut-être un de ses disques les plus inspirés, les plus furieusement beaux. L’accent, avec le temps, semble s’être adouci, la portée de ses mots s’en trouve accentuée. Il chante les catastrophes naturelles, les injustices, mais loin de la lourdeur habituelle des chanteurs engagés. Zachary a le verbe haut et une maîtrise fantastique du langage poétique – tantôt le sien, tantôt en s’inspirant d’écrivains (Louis Hémon, Élise Turcotte). Mais il ne faudrait pas oublier que l’emballage musical a été "gossé" dans un bois pur et que le chanteur sait y faire, côté mélodies. (F. Hébert)

Navet Confit
LP22
(La Confiserie/GSI/Select)

Navet Confit fait preuve d’une intelligence musicale aussi brillante que celle des Malajube ou Karkwa. Des idées géniales, le rock planant et psychédélique de LP22 en offre deux pelletées: les guitares lourdes d’Aspirines, la mélodie d’Aujourd’hui, l’atmosphère enveloppante de Joyeux Anniversaire, le rythme déconstruit à la Kid A de Janvier (le mois), le pastiche nirvanesque de Grunge… On aimerait toutefois dire à Navet qu’il gagnerait en accessibilité en évitant les pièces trop longues (Hublot), en coupant certaines expérimentations moins réussies (Vingt dollars) et en écartant les passages où l’énergie tombe à plat (Une tonne de plume…). Mais Navet est un auteur-compositeur au service de l’art qui se fout des stratégies marketing. Cet album double démontre son refus des compromis. (O. Robillard Laveaux)

O Linea
L’Ordre des choses
(Slam Disques/Local)

Si l’écurie Slam Disques a présenté quelques groupes punk commerciaux gomme balloune nuisant à sa réputation, elle rehausse grandement son image depuis quelques mois en offrant des produits de qualité. Il y a d’abord eu Map, et voici, directement de Saint-Jean-sur-Richelieu, O Linea qui lance son deuxième disque, le premier en français, L’Ordre des choses. Maintenant armée d’un troisième guitariste, Félix-Antoine Couturier (Kodiak), la formation punk emo frappe avec force grâce à des compositions recherchées sans toutefois tomber dans l’expérimental extrême comme The Mars Volta. L’agressivité et la voix aiguë du chanteur Julien Vézina se comparent d’ailleurs à celles de Cedric Bixler-Zavala (de The Mars Volta). En se cherchant une authenticité plutôt qu’une âme commerciale, O Linea se hisse parmi les meilleurs groupes punk de la province. (O. Robillard Laveaux)

El Motor
El Motor
(Véga Musique/Dep)

Au centre d’un engouement qui, malgré des concerts peu convaincants, lui a permis de signer avec Véga Musique (Sylvain Cossette, Andrée Watters), El Motor lance enfin son premier album éponyme. Formée des cendres de Trémolo, la formation pop vitaminée compte sur cette même richesse musicale perceptible dans les mélodies, accrocheuses quoique plaintives, du chanteur Pierre-Alexandre Bouchard et dans les sublimes arrangements de claviers et de guitares psychédéliques, la grande force d’El Motor. Près du registre de Karkwa pour sa production léchée et ses références feutrées britanniques, le compact se démarque des nombreuses parutions rock/pop, dites "indie moderne", lancées cet automne sur la scène locale. (O. Robillard Laveaux)

Frank Martel et l’Ouest Céleste
Yé Yi You Ya
(MFMV?/Dame)

On a pu voir Frank Martel en joueur de thérémin dans différents projets de musique actuelle, mais il troque une fois de plus l’impalpable instrument contre le ukulélé et la guitare, et passe d’un rôle muet à celui de poète country sur son troisième effort. Comme ses mots, sa musique n’est pas aussi simplette qu’elle le laisse d’abord croire, et la présence du guitariste Bernard Falaise (aussi arrangeur et réalisateur) garantit une certaine subtilité dans les mélodies. Dans tous les cas, malgré le fond country, on reste loin de Marcel Martel; ici, l’ensemble dérive entre le surréalisme urbain et la divine inspiration des last calls. (R. Beaucage)

Urbain Desbois
La gravité me pèse
(Audiogram/Select)

D’entrée de jeu, Urbain Desbois frappe fort avec son quatrième album, La gravité me pèse. Il clame que ses "chansons ne servent à rien" (faux modeste?) en ouverture d’un disque qui pourrait bien être son meilleur à ce jour. Si ses compositions sont toujours aussi solides, entre étrange poésie quotidienne et critique pleine de dérision, c’est la nature de l’enrobage musical qui évolue à grande vitesse. Et cela, on le doit au réalisateur Jean-François Lemieux, qui donne une ampleur rafraîchissante aux morceaux d’Urbain – mariage parfait. Ça cogne, ça groove, c’est joyeusement pop, ou admirablement délicat. Tout le monde y gagne, l’art de la chanson aussi. (F. Hébert)

Mick est tout seul
Les Chansons perdues
(EMI/Fusion3)

Sans ses deux comparses Naja et Jojo, Mick est tout seul… et il se débrouille très bien ainsi. Le chanteur et principal compositeur de la formation alterno française Mickey 3D a concocté une série de 14 chansonnettes assez personnelles, sans pour autant dérouter les fans du trio. Si le son est similaire à celui des albums de Mickey 3D, on dénote tout de même une approche plus intimiste et minimale où les influences du musicien – des Cure aux Psychedelic Furs, en passant par Felt et The Smiths – se font davantage sentir. Entre rock sombre ou distordu et ballades folk dépouillées, Mickaël Furnon a bricolé un disque introspectif et intimiste porté par des textes touchants et beaucoup moins socio-réalistes que ceux qu’il écrit pour son groupe. Les chansons perdues trouveront certainement bien des gens pour les sauver! (P. Baillargeon)

Plaza Musique
L’Amour et l’Occident
(Le bonheur des sons/LOCAL)

Douce pop feutrée aux accents européens, les compositions bilingues et particulièrement matures de Plaza Musique évoquent les univers sonores d’Air, des Beatles, de Stereolab et de Bertrand Burgalat. Couchée sur des atmosphères rêveuses servies par des instruments à corde, des synthétiseurs, des guitares et de jolies lignes de basse bien rondes, la voix de Maude Robillard confère une légèreté aérienne aux dix titres du compact qui se termine par une surprenante et touchante pièce en trois mouvements de huit minutes, où chante Pierre Lapointe. Le pianiste Lewis Furey compte aussi parmi les invités. (O. Robillard Laveaux)

Les Charbonniers de l’enfer
À la grâce de Dieu
(La Tribu/Select)

Ça faisait plaisir de voir les cinq chanteurs en janvier dernier à La Tulipe, alors qu’ils nous présentaient les pièces de ce nouvel opus. On s’étonnait de la justesse de leurs harmonies et de la précision de leurs podorythmies; eh bien, sur disque, c’est encore mieux. La rondeur des voix est superbe, la qualité des harmonies, exquise, et le tapage de pieds en stéréo n’a jamais si bien sonné! Certains des sujets de ces chansons a cappella sont assez irrévérencieux (on mange du curé ou de la soupe… à la merde), mais il y a aussi de l’amour, et même Gilles Vigneault, charbonnier honoris causa, qui pousse une joyeuse Firlibi. Le genre qui trotte dans la mémoire longtemps. (R. Beaucage)

Serge Gainsbourg
Et caetera
(Universal)

Ce double CD en public de Gainsbourg est offert pour la première fois dans sa version intégrale et a été remixé par le spécialiste Bruno Blum. Enregistré en 1979 au Palace à Paris, il illustre la période reggae du chanteur, avec quelques reprises de ses classiques (Harley Davidson; Bonnie and Clyde). L’objet de collection impressionne d’abord: imposant livret, nombreuses photos, longue présentation historique. Celle-ci s’intitule "Vie, mort et résurrection d’un album maudit" et donne le ton: chic et méticuleux, comme les dingues du chanteur aiment. Avec en plus des bonus et des inédits. (F. Hébert)

Jorane
Vers à soi
(Tacca/Select)

L’album du retour aux sources. La phrase est de Jorane elle-même. Après s’être frottée à son langage intérieur (16 mm) puis au dialecte de l’autre solitude (The You and the Now), la musicienne renoue avec la langue de chez nous pour la première fois depuis Vent fou. Les textes sont fluides, plus narratifs, mais toujours écrits à l’encre d’une poésie à la fois accessible et voilée. Sur le plan structurel, on constate rapidement un élargissement des cadres: les pièces sont plus ouvertes, plus aérées, forment un espace qu’il fait bon visiter. L’interprétation, irréprochable, pousse l’ensemble vers le haut. Les musiciens rassemblés (Stefan Schneider, Miles Perkin, Éloi Painchaud, ce dernier coréalisateur…) arriment leurs excellences respectives au talent de Jorane. La cohésion est indéniable. (M. Defoy)

Émilie Proulx
Dans une ville endormie
(La Confiserie/GSI)

Émilie Proulx sort un premier disque pour convaincre. Un maxi: cinq chansons pour tenter de rendre l’auditeur accro. Elle y parvient après 30 secondes. Cette chanson d’ouverture, Des horreurs au hasard, est une splendeur. Du folk comme aime le pratiquer une jeune génération québécoise (Carl-Éric Hudon, Nicolas Huart), avec quelques touches d’indie-rock. Le goût de l’artisanal, du cousu main, en fait des chansons haute couture. Naturellement, la couleur dominante est le noir, mais la ferveur du chant et de l’écriture balaie tout. On est subjugué par la beauté calme et forte de ce maxi. Vivement un album complet. (F. Hébert)