Michael Kaeshammer : Changer pour rester le même
Le pianiste Michael Kaeshammer a conjugué l’écriture à la composition et se renouvelle avec la parution de son dernier disque.
Michael Kaeshammer profite de quelques journées de repos avant de repartir sur la route. De retour chez lui à Toronto, il se laisse bercer par la voix de Percy Mayfield, chanteur de blues des années 40 et auteur de quelques-uns des plus grands succès de Ray Charles et Curtis Mayfield. La conversation tourne vite sur la carrière de cette légende.
Pas surprenant de la part du musicien jazz qui a toujours cultivé des intérêts variés en matière de musique. De Hank Williams à Willie Dixon, nous sommes loin de l’artiste puriste qui ne cultive que les grands classiques du jazz. Le musicien nous a habitués à des reprises surprenantes sur ses productions précédentes, se laissant guider par ses sentiments. "Charlie Parker et Art Tatum sont des musiciens qui ne représentent pas seulement la musique jazz, mais bien des hommes qui se sont dédiés à leur musique avec honnêteté, affirme-t-il. C’est ça qu’on doit respecter. Lorsque j’ai choisi d’adapter Stop that Train de Peter Tosh, je ne me serais pas vu en train de jouer du reggae, je n’irais pas jusqu’à me laisser croire que je serais crédible. Mais rien ne m’empêche d’aimer une chanson et de la faire mienne dans un vocabulaire musical que je maîtrise."
Après quelques spectacles avec Holly Cole, dont il assume la première partie depuis un certain moment, c’est sur la route que son dernier disque, Days Like These, s’est conceptualisé. Une période qui pourrait correspondre à un passage à vide où la solitude et la routine des tournées ont joué sur son moral. "Je n’ai jamais douté de mon métier, précise-t-il, ce n’est pas comme si j’avais voulu tout remettre en question. J’étais en tournée depuis quatre semaines aux États-Unis, seul en voiture, et j’ai été porté à réfléchir sur mon rôle dans la musique et sur ce qui me rendait heureux dans ce métier. Nous sommes peut-être plus centrés sur nous-mêmes sur la route", explique celui qui vient d’opérer un virage en signant un cinquième opus qu’il revendique pour la première fois à titre d’auteur.
Une métamorphose qui s’est opérée au hasard de réflexions élaborées en toute simplicité et sans crise identitaire. "J’ai commencé un journal et c’est devenu le point de départ pour l’écriture des chansons qui composent ce disque, poursuit-il. Ça m’a permis d’assumer ce que je voulais faire et d’arrêter de me soucier de la perception des autres. Alors que je composais et que j’écrivais ces chansons, je n’ai jamais pensé, par exemple, à la scène. Ce fut la meilleure façon pour moi de revenir à ce qui me motive dans la musique et d’assumer ce que je deviens comme musicien."
À cela se rajoute David Piltch, le contrebassiste au sein du trio d’Holly Cole, que nous retrouvons ici à titre de producteur. "Je le connais depuis des années et c’est un ami, explique Kaeshammer. Je n’avais pas d’idée précise pour un producteur et il s’est imposé naturellement après une visite chez lui en Californie. David a pu m’aider à sortir cette musique de ma tête. Il arrive quelquefois qu’on se concentre un peu trop sur les arrangements et la technique. Avec lui, j’ai pu m’aiguillonner sur une approche beaucoup plus simple et épurée."
Le 7 décembre à 20h
Au Palais Montcalm
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À écouter si vous aimez /
Chet Baker, Michael Buble, John Pizzarelli