Joanna Moon : Orpheline d’adoption
Avec Joanna Moon, fini le mythe du gitan orphelin qui pleure la mort de ses parents. Elle a adopté le flamenco comme mode de vie, sans aucun remords.
Joanna Moon a un parcours bien singulier. Originaire du Bas-du-Fleuve, elle tâte du folk et du prog avant de succomber à une passion qui la brûle, le flamenco: "C’est pas un choix que j’ai fait. Chaque fois que j’entendais du flamenco, ça venait me chercher, ça me dérangeait. À un moment, j’ai décidé d’essayer et je suis allée jouer avec un guitariste flamenco à Montréal (Normand Vanasse). Il m’a dit "Oui, c’est ta voie." Depuis, c’est devenu un style de vie."
Elle assaisonne ses cantes français et espagnols d’un mélange des musicalités flamenco, latino, arabe et caribéenne concocté par de chevronnés musiciens. Denis Duffin, guitariste flamenco (toque) attitré, Bartek Kozminski aux percussions, Jaro Czerwinec (des Cowboy Junkies) à l’accordéon et Caner Ustundag à la basse assurent une solide assise aux compositions et interprétations de Moon. Celle-ci rigole d’ailleurs sur les aléas de cet interculturalisme: "Quand je présente les musiciens, je dois y aller tranquillement parce qu’ils ont tous des noms flyés. C’est une job juste d’apprendre leurs noms!"
À la recherche de musiciens worldbeat, elle quitte Montréal pour la Ville Reine au tournant du millénaire. "Officiellement, mon but était d’aller chercher des musiciens de partout dans le monde. Mais en fait, c’était pour suivre un vrai gitan qui avait de la misère avec ses papiers", me confie-t-elle. Dans son approche franche, Joanna dit tout haut ce qui lui passe par la tête. Une franchise à deux tranchants puisqu’elle ponctue son discours de joyeux "Écris pas ça dans ton article, là!".
En attendant la sortie de son album, Vagabunda, prévue pour le printemps 2008, Joanna et sa bande seront au CNA pour livrer un avant-goût de ce flamenco métissé: "Ma musique n’est pas toujours puisée dans la torture, comme le flamenco traditionnel. Il faut que les gens s’attendent à passer par différentes émotions. C’est la vie, dans le fond. En un mot, ça va être intense à tous les niveaux. Intense et chaleureux." Comme elle, quoi!
Le 14 décembre à 20h
À la Quatrième Salle du CNA
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À écouter si vous aimez / les Gitans de Sarajevo, Niña Pastori, le flamenco,