La Ligue du Bonheur : Bonheur de saison
La Ligue du Bonheur, Coup de coeur francophone 2007, sillonne les routes pour répandre son antidote à la morosité et à l’"amorphisme" ambiants.
Jean-Marc Lalonde m’avertit d’entrée de jeu: "Je suis sur le chemin entre Chapleau et Wawa, si je perds le signal, on se reprend un peu plus tard." C’est que La Ligue du Bonheur, son collectif multidisciplinaire, arpente le nord de l’Ontario pour partager une passion contagieuse: les contes, chants et danses traditionnels.
Lalonde (accordéon) et Martin Newman (contrebasse) étaient à peine sortis de l’aventure Deux Saisons que déjà, l’idée d’un ensemble traditionnel format "tout compris" germait dans leurs têtes. C’est donc avec Louis Racine, un conteur et câleur de Casselman, Jason Hutt, violoneux et tapeux d’pieds (ou podorythmiste pour les orthodoxes) et Simon Mercier à la guitare que la Ligue prend son envol à la faveur d’un retour à ces traditions presque perdues. "On voyait le vide qui avait été laissé par la fin de Deux Saisons, les gens avaient soif de musique traditionnelle", remarque Lalonde en mentionnant l’importance du phénomène Fred Pellerin pour ce désir d’entendre les histoires de nos grands-pères.
En plus des concerts, la Ligue profite de sa tournée pour prodiguer des ateliers de danse traditionnelle dans les écoles. Pour Jean-Marc Lalonde, si les sets carrés n’ont pas la cote chez la jeunesse, c’est parce qu’on ne lui a jamais appris: "On demande: "Le set carré, c’est une danse de vieux ou de jeunes?" Puis ils répondent: "Yo, c’est une danse de vieux, Monsieur." Après l’atelier qui dure une heure, ils sont crevés, ils sortent leur Ventolin et disent: "C’est une danse de jeunes, Monsieur." Ils sortent de là trempes en lavette."
Et n’allez pas croire que le groupe est plus tendre envers les parents: "Un spectacle de la Ligue demande beaucoup du public. Tu vas chanter, danser, tu vas être forcé de prendre la main de ton voisin. C’est vraiment ce qu’il y a de plus interactif. Le quatrième mur n’existe vraiment pas pour nous autres", explique l’accordéoniste.
Après les concerts du temps des Fêtes, la Ligue retourne en studio pour terminer un album qui devrait paraître au début de février 2008. "Tout ce qui se trouve sur ce disque n’a jamais été enregistré avant. Il y a deux ou trois compos, puis le reste c’est des chansons traditionnelles avec des instruments traditionnels pour l’oreille contemporaine. La seule modification qu’on fait, c’est de réduire la durée de certaines pièces parce que les gens ont moins de temps aujourd’hui. À partir de l’arrivée du transistor, les gens ont arrêté de conter, de chanter, alors on essaie de faire revivre ça", détaille le leader du groupe avec attention. On trouvera sur cet album de quoi contenter les fans autant que les curieux, mais cette culture traditionnelle prend assurément tout son sens durant les veillées. Ces formes d’art sont conçues pour et par le rassemblement.
En ces temps de questionnements sur notre place et celle des nouveaux venus, il est bon de se rappeler à quel point l’intégration peut être festive et naturelle. Il suffit d’un essai pour s’en convaincre. Nos grands-parents savaient…
Le 14 décembre à 20h
À La Basoche
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À écouter si vous aimez / Fred Pellerin, La Bottine souriante, les danses traditionnelles