Les 25 ans du Montreal Jubilation Choir : Brève musique 2007-12-13
Stanley Péan
Le seul choeur gospel canadien de réputation internationale célèbre cette année son quart de siècle d’existence. Pour l’occasion, la formation fondée et dirigée par Trevor W. Payne élira domicile pour trois soirées consécutives à la St. James United Church en compagnie du Jubilation Big Band et d’un invité de marque, le pianiste virtuose Oliver Jones. Ce sera l’occasion pour la chorale de revisiter ce qu’elle nous a offert de plus inspirant et jubilatoire au fil des 25 dernières années en termes de musique gospel, un programme dont le récent album Jubilation XI: Looking Back, vol. 2 (Justin Time) offre déjà un bel avant-goût. Praise the Lord! Amen! Les 14, 15 et 16 décembre à la St. James United Church.
Attack the Block: savourez la délinquance
Les britanniques affichent une fascination assez prononcée aux jeunes délinquants. Cinéma d’auteur, commercial, drame, comédie, nommez-les, tous semblent aborder le sujet aussi frontalement qu’en diagonale notable. Pourtant, au-delà de la méfiance et de la peur, se cache la possibilité de virer le problème à 180 degrés pour tourner en dérision la situation afin d’y déceler un côté d’une jouïssance qu’on n’aurait jamais cru pouvoir s’imaginer. Cette folie complètement démente nous vient donc de Joe Cornish qui a voulu insuffler toute la modernité britannique dans la plus pure tradition du film de genre, et dans le cas qui nous intéresse: le film d’invasion extra-terrestre.
Du coup, que retrouve-t-on ici? On retrouve une bande de voyous qui menace une jeune femme pour lui voler ses biens. Tout va bien dans la mesure du possible, ce, jusqu’à ce qu’un objet non identifié s’écrase à leur côté. Apocalypse? Pas tant. Seulement une créature bizarre qui a bien envie d’attaquer un peu.. Par contre, le twist ici c’est que les gens avec qui elle a à faire ne sont certainement pas là pour paniquer, s’enfuir ou se laisser faire. Bien au contraire, au-delà de ce qui deviendra de la défensive alors que le problème s’amplifiera, ils débuteront d’abord par de la provocation et dès lors, le charme inattendu prendra son envol.
Ils sont jeunes, plutôt bêtes, mais ils ont de l’attitude à revendre. Ils ont le look qui va avec et vivent ainsi pas nécessairement par choix. Lorsqu’une situation gravissime dont ils sont pratiquement la cause s’emballe, l’heure d’assumer ses responsabilités s’imposent alors que se pointera peut-être enfin la chance de leur vie pour prouver réellement ce qu’ils ont dans le ventre.
Coming-of-age? Pourquoi pas!
Attack the block est donc une jouïssive incarnation de genres et de styles qui se mettent à profit pour pondre un film hip, moderne et rythmé qui joue la carte du style au profit d’une histoire qui n’a rien à envier par la candeur de ses situations. Montage assuré, trame sonore impeccable, judicieuse direction photo qui donne à la noirceur de la nuit un côté inquiétant, mais lumineux, Cornish ne se fait pas prier pour un insuffler à l’ensemble nombre d’idées et d’essais de mise en scène qui s’avèrent d’ordre général tous gagnants. (Mention à une captivante séquence dans un couloir enseveli sous la fumée, filmé relativement à l’aide de longs plans, ainsi qu’à l’utilisation judicieuse des créatures phosphorescentes).
Parce que ses personnages sont aux limites de la caricature, mais avec un fondement psychologique bien ancré, et surtout parce que la distribution qui les interprète est des plus inspirée, l’écoute se transforme fort rapidement en bonheur. Oui, on rit, mais on sursaute aussi. Les effets spéciaux malgré les moyens sont ingénieux et on se laisse sans contredit aller.
En plus, la présence non-négligeable de Nick Frost, démuni de son fidèle comparse Simon Pegg qui est de plus en plus en demande de l’autre côté de l’océan (parce que plus typique donc exportable probablement) contribue à la palette de personnages colorés, autant à l’avant, qu’au second-plan, qui multiplie les moments judicieux du long-métrage. En plus, il trouve un hilarant accolyte en la personne de Luke Treadaway, simplement merveilleux dans un rôle aussi décalée que la proposition en soi.
Raconté comme une course contre la montre avec un sens inné de la narration, multipliant les lignées et les événements parallèles, rien ne semble de trop. On a envie d’être partout à la fois et de ne manquer aucune seconde de leurs tentatives de survie. Parce que oui, ils sont partout, en dedans, dehors, en haut, en bas, caché, exposé.. En plus, ils sont nombreux et ils ont tous le même cran: les copines, les jeunes, la victime du début transformé en dernière chance.. Aucuns doutes, on est servi!
Et puis en restant toujours avec un lien serré avec l’enfance, montrant une virtuosité certaine pour filmer le mouvement, braquant sous les projecteurs fusils à eau, vélos et autres bidules, on a l’impression d’être à la cour de récré avec des enjeux un tantinet plus décisifs.. Et, à travers explosions, violence et attaques, à un danger beaucoup plus palpable également..
Enfin, face à un film aussi divertissant aux répliques aussi savoureuses que le long-métrage en soi, si on écarte les très rares baisses de régime, on est assuré d’avoir face à soi un film qui s’offre et s’écoute avec plaisir. Une véritable bouffée de bonheur qui promet un bel avenir à Joe Cornish, ce, le tant qu’il trouve un style aussi décisif que l’a fait Edgar Wright avant lui. Pour l’instant, on ne peut que s’asseoir et profiter avec jouïssance d’un si grand et juste divertissement, parce oui, on le mérite bien!