Revue 2007 : Si la tendance se maintient
L’année 2007 qui s’achève n’a guère été différente de la précédente et sera probablement similaire à la suivante.
Quel bilan pourrions-nous tirer de cette année 2007 en ce qui concerne le merveilleux monde de la musique "populaire"? C’est la question que je me suis longuement posée avant d’arriver à cette banale conclusion: 2007 ressemble beaucoup à 2006, autant ici au Québec que dans le reste du monde.
En 2007, le bouleversement engendré par la diffusion de la musique en ligne s’est poursuivi et on assiste toujours au lent mais inexorable déclin de l’empire du disque tel qu’on l’a connu jusqu’à la fin des années 90. Les ventes de disques chutent toujours un peu plus à chaque année mais jamais n’avons-nous eu accès à autant de musique, au point où l’offre dépasse largement la demande. C’était le cas en 2006 et même avant, ce l’est encore plus aujourd’hui et ce le sera davantage demain.
Histoire de freiner cette chute, les majors, de moins en moins aventureuses, tentent de capitaliser sur la nostalgie. Cette année encore, nous avons assisté à des reformations plus ou moins réussies de dinosaures vieillissants du rock et de la pop, à grands coups de tournées lucratives, de rééditions et d’années anniversaires (les 30 ans du punk et du disco, les 40 ans du Piper at the Gates of Dawn, etc.). Les boomers, le principal public visé, achèteront toujours des disques et des produits dérivés de leurs idoles de jeunesse, contrairement aux kids qui, en grande majorité, ont appris à consommer la musique via le Web. Mais de là à encore nous casser les oreilles en nous disant que la musique se meurt, en nous menaçant, en nous rendant coupables, il y a une limite. La musique ne s’est jamais mieux portée et jamais n’aura-t-il été aussi facile de se la procurer. Ce qui est vraiment triste, c’est que dans cette mutation, ce sont franchement les petits disquaires qui écopent. Les Anges vagabonds ont fermé leurs portes cette année, mais ce n’était ni la première et encore moins la dernière petite boutique de disques sympa à disparaître, hélas… Bref, tout ça, on le dit et l’écrit depuis quelques années déjà. Les choses se mettent naturellement en place, c’est tout.
En ce qui concerne la scène montréalaise (et celles de Toronto et de Vancouver), disons que la hype est toujours bien palpable et que l’intérêt de la presse et du public étrangers envers la musique d’ici ne diminue pas, malgré ce que plusieurs prédisaient lorsque cette ville est devenue le nouveau Seattle/Brooklyn/Londres/Berlin. Montréal est maintenant considérée comme une ville de musique, au même titre que plusieurs grandes villes occidentales.
La vérité, c’est que Montréal a toujours été une ville de musique; ce sont simplement les structures de diffusion qui ont enfin permis au talent local de s’exporter. En fait, si on compare aux années précédentes, le bilan de santé de la scène locale est très positif. Les musiciens ont désormais beaucoup plus de chances de se faire connaître, d’être diffusés, d’avoir un public fidèle et assez nombreux. Mais de là à dire qu’ils arrivent à vivre de leur art, c’est une autre chanson…
Sinon, en vrac, 2007 a été l’année de la folie médiatique autour des concerts et de l’album d’Arcade Fire; des surprises nommées Tricot Machine et Pascale Picard; de la fermeture du Spectrum; de la hype démesurée pour les insignifiants Justice et le retour de la French touch qu’on espérait morte et enterrée à jamais (fallait que je le plogue quelque part, ça!); de l’éphémère mode des iPod battles; de la surmultiplication des blogues et de la révélation que Jacques Villeneuve est mieux derrière un volant que derrière un micro. Sur ce, il ne me reste plus qu’à nous souhaiter à tous décibels et plaisirs pour 2008!
FLIP/FLOP
FLIP /
Mutek 2007
La 8e édition de Mutek fut sans doute l’une des plus réussies des dernières années. Pourquoi? Pour l’éclectisme, tout simplement. C’est en effet la première fois que le petit festival spécialisé en musique électronique sort à ce point de ses frontières et du son qui l’a toujours caractérisé. Ça augure bien pour l’édition de 2008!
Montréal hype
Ceux qui pensaient que l’engouement pour notre ville, engendré fin 2004 par Arcade Fire, les Stills et autres Dears, ne serait qu’un feu de paille peuvent se raviser. Les artistes québécois (et canadiens) suscitent toujours autant l’intérêt des médias et du public. Si Arcade Fire tient encore le haut du pavé, 2007 a été une année exceptionnelle à l’étranger (et ici aussi!) pour Malajube, Patrick Watson, The Besnard Lakes, We Are Wolves, Pierre Lapointe, Pony Up et quelques autres.
FLOP /
Spectrum R.I.P.
Compte tenu que tout le monde savait depuis un moment que la populaire salle allait fermer après les Francos, pourquoi le festival n’a-t-il pas pensé programmer de gros noms rassembleurs durant les 10 jours de l’événement, histoire de terminer ça en beauté? Au lieu de ça, on s’est retrouvé plus souvent qu’autrement dans une salle à moitié vide lors des concerts de fin de soirée. Dommage. Le Spectrum est mort, et ce n’est plus qu’une question de temps avant qu’il ne soit définitivement rasé. On espère tous le voir renaître bientôt, ailleurs et en meilleure forme!
R.I.P.
Fred Chichin, Lucky Dube, Karlheinz Stockhausen, Ike Turner, Lee Hazelwood, Michael Brecker, Brad Delp (chanteur de Boston), Georges "Boule Noire" Thurston, Richard Bell (The Band), Tony Roman, Joe B.G., Michel Caron (Les Classels), Max Roach, Joe Zawinul (Weather Report), Luciano Pavarotti, Bobby Hachey, Bernard Primeau, Porter Wagoner, Sandy West (The Runaways), Kevin DuBrow (chanteur de Quiet Riot), Casey Calvert (Hawthorne Heights), Alice Coltrane, Denny Doherty (The Mamas & The Papas), Paul Raven (Ministry, Killing Joke), Lady Jaye Breyer P-Orridge (Psychic TV), Tony Wilson (Factory Records) et hélas plusieurs autres qui nous ont quittés en 2007.