Krista L. L. Muir : Création en pèlerinage

Elle vient tout juste de revenir d’un périple aux États-Unis en compagnie de Shane Watt au moment de cette entrevue. Enrhumée, et luttant contre une vilaine grippe, elle s’excuse de cet état second dans lequel elle se trouve et qui l’accable. "J’ai l’impression que nous avons vécu toutes les saisons ces dernières semaines. De Houston en passant par le désert et en remontant vers le nord en voiture… Le froid et le chaud. Ça m’a achevée!" rigole-t-elle malgré son triste sort, la tête encore pleine d’images des paysages que sillonne la route 66.

Krista L. L. Muir, qui revenait de Grèce il y a peu de temps, s’est offert une petite tournée dans le sud en compagnie de son fidèle complice. En passant par Nashville et le Texas, ils ont pris la peine de se plonger dans les décors pittoresques des ghost towns américaines en empruntant la route 66. "Nous sommes allés voir cette immense croix au milieu du désert, enchaîne-t-elle. Il y a seulement un petit village de quelques habitants, et cette immense croix, sortie de nulle part, apparaît tout à coup. C’est vraiment surréaliste! Nous voulions aussi entrer en contact avec le vrai monde. Les gens dans ces petits restos de villages inconnus. Je crois que j’ai mangé la meilleure tarte aux pacanes de ma vie dans un petit restaurant en bordure de la route, tenu par un vieux couple très sympathique. Le genre d’endroit où il n’y a pas de carte de prix et où tu donnes ce que tu veux pour le repas. C’était vraiment quelque chose de prendre contact avec le vrai monde. De sortir un peu de la tristesse et du côté superficiel de Nashville."

Après Leave Alight, son premier disque paru au mois de septembre (et après avoir mis fin à son alter ego Lederhosen Lucil), elle médite et travaille sur son prochain album, dont ce voyage a contribué à édifier certaines maquettes. Une prochaine réalisation qu’elle voudrait orchestrer comme un triptyque. "Après mon voyage en Grèce, je me suis intéressée à la langue et je continue encore aujourd’hui à suivre des cours de grec, précise-t-elle. C’est sûr qu’il y aura des textes qui seront chantés dans cette langue, mais aussi d’autres chansons en anglais et en français. Je réfléchis encore sur la trame narrative ou plutôt l’histoire qui se dévoilera et fera le pont entre toutes ces pièces."

Un travail d’orfèvre qu’elle réalisera avec Shane Watt – elle collabore par ailleurs au prochain disque de l’artiste, qui devrait sortir en janvier. Deux créations qui s’entrecroisent et qui se développent en parallèle. En plus de visualiser la texture sonore, qu’elle veut fidèle aux anciennes techniques d’enregistrement analogique, Krista fait le tri dans une banque de sons enregistrés tout au long de ses voyages. "Je me suis acheté une mini-enregistreuse que j’ai sur moi en permanence, indique-t-elle. Je crois que j’ai plus de 500 sons archivés sur mon ordinateur depuis 2002. Des sons ambiants de la ville et de conversations anonymes. Dans plein de langues différentes. Ce sera la seule couleur électronique, sous forme d’échantillonnage, qui sera incluse dans l’album."

Le 11 janvier à 21h
Au Cercle

À écouter si vous aimez /
Shane Watt, PJ Harvey, Cat Power