Pascale Picard : Sur la route
Pascale Picard s’est prêtée au jeu en acceptant de recevoir un journaliste et une photographe de Voir en coulisse lors d’un concert à Granby. Compte rendu.
Lorsqu’une artiste vend 100 000 copies de son premier album en moins de huit mois, on s’attend à ce qu’une imposante machine l’entoure, à ce qu’elle se produise dans des salles de taille importante. Or, en prenant la route vers L’Urbain de Granby où se produisait ce jour-là le Pascal Picard Band, nous savions déjà que nous nous dirigions vers un resto-pub transformé en salle de concert le soir venu.
S’en formaliser serait méconnaître le parcours de Pascale, qui a fait ses débuts en interprétant des succès populaires dans les bars et pubs de la Vieille Capitale. Jusqu’en octobre dernier, elle se produisait encore en résidence hebdomadaire dans un restaurant de Québec. Un engagement qu’elle a dû annuler définitivement à cause d’un horaire fort chargé.
PLUS QU’UNE ARTISTE SOLO
Tout au long de notre entretien, la jeune chanteuse de 24 ans parlera au "nous", prenant bien soin d’inclure le guitariste Mathieu Cantin, le bassiste Phil Morissette et le batteur Stéphane Rancourt dans l’équation Pascale Picard, à laquelle on a même ajouté le mot "Band" sur les chandails promotionnels. "Toutes les décisions sont prises à quatre, m’explique Stéphane. Lorsqu’on nous a demandé de chanter en français avant d’enregistrer l’album, nous avons refusé en bloc. Même chose lorsqu’on nous a demandé de participer à une émission de télé-réalité. Nous ne sommes pas prêts à faire n’importe quoi pour réussir. Nous voulons garder la tête haute, être fiers de ce que nous accomplissons."
"Je refuse les invitations des émissions de télé qui me proposent de jouer avec un house band. J’ai une chimie avec ces gars-là. Les musiciens engagés ne m’intéressent pas."
Il faut avouer que Pascale est en position de force. Pas besoin de s’abaisser pour obtenir de la couverture médiatique. Entre une prestation au festival Osheaga, des concerts en première partie de David Usher en Ontario, l’annonce d’un disque platine (100 000 copies vendues de Me, Myself & Us), un passage à la Coupe Gray et une invitation pour le MIDEM à Cannes en février, Pascale trouve à peine le temps de respirer.
TOUT LE MONDE EN PARLE
Interrogée sur cette étincelle, ce déclencheur qui aurait propulsé sa carrière en seulement huit mois, Pascale peine à pointer un seul élément. "Je sais par contre que mon passage à Tout le monde en parle a eu un impact sur mes ventes de disques." De 2000 à 3000 albums vendus par semaine, ses ventes hebdomadaires ont doublé après la diffusion de l’émission.
Une demi-heure avant son concert, Pascale carbure justement à la boisson énergétique, au vin et à la cigarette, simultanément. "Je ne crois pas qu’un professeur de chant le recommanderait, mais le vin m’aide à placer ma voix", dit-elle avant d’interpréter en coulisse Famous Blue Raincoat de Leonard Cohen. L’exercice lui sert de vocalise. Une force charismatique se dégage instantanément de sa voix, de son pied qui bat la mesure et de sa guitare Taylor dont elle joue sans ménagement.
L’entrée sur scène se fera sans presse. Une dernière cigarette pour passer le trac et un "on va-tu faire du rock?" lancé à ses musiciens après que le directeur de tournée, Carl-Emmanuel Picard (le cousin de), fut venu donner le O.K. aux musiciens. Franchement surprenant, le type. Âgé d’à peine 18 ans (on lui en donnerait 14!), il est en charge de coordonner la tournée; de s’assurer que Pascale soit à temps à telle ou telle entrevue, que le promoteur du spectacle respecte le contrat, etc. Bref, que tout se déroule bien.
BRÛLER LES PLANCHES
Franche et sans gêne en entrevue, Pascale s’amuse tout autant sur scène avec ses acolytes, et elle taquine même la foule. "Je sais que vous ne parlerez pas pendant la prochaine pièce parce que vous avez payé pour l’entendre", lance-t-elle avant d’interpréter Useless, l’une des trois ballades que contient Me, Myself & Us.
En plus de chanter les succès de son compact (Thinking of It, Gate 22, Smilin’!!), le groupe se lancera dans quelques interprétations, dont deux medleys où il peut enchaîner Sweet Child O’Mine de Guns N’ Roses et Glory Box de Portishead sur la même suite d’accords. Des relents de l’époque où Pascale jouait des reprises? "Pour nous, ces medleys sont presque devenus des compositions tellement ils partent dans tous les sens. Nous nous approprions les pièces pour en faire quelque chose de nouveau. Mais c’est certain que plus nous aurons de nouvelles compositions, moins nous jouerons de reprises."
Dans l’industrie, on dit que les 50 000 premiers disques sont les plus difficiles à vendre. Après, soit que ça stagne ou que ça démarre en flèche. Pascale a mis six mois à vendre ce fatidique premier 50 000. Le deuxième s’est envolé en moins de deux mois, et Universal zyeute maintenant le marché canadien et mondial. Ça ne fait que commencer.
Le 19 janvier
Au Zaphod Beeblebrox
Le 22 mars
Au Théâtre des Quatre Soeurs
À écouter si vous aimez / Alanis Morissette, Sarah McLachlan, Avril Lavigne