Anique Granger : Croquer la pomme

La Fransaskoise d’origine Anique Granger a fait sa marque dans la région et dans les corridors piétinés de la musique francophone canadienne comme la cofondatrice du duo Polly-Esther avec son amie de longue date, Rachel Duperrault. Représenté par la compagnie C-Show Productions basée à Gatineau, le tandem aura réalisé en 10 ans trois albums et tourné dans plusieurs pays avec son folk-rock, remportant en 2003 le prix de l’album francophone de l’année aux Western Canadian Music Awards pour Les Cent Pas. "On a appris le métier, on a pris la route et voyagé beaucoup. C’était comme notre école à nous", résume Anique Granger au bout du fil.

Autodidacte qui grattait la six cordes dès l’enfance, elle s’est fait bercer les oreilles par les groupes fransaskois Folle Avoine et Hart Rouge et la culture folk anglophone en vogue avec les Joni Mitchell et compagnie. "On faisait beaucoup d’efforts pour aller chercher de la musique en français. Mon père écoutait principalement de la chanson française. J’ai donc eu l’amour des textes très tôt."

POPOTE FOLK

Au tournant du siècle, la jeune chanteuse quitte Polly-Esther et son plat paysage et met le cap sur la métropole québécoise où fourmillent les artistes et où les occasions pullulent, lui permettant petit à petit de vivre de sa musique. Après avoir fait paraître deux EP, un en français et un en anglais, Anique Granger se sent fin prête pour la parution de son premier album solo complet intitulé Pépins. Pour ce faire, elle a fait appel à Shawn Sasyniuk (anciennement du groupe franco-ontarien En Bref) à la coréalisation. Besoins d’albums obligent, Anique fonde du coup sa propre étiquette, Productions La Grange, dont le nom rappelle ses origines. "Le petit logo que ma graphiste a dessiné ressemble à la grange de ma grand-mère! Je l’aime beaucoup."

La folkie girl signe presque tous les textes et musiques de Pépins – dont les forts jolies pièces Le Ruban de la cassette et L’Alaska l’été -, baignant dans la poésie du quotidien empreinte de son amour de la nature. Celle qui aime popoter et qui a mis en ligne des recettes sur sa page Web (www.aniquegranger.info) qualifie par ailleurs sa musique de "compote de folk", voyant un cocasse parallèle entre son approche de la gastronomie et de la musique. "Le folk est tellement vaste, il renferme tellement d’influences et j’adore faire de la compote! Chaque année, je reviens du marché avec mes pommes, mes fraises. Je fais de la compote et il y a toutes sortes de fruits qui vont dedans! Puis dans la cuisine, je ne suis pas du genre à suivre une recette non plus: je vais la lire et faire les choses un peu différemment, comme en musique. "De la compote de folk", I like the sound of that!"

Un humour taquin, subtil et ironique point également dans ses textes, notamment lorsque l’auteure-compositrice se moque gentiment de son idéalisme (J’inspire et j’aspire), de ses remords (Mes regrets), de sa candeur (Particulièrement naïve). "J’ai eu tendance à être un peu trop sérieuse, un peu trop dramatique et maintenant, j’essaie de ne pas me prendre au sérieux. C’est un effort de prendre des sujets et de les dédramatiser."

ESPRIT DE COMMUNAUTÉ

Dans sa tentative de vivre de son art et d’entretenir des liens avec la communauté artistique, la fille à la guitare se plaît aussi à jouer pour d’autres, autant comme choriste que comme musicienne: "J’adore être dans le band et pas nécessairement en avant. Ça me fait voir une autre facette du spectacle. C’est comme avoir tout le fun mais avec la moitié de la pression! Ça a poussé mon jeu de guitare aussi", relate celle qui ne se sépare jamais trop longtemps de son instrument.

Dans ce même esprit, Anique accueille nombre de compères sur cet album tels que les voix de la Franco-Ontarienne Tricia Foster (qui cosigne Rien à te donner) et de Geneviève Toupin sur deux pièces, sans compter la collaboration de plusieurs musiciens. Elle reprend en outre la chanson Tes Twangs, écrite par son "p’tit frère" David. En plus de sa version personnelle, Anique l’a reprise en pièce cachée de l’album, cette fois interprétée par une chorale où on reconnaît notamment les voix de Marcel Aymar, Michel Thériault et Michel Marchildon. "J’aime les voix masculines! J’avais quelques désirs spéciaux pour mon album. Parmi eux, je voulais une chorale d’hommes, alors j’ai demandé à tous mes amis de gars de passer au studio. Je ne voulais pas que ce soit beau, que ce soit trop préparé, alors je leur donnais le texte et après quelques écoutes, on enregistrait!"

Le pommier d’Anique Granger est sur le point de fleurir avec un premier lancement de Pépins au Petit Chicago de Gatineau lors d’un 5 à 7 le 17 janvier, suivi d’un concert-lancement à Montréal le 2 février au Studio-théâtre de la Place des Arts.

Le 17 janvier à 17h
Au Petit Chicago

Pépins
Anique Granger
Productions La Grange

À écouter si vous aimez / Sylvie Paquette, Catherine Durand, Vincent Vallières