Francine Dufour : La musique d’une vie
Francine Dufour, violoniste au sein de l’OSTR, occupera une nouvelle chaise lors du concert commenté de l’Orchestre, Le Destin de Beethoven. Elle dirigera l’Ensemble à cordes du Conservatoire. Entretien.
Certains connaissent Francine Dufour comme premier violon des deuxièmes violons de l’Orchestre symphonique de Trois-Rivières, d’autres comme soliste, chambriste ou même enseignante. Et lors du prochain concert de l’OSTR, on pourrait bien découvrir une énième facette de sa personnalité professionnelle. En entrée de rideau, la talentueuse musicienne dirigera l’Ensemble à cordes du Conservatoire de musique de Trois-Rivières.
Si elle s’occupe de l’Ensemble depuis son tout premier "respir", il y a de ça une dizaine d’années, Francine Dufour s’apprête à lui faire vivre l’un de ses plus grands moments artistiques au cours des prochains jours. "On a eu plusieurs projets. On a déjà travaillé avec la Maîtrise du Cap. On avait fait une comédie musicale avec elle. Une année, on avait joué des extraits de Casse-Noisette. Mais là, c’est notre première expérience à la salle J.-Antonio-Thompson. Et d’être en première partie de l’OSTR, c’est spécial pour moi parce que ça fait 20 ans que j’en fais partie", explique-t-elle de sa voix douce. Du coup, on ne peut s’empêcher de la questionner sur les origines du projet. "Ça, c’est une idée de Jacques Lacombe. Il voulait que les jeunes aient un contact avec l’Orchestre. Je pense qu’il veut faire des ponts entre les institutions. Au mois de septembre, il y a eu Mme Carbonneau et l’Orchestre de jeunes Philippe-Filion et en février, ça va être Sébastien Lépine et les Estacades", dit-elle avant de prendre une pause. Puis, son esprit nage vers des souvenirs douloureux. L’artiste à la chevelure d’or évoque la perte de son père et le concert de l’Ensemble qu’elle n’avait pu diriger l’an dernier. "Jacques avait gentiment pris ma place au pied levé. Mon père est décédé le lendemain du concert. C’est sûr que cet orchestre-là est lié à des événements qui sont bouleversants; Jacques et les jeunes jouaient pour mon père… Je me demande si, à quelque part, ça n’a pas germé à ce moment-là dans la tête de Jacques de faire ça."
AUTOUR DE BEETHOVEN
Les 15 premières minutes du Destin de Beethoven seront donc allouées à l’ensemble à cordes, dont le but principal est de donner une expérience d’orchestre aux futurs élèves de niveau collégial. Les jeunes interpréteront le Concerto nº5 pour orchestre à cordes de Haendel, des extraits du pétillant Capriccio espagnol de Rimsky-Korsakov et Rigaudons de Jacques Lacombe – l’extrait de Ma mère l’Oye de Ravel a été rayé du programme pour une raison de temps. Des oeuvres accessibles pour tous les musiciens. "J’ai différents niveaux dans l’orchestre, précise Francine Dufour. Il faut que je compose avec ça. J’ai des jeunes qui n’ont pas beaucoup d’expérience et d’autres qui sont là depuis quatre ou cinq ans. Il y a toujours moyen de s’arranger pour que ça fonctionne; tu facilites certaines partitions pour des élèves. Comme ça, tout le monde y trouve son compte."
LE CYCLE DES SAISONS
Francine Dufour porte différents chapeaux. Malgré tout, elle ne perd pas de vue sa principale passion. "À la base, je suis une violoniste. Comme je continue à perfectionner mon art, j’enseigne avec la joie de passer toutes les notions que je peux aux élèves. Pour moi, c’est vraiment relié; plus je joue du violon, plus j’enseigne. Les deux vont ensemble." Et la direction d’orchestre? "C’est comme une autre petite profession que j’ai. Je n’ai pas du tout la prétention d’être un vrai chef d’orchestre; je suis une violoniste. Mais quand même, cet aspect-là te donne totalement une autre dimension du métier. Autant pour un chef c’est important de se retremper dans le bain des musiciens, de rejouer d’un instrument de temps en temps, autant c’est important pour une musicienne de se mettre des fois à la place du chef et d’avoir une vision à l’avant de ce qui se passe. Moi, ça m’aide beaucoup. Je décode mieux la gestuelle du chef et ça me permet de mieux écouter."
En jetant rapidement un coup d’oeil sur l’agenda de la violoniste, on constate que 2008 semble prometteur. Outre le spectacle du 20 janvier, les concerts avec l’OSTR et ses heures d’enseignement, Francine Dufour se produira le 24 février en duo avec Jacques Lacombe à la Maison de la culture de Trois-Rivières. À cela s’ajoutent-ils d’autres projets? "C’est difficile à dire parce que présentement, ma résolution, c’est d’essayer de vivre au jour le jour! Je n’ai pas de projet spécifique. Je veux continuer à faire ce que je fais présentement: jouer le plus possible."
Le 20 janvier à 14h30
À la salle J.-Antonio-Thompson