Hayden : Champ, ville et autres fictions
Quatre ans après Elk-Lake Serenade, Hayden revient avec un nouvel album. Une percée dans l’imaginaire et le studio du chanteur.
En près de 15 ans de carrière, Paul Hayden Desser nous a maintes fois ouvert les portes de son coeur à coups de touchantes chansons folk intimes et dépouillées. Qu’elles soient véridiques ou non, la solitude et les déchirures amoureuses partagées dans ses pièces semblent indissociables du quotidien de cet Ontarien à la voix frêle.
Or, sur la pochette de son nouvel album studio, In Field & Town, le musicien nous ouvre toutes grandes les portes de son studio personnel, le Skyscraper National Park, nom aussi donné à son troisième effort paru en 2001. Photographiée, la pièce a des allures de sanctuaire dédié autant à la musique qu’à la nature. Une dizaine de guitares et autres instruments s’y trouvent protégés par quatre murs décorés d’un trophée de chasse, d’un tapis brodé de chevreuils et de ce fameux papier peint de type forêt, populaire dans les années 70. En ce sens, le titre In Field & Town ne désigne pas la dualité entre les champs et la ville, mais bien l’équilibre entre les deux pôles géographiques.
"Je passe beaucoup de temps en ville à me dire que j’aimerais être à la campagne, confie Hayden. Je préfère aussi écrire dans la nature, lorsque ma copine et moi allons faire du camping, par exemple. Les distractions sont moins grandes. La moitié de l’album a été enregistrée à la campagne, et l’autre en ville."
Cette introduction au coeur du studio d’Hayden n’a rien de narcissique, elle laisse plutôt entrevoir toute la recherche derrière ce cinquième album. Si le piano sert cette fois de fondation aux nouvelles pièces du chanteur, les arrangements s’y trouvent plus chargés et riches, alors que guitares, basse, batterie, vibraphone et trompette remplissent le spectre sonore. "C’est ce qui explique le délai de quatre ans entre mon nouveau disque et Elk-Lake Serenade (2004). J’ai passé beaucoup de temps à essayer différentes sonorités pour chaque pièce. Il m’est arrivé de travailler plusieurs jours sur une chanson pour finalement tout recommencer. Je ne suis pas un maniaque en recherche constante de nouveaux instruments, mais j’aime les possibilités que m’offre un studio bien équipé. Je veux trouver le son parfait pour chaque chanson."
Encore une fois, les textes d’Hayden carburent aux rêves brisés et aux sentiments d’impuissance et d’incompréhension. Même les percées de soleil sont livrées sur fond de tristesse, comme dans Dawn This Feeling: "Les femmes m’adoraient pour mon regard empreint de mélancolie / Maintenant elles m’ignorent pour avoir mis de l’ordre dans ma vie", chante-t-il.
Une phrase autobiographique? "Je préfère ne pas révéler quels sont les propos véridiques de mes chansons. C’est mieux pour moi et pour l’auditeur qui peut interpréter mes pièces comme bon lui semble. J’évite de ruiner la magie en discernant le vrai du faux. Si je lis un livre, je ne veux pas savoir ce qui provient de la propre vie de l’auteur et ce qu’il a inventé. Mais je dois admettre que plusieurs de mes textes sont fictifs. J’aime bien raconter des histoires." Nous voilà prévenus.
Les 18 et 19 janvier à 19h, avec Basia Bulat
Au First Baptist Church
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À écouter si vous aimez /
Iron & Wine, Elliott Smith, Neil Young