J'envoie : Les braves du coin
Musique

J’envoie : Les braves du coin

Les musiciens de J’envoie ont décidé de s’établir pile "Sul Pont", entre les deux solitudes, pour en cimenter les marges.

La compagnie de disques fondée par cette bande d’amis de la région porte bien son nom. C’est Sul Pont que se rencontrent Québécois et Ontariens réunis par une post-pop éclairée. "Il n’y a pas de grosse structure, d’organisation. C’est vraiment plus une question d’idéologie", résume Patrick Sénécal, batteur de J’envoie. En l’absence d’une stratégie de diffusion qui leur convenait, quelques musiciens, dont ceux de J’envoie, ont décidé de subvenir eux-mêmes à leurs besoins. Et pourquoi ne pas migrer vers Montréal ou Toronto? "Si on trouve qu’il manque d’opportunités pour les artistes ici, on n’aide en rien en partant", remarque le claviériste Olivier Fairfield. Celui-ci fait d’ailleurs figure de pilier de la culture outaouaise, on a pu le voir aux côtés d’une panoplie d’artistes aussi disparates que Marc LeMyre ou Jojo (Johanne Lefebvre).

Certes la musique des if then do, J’envoie et autres Heille Gros Tas!!! ne cherche pas à plaire à tout ce que le Canada compte d’oreilles. Le jazz-post-rock-progressif de J’envoie a beau s’étendre dans les périodes réglementaires de la radiophonie commerciale, l’absence de paroles ou de refrains répétés désoriente l’auditeur: "C’est pas de la musique pour tout le monde, mais tout le monde peut aimer ça", tente de clarifier Sénécal. Les plus curieux sauront reconnaître la facture soignée, la beauté des structures, l’harmonie créée entre les instruments. Car même si c’est pas du tout cuit dans le bec, la musique de J’envoie vaut certainement le détour.

Sur ce premier maxi éponyme, Pierluc Clément (guitare, piano), Nathan Medema (basse, percussions), Olivier Fairfield (clavier Rhodes, orgue, piano, percussions) et Patrick Sénécal (batterie, percussions) démontrent un savoir-faire qui distingue le quatuor des nombreux allumés qui s’éternisent en jam post-rock. L’improvisation fait partie du code génétique de J’envoie: "On voulait quelque chose à donner au public à la fin des spectacles. On ne pense pas au studio, on ne pense qu’au live… Il y a plein de sons ambiants qui ont été laissés sur l’album que tu n’entendrais habituellement pas sur une production commerciale. On a laissé ça parce que ça fait partie de notre approche", précise le batteur.

Passionné par cet échange entre les musiciens, J’envoie a enregistré en seulement deux sessions live l’intégralité de ce EP qui confirme ce que les mélomanes de l’Outaouais savaient déjà: on a affaire à des musiciens expérimentés et curieux qui refusent de se laisser prendre dans un milieu trop hermétique. On peut lire dans le communiqué de presse une phrase qui décrit bien cette approche: "Il s’agit de musique pour les braves, qui ne se veut pas pour autant exclusive."

Le 18 janvier
Au Barrymore’s
Voir calendrier Jazz/Instrumental

J’envoie (EP)
J’envoie
Sul pont (en magasin ou sur zunior.com)

À écouter si vous aimez / Les groupes de l’étiquette Constellation / le jazz expérimental / Pawa Up First