Kokolo : Au beat de l'évolution
Musique

Kokolo : Au beat de l’évolution

Kokolo sonne la charge de l’afrobeat au Cercle, avec Love International. Place à la funk-punk sauce new-yorkaise.

D’entrée de jeu, nous sommes en face d’une affirmation. Après un bref coup d’oeil sur le dernier album du groupe Kokolo (Love International), la pièce-titre qui ouvre le disque, Our Own Thing, affirme sans détour une démarche collective assumée et sans compromis. Pour Ray Lugo, le fondateur du groupe, il n’était pas question de se limiter à une seule et unique discipline musicale. Il aborde l’afrobeat comme The Clash ont touché au reggae, sans détour et pour mieux être libre. "Dès le départ, nous étions dans une situation où nos personnalités devaient s’exprimer avec plus de force, explique-t-il pour mettre en contexte cette réalisation. C’est la différence majeure entre cet album et nos précédentes productions. Plusieurs détracteurs se concentrent sur certaines règles que nous ne devons pas enfreindre et sur le caractère authentique que devrait incarner l’afrobeat. New York me met en contact avec d’autres groupes qui font la fusion entre différents styles musicaux. Ce serait impossible pour moi de m’astreindre à nier l’influence que le funk, le punk ou encore le disco peuvent avoir sur moi."

Un aboutissement naturel pour la formation créée à New York en 2001 et qui compte maintenant trois albums à son actif. Une transition essentielle qui marque une seconde vie pour le chanteur, lui qui s’est compromis pendant plusieurs années avec des formations punks. De cette première expérience, il garde une attitude critique en face de l’actualité et le plaisir de fusionner la musique aux discours engagés. "Il y a tellement de problèmes aujourd’hui, constate-t-il. Ce serait stupide de se limiter à dénoncer la corruption et ceux qui profitent du système tel qu’il est constitué en ce moment. Tout ce qui entoure la question de l’environnement, et l’urgence d’agir, nous l’impose."

Cette ligne de pensée s’exprime avec aisance dans une chanson comme Let Compassion Be Your Fashion, une fusion des styles qui montre bien la polyvalence de membres actifs au sein de la formation. "Quand je m’applique à mettre en évidence mes convictions, je le fais en brossant le portrait de nos habitudes: la mode, MTV et la grosse bagnole… Toutes ces choses qui nous déconcentrent et la consommation qui en résulte… Après tous ces siècles, nous ne pouvons qu’être d’accord sur un point: l’être humain est vraiment un animal très stupide!"

Rien de moralisateur pour autant, mais plutôt une simple prise de conscience qui sied à l’ensemble des musiciens et à leur nature pacifiste. Sans dénigrer la culture punk et l’influence énorme du groupe The Clash sur sa carrière, Ray Lugo a décelé dans cette culture un réflexe qu’il ne compte pas inculquer à sa direction artistique actuelle. "Le punk a encore sa raison d’être et mérite sa place. Par contre, trop souvent, on entend le mot révolution. On l’applique constamment à plusieurs revendications. Mais, la révolution, ce n’est qu’un cycle à 360 degrés! C’est un retour à la case départ et vous vous retrouvez au même point. Dans le contexte actuel, pour moi, le mot clé, c’est évolution. Autant dans mes convictions que dans ma musique."

Le 24 janvier à 21h
Au Cercle

À écouter si vous aimez
Antibalas, Afro Sound System, The Clash