The Souljazz Orchestra : L'afro conjuguée
Musique

The Souljazz Orchestra : L’afro conjuguée

The Souljazz Orchestra retourne sur la scène après une période intense en studio. Une suite sous le signe du Manifesto.

Après sa dernière visite au Off festival de Québec l’été dernier, le groupe afrobeat d’Ottawa a planché sur sa nouvelle production, qui devrait voir le jour au mois de mai. Si Freedom No Go Die soulignait une collaboration toute particulière avec le chanteur et guitariste du Burundi Mighty Popo, Manifesto se penchera sur une recherche musicale encore plus éclectique tout en confirmant la venue de la chanteuse Marielle Rivard comme membre à part entière de la formation. Un nouvel équilibre qui procure toute la latitude voulue aux idées du claviériste Pierre Chrétien. "Nous restons aussi diversifiés que sur Freedom, mais c’est très différent, précise-t-il. L’afrobeat et la musique africaine sont encore au centre de notre travail, mais nous touchons aussi au highlife (une musique africaine des années 40 et 50). On a ajouté une composante soul et funk à l’américaine, un peu comme le faisaient James Brown et Aretha Franklin. Ce qui sera nouveau, c’est une composition où j’ai intégré un arrangement classique à l’afrobeat. C’est une pièce où le contrepoint est omniprésent. Un arrangement assez baroque qui peut faire penser à Jean-Sébastien Bach."

Une direction qui n’est pas surprenante si on a écouté l’orchestre attentivement. Les arrangements sont fignolés avec soin et le compositeur du groupe est plus partisan d’une orchestration précise, entre autres pour les cuivres, que d’une séance d’improvisation spontanée. "Dans l’afrobeat, constate-t-il, on se retrouve souvent en face d’un gros jam qui est censé avoir de la groove. Plutôt que de faire des jams et de l’improvisation, j’aime bien composer sur des arrangements précis pour élaborer le son d’ensemble. Bach est une grande influence pour moi, mais j’aime aussi Stravinski et Bartók pour la rythmique."

Au-delà des discours engagés auxquels l’afrobeat nous a habitués, les huit musiciens de l’orchestre cherchent à créer une fresque polymorphe qui témoigne de leur personnalité musicale. Une attitude toute naturelle pour le meneur d’orchestre. "Quand tu regardes l’évolution de l’afrobeat, tu te rends compte que c’est une addition de plusieurs composantes. Par exemple, l’afrobeat vient du highlife, mais le highlife a été inspiré par la musique de cuivres d’Europe, une musique typiquement militaire. Il y a aussi des influences latines qui s’intègrent dans tout ça: l’afro-cubain et le calypso. Et c’est sans compter le funk, le soul et le jazz… On peut amener l’afrobeat où on veut parce que tous ces styles musicaux y sont déjà incorporés."

Une démarche sans fin qui va de pair avec la recherche de sons que le musicien cultive depuis un certain temps. Les claviers et autres synthétiseurs s’accumulent et s’ajoutent à une collection personnelle imposante. "Si tu viens chez moi, tu te retrouves au centre d’un petit musée de claviers et de synthétiseurs. En plus d’un Farfisa, j’ai trouvé un vieux Wurlitzer des années 60 il n’y a pas longtemps, et j’ai mis la main sur un modèle Yamaha aussi. Le même modèle que Sly Stone! Ce sont des sonorités uniques que j’aime ajouter sur le disque. En tournée, je me limite un peu plus."

Le 26 janvier à 22h
Au Cercle
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À écouter si vous aimez /
Femi Kuti, Eric Dolphy, James Brown