Daniel Darc : Suprêmes chansons
Daniel Darc fracasse à nouveau la chanson française avec Amours suprêmes, un sombre et bel album sur lequel on retrouve Alain Bashung et Robert Wyatt.
Francis Hébert
Photo : Rudy Waks
En 2004, le Français Daniel Darc, revenu de tout (du punk, de son groupe Taxi Girl, etc.), accouchait du splendide album Crève coeur, qu’il signait avec le compositeur-réalisateur (et parfois chanteur) Frédéric Lo. Stupeur dans le milieu de la chanson française. On le couvre d’éloges, le cd se vend bien et remporte le prix "Révélation de l’année" aux Victoires de la musique. Avec le nouvel opus, Amours suprêmes, Darc remet le couvert. Il s’associe encore avec Lo, écrit des textes toujours plus romantiques, écorchés, premier degré, loin du cynisme ambiant. Pensez Mano Solo première époque. Loin des modes.
Le nom de son disque fait évidemment référence au Love Supreme de John Coltrane: "Je trouvais ce titre sublime. A Love Supreme, pour moi, c’est le Cantique des cantiques, c’est une déclaration d’amour d’un homme à une femme et en même temps de Dieu à l’humanité." Qu’importe au fond qu’on achète ou non le discours religieux-sauvé-des-eaux de Darc, avec son penchant pour l’autoflagellation publique. La puissance de son écriture est là, ainsi que l’envoûtement des musiques de Lo qui s’entremêlent parfaitement à la voix creuse, abîmée, du chanteur.
Avec lui, c’est la sincérité, quitte à écorcher l’interlocuteur. Vient le temps d’évoquer les prestigieuses collaborations d’Amours suprêmes: "J’aime bien certains disques d’Elvis Costello, mais en fait je m’en fous un peu. Je n’aurais jamais pensé à inviter Steve Nieve (pianiste de Costello), c’est Frédéric Lo qui l’a fait. Et c’est grâce à Steve Nieve qu’on a rencontré Robert Wyatt. Wyatt, c’est une de mes obsessions de toujours. Il est passé, on lui a fait écouter l’album." Il en résulte une présence discrète sur la chanson Ça ne sert à rien. L’auteur de Rock Bottom est remercié pour ses "voix, respirations"! Le souffle d’une légende.
Amours suprêmes n’a pas la fulgurance de Crève coeur, mais après quelques écoutes, il entre dans l’oreille et s’y accroche, comme un chant amoureux.
Daniel Darc
Amours suprêmes
(Universal/Dep)
À écouter si vous aimez /
Alain Bashung, Mano Solo, Christophe