Matt Herskowitz : Le piano dans tous ses états
Matt Herskowitz rejette les conventions et collectionne les collaborations. Il n’a aucune limite et tout s’accorde avec virtuosité.
Méticuleux et très volubile sur le sujet, le pianiste d’origine new-yorkaise Matt Herskowitz est à son aise avec l’oeuvre pianistique de George Gershwin. Rhapsodie in Blue est l’une des premières pièces inscrites à son répertoire, et son plus récent disque, consacré au compositeur américain, était inévitable. Un exercice intense de transcriptions qu’il a composées alors qu’il était en tournée avec le violoniste Alexandre Da Costa.
La Rhapsodie y est incluse, bien entendu, mais le défi était de taille avec les oeuvres concertantes Cuban Overture et Concerto en fa pour piano. "Je connaissais le concerto, mais c’est la première fois que je l’étudiais, avoue-t-il. Au départ, j’avais l’intention de faire un arrangement de Grace Castagnetta, mais j’ai vite réalisé, en le comparant à une autre partition pour deux pianos, qu’il y manquait des lignes très importantes, comme si la moitié de l’oeuvre et ce qui la caractérise étaient mis de côté. Ce n’était pas symphonique alors que je voulais conserver cette signature."
Rien pour simplifier la tâche de l’interprète, qui assume les trois mouvements du concerto en s’employant à respecter l’ensemble des thèmes qui, dans la partition originale avec orchestre, se fusionnent dans une instrumentation fignolée avec soin. "Tout est parfaitement intégré dans ce concerto, constate-t-il. C’est très précis, très tight! Ce sont les mêmes thèmes qui se répètent, mais dans des contextes totalement différents. C’est la première pièce qui possède une structure formelle tout en y incluant du jazz. Mais je n’improvise pas, c’est de la musique classique. Par contre, dans l’interprétation, c’est autre chose. Je me considère comme un musicien jazz et je connais les styles, comme le charleston. En identifiant ces styles, je peux me permettre de jouer avec la rythmique. Et surtout, je sais quoi faire pour ne pas que ça devienne kitsch! Ça, certains pianistes classiques qui ne sont pas très familiers avec le jazz ont de la difficulté avec cette dimension."
Une polyvalence qui classe le pianiste dans une catégorie à part. Du classique au jazz, le compositeur a enregistré dernièrement un disque de Noël, In the Swing of Christmas, avec le chanteur Barry Manilow, qui a réquisitionné les services de son trio MaD Fusion. Une carrière qu’il n’aurait jamais imaginée ainsi en sortant de la Julliard et qu’il justifie par des concours de circonstances accidentelles. À titre d’exemple, cette rencontre avec l’interprète Lara Fabian. "J’ai été approché par Rick Allison (ex-gérant de la chanteuse) dans un bar à Montréal où j’allais jouer quelques fois, se rappelle-t-il. Un contact qui s’est conclu avec une commande et la composition d’une rhapsodie pour piano solo qui résume l’ensemble des thèmes de l’album Nue. J’ai eu carte blanche pour une composition de 17 minutes! Sur un album pop! Elle a adoré et elle m’a proposé de faire des chansons avec elle, ce que je n’avais jamais fait auparavant. Ce qui compte dans ces collaborations, c’est que les idées s’expriment bien de la part de l’interprète. C’est là qu’on reconnaît un musicien. Que l’on aime ou que l’on n’aime pas, avec Lara Fabian et Barry Manilow, les idées sont claires et bien structurées. On ne peut pas nier qu’ils sont des spécialistes de la chanson pop."
Le 5 février à 20h
Au Palais Montcalm
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À écouter si vous aimez /
André Prévin, Uri Caine, Brad Mehldau