The Mars Volta : L'exorcisme
Musique

The Mars Volta : L’exorcisme

The Mars Volta s’est souvent inspiré de faits vécus pour écrire ses albums. Son quatrième disque a trouvé sa source dans un jeu de Ouija.

De-Loused in the Comatorium (2003) et Frances the Mute (2005) sont tous deux dédiés a des amis décédés. Pour The Bedlam in Goliath, le groupe mené par le guitariste-réalisateur Omar Rodriguez-Lopez et le parolier-chanteur Cedric Bixler-Zavala s’est plutôt inspiré d’un fait vécu à saveur surnaturelle.

Lors d’un voyage à Jérusalem, Omar offre à Cedric un jeu de Ouija acheté dans une petite boutique d’objets étranges. De retour aux États-Unis, The Mars Volta entreprend une tournée avec les Red Hot Chili Peppers et après chaque spectacle, Omar et Cedric jouent au Ouija, qu’ils surnomment The Soothsayer. Au fil des parties, The Soothsayer raconte l’histoire tragique d’un triangle amoureux et formule des requêtes, que le duo ignore. C’est à partir de ce moment-là que des événements difficiles à expliquer surviennent, notamment le départ du batteur Jon Theodore (remplacé par plusieurs autres batteurs). Cedric se blesse au pied, le studio d’Omar à New York est inondé, des bandes sonores disparaissent, bref, ça va mal. Cedric et Omar, qui viennent d’entreprendre l’écriture de leur quatrième disque, se demandent s’il verra jamais le jour.

Pour contrer le mauvais sort, Cedric enterre The Soothsayer dans un endroit que lui seul connaît, et avec Omar, il s’inspire de ce qui s’est passé pour composer The Bedlam in Goliath. Hum. Est-ce bien vrai, tout ça? "Oui. Le scepticisme des gens ne me dérange pas du tout, au contraire, dit-il. La candeur du public permet d’équilibrer le mauvais sort qui s’est acharné sur nous", explique tranquillement Cedric, rencontré au début janvier dans un hôtel de Montréal. "Durant l’écriture de l’album, personne dans le groupe, excepté Omar et moi, n’était au courant de l’existence du Soothsayer, et pourtant, on en parlait constamment. Tout le monde a son opinion au sujet du Ouija, qu’il s’agisse de légendes ou de préjugés. Cela dit, quand on jouait, il m’est arrivé de noter des phrases qui se trouvent sur l’album, des phrases auxquelles je n’aurais jamais pensé", jure Cedric.

Il ajoute qu’il ne lui serait jamais venu à l’idée d’inventer une histoire semblable pour faire mousser les ventes de The Bedlam in Goliath: "Ce n’est pas le genre de choses qu’on aborde à la légère. Dans certaines cultures, plus particulièrement dans les sociétés latines, le Ouija est considéré très sérieusement", raconte le chanteur.

Hormis tous les écueils que The Mars Volta a rencontrés durant l’enregistrement de The Bedlam in Goliath, Cedric affirme que la création de l’album s’est, comme pour les précédents, apparentée à la réalisation d’un film: "Les scènes d’un film ne sont pas tournées dans l’ordre. On fonctionne de la même façon quand on enregistre. Chaque musicien enregistre ses mélodies sans entendre celles des autres, car Omar aime capter les premières réactions, qui lui semblent plus honnêtes ainsi", explique Cedric. Une façon de faire inhabituelle de la part d’une formation qui ne cherche pas à plaire au grand public: "À l’école, je n’étais pas là pour me faire des amis, mais pour montrer mon individualité. Je me fous de l’opinion des gens. L’important pour moi, c’est de provoquer une réaction, qu’elle soit positive ou négative."

The Mars Volta
The Bedlam in Goliath
(Universal)

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The Locust, Melt Banana, The Blood Brothers