Vincent Vallières : Langue fatale
Musique

Vincent Vallières : Langue fatale

"C’est une langue belle, avec des mots superbes" – qui construisent des textes qu’il sera enfin bon d’entendre… Le festival Les Mots Dits s’affaire à cette tâche. Entrevue avec Vincent Vallières, invité à prendre part aux festivités.

Il y a ceux qui s’approprient la langue et se découvrent en elle. Ils se jouent d’elle pour mieux la faire parler, la détournant plus que sept fois lorsque vient le temps de la faire entendre. Et il y a ceux de qui la langue s’approprie, les happant par sympathie, les transformant un peu malgré eux en véritables porte-étendards. L’un comme l’autre sont séduits par ce que notre langue a de fatal.

Vincent Vallières n’était pas vendu d’avance à sa langue maternelle. Comme beaucoup parmi ceux de sa génération qui ont commencé à gratter la guitare dans les années 90, il a d’abord reluqué de l’autre côté de la barrière, signant ses premiers textes dans la langue de nos voisins. Parce que ça semblait plus facile. Parce que ça semblait plus beau. À l’époque, le mythe selon lequel rien ne se faisait de bon en français était difficile à ébranler.

Pour Vallières, ce sont des artistes comme Jean Leloup et Daniel Bélanger qui ont alors changé la donne. Ils suscitèrent chez lui un intérêt nouveau pour la chanson d’expression française, ce qui le mena à se familiariser avec le répertoire musical québécois des années 70. Ainsi, la langue aura eu raison de ses appréhensions. "C’est comme ça que j’ai su que je pouvais écrire en français. Que c’est ce que je DEVAIS faire."

C’est même par intérêt pour la langue qu’il aura fait son baccalauréat en enseignement du français au secondaire. Il avoue n’avoir jamais véritablement souhaité enseigner: "J’ai fait mon cégep en littérature, et je voulais continuer d’avoir des cours en histoire et en français. Après mon bac, j’ai fait de la suppléance un peu, mais je ne peux pas dire que j’ai véritablement enseigné."

PAROLES ET MUSIQUE

Peut-être est-ce parce que le texte demande trop d’effort? Très souvent, dans la nouvelle garde de la chanson, il s’éclipse derrière la musique, devenant un élément parmi d’autres. Comme si certains chanteurs cherchaient à se dissocier d’une histoire musicale pourtant criblée de chansonniers et de chansons à texte. Ce n’est pas le cas de Vincent Vallières, qui pense que la musique doit porter le texte, le supporter, lui donner des ailes. Il était donc tout indiqué de l’inviter pour un festival comme Les Mots Dits, qui justement s’est donné pour mission de valoriser les artistes dont la démarche place le texte au premier plan, que ce soit en musique, en théâtre ou en humour.

Cet amour pour la langue et pour le texte lui aura même valu une collaboration pour le moins inattendue. Alors que ses textes de chansons se situent dans un registre de langue familier, on lui a confié, en 2007, la création du texte de la 14e édition de la Dictée des Amériques, faisant de lui le plus jeune auteur à avoir mis sa plume au profit de ce monument de la langue.

S’il dit avoir été surpris qu’on lui propose de prendre part à une telle aventure, il semble avoir beaucoup apprécié le défi. "J’ai beaucoup aimé travailler avec les linguistes. Quand on écrit la dictée, il y a des mots qu’on ne peut plus utiliser parce qu’ils ont déjà servi dans les éditions précédentes. Et surtout, ce n’était pas comme les textes que j’écris d’habitude. Il ne fallait absolument pas qu’il y ait d’ambiguïté." Vallières cultiverait-il l’ambiguïté dans les sillons de ses textes? "Je ne pense pas. Mais il y a des mots comme ça qui laissent la porte ouverte à plusieurs sens. C’est ÇA, la poésie."

Pour le spectacle qu’il présentera dans le cadre du festival Les Mots Dits, Vincent Vallières sera accompagné d’un trio de musiciens (André Papanicolaou, Simon Blouin et Michel-Olivier Gass). Il entamera toutefois prochainement une nouvelle tournée en solo, qui devrait d’ailleurs le ramener au Côté-Cour l’automne prochain. Il attend d’ailleurs avec une certaine sérénité le moment de prendre la route seul, ce qui sera pour lui "une bonne façon de créer l’atmosphère idéale pour écrire de nouvelles chansons…"

Dans le cadre des Mots Dits
Le 7 février
À la Tourelle du collège d’Alma

Aussi le 8 février
Au Côté-Cour
Voir calendrier Rock/Pop

À écouter si vous aimez /
Plume Latraverse, Richard Séguin, Richard Desjardins

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Programmation du festival Les Mots Dits
Du 6 au 11 février

D’Alaska (théâtre)
À l’auditorium d’Alma
Le 6 février

Boucar Diouf (humour)
À l’auditorium d’Alma
Le 8 février

Stefie Shock (musique)
À l’auditorium d’Alma
Le 9 février

En attendant l’dégât d’eau (théâtre)
À la Tourelle du collège d’Alma
Le 10 février

Pour plus d’informations: www.auditoriumalma.net